Micro crédit ou micro-finance, nous en avions parlé vendredi dernier. C'est autour de ce vocable que l'Association tunisienne des grandes écoles 'ATUGE'' avait organisé une rencontre avec des représentants de plusieurs institutions bancaires et autres associations de la place de Tunis. Il faut tout d'abord rappeler que l'année 2005 avait été décrétée 'année de la micro-finance dans le monde''. Si nous revenons sur cette question, c'est parce que, en Tunisie, en Afrique subsaharienne ou ailleurs dans les pays dits du tiers monde, le concept fait recette et rencontre un franc succès. Mais alors pourquoi ? Les raisons de ce succès sont nombreuses, mais il nous semble que deux sont plus évidentes : la première, c'est que la pauvreté est de plus en plus criante, et ce malgré la croissance économique de certains pays. La seconde, intimement liée à la première, c'est que les institutions financières classiques n'ont pas permis aux larges couches sociales d'accéder à leurs systèmes de crédit. Lors de cette rencontre de l'ATUGE, enda inter-arabe était représentée par M. Michael Philip Cracknell. A rappeler au passage que enda inter-arabe est une ONG internationale de développement à but non lucratif, membre de la famille ENDA Tiers-Monde, basée à Dakar, au Sénégal, et présente dans 21 pays à travers le monde. D'après la présentation faite par M. Cracknell, enda inter-arabe (créée en 1990) propose des services de micro-crédit depuis 1995, tout en ayant su développer son activité et assurer sa pérennité grâce à l'application des «bonnes pratiques». Pour s'en rendre compte de la popularité de cette ONG en Tunisie, il suffit d'aller à la cité Ettadham, où l'objectif 'lutter contre la pauvreté et l'exclusion par l'accès au crédit et l'appui à la microentreprise'' n'est pas un vain mot. D'ailleurs, comme le souligne une note de l'ONG, 'l'action d'enda inter-arabe s'inscrit dans la stratégie de développement de la Tunisie visant la réduction de la pauvreté, l'amélioration du niveau de vie des populations par l'appui à la micro-entreprise et la création d'emplois ). Cette tâche elle l'assure d'autant plus qu'elle est convaincue que la femme joue un rôle éminent dans le développement. C'est pourquoi elle donne la priorité aux femmes qui, selon enda, 'contribuent au développement économique et l'épanouissement de la famille, un objectif prioritaire en Tunisie''. Pour ce faire, enda inter-arabe intervient selon une approche intégrée en offrant à ses clients des services financiers et des services d'accompagnement (formations, conseils ). Avec un personnel permanent de plus de 160 personnes, enda opère actuellement à partir de 22 agences dans les quartiers populaires du Grand Tunis, Gafsa, Sousse, Kairouan, de Kasserine, Sidi Bouzid, Jendouba, Gabès et Sfax. Pour ce qui est des chiffres, ceux-ci parlent d'eux-mêmes, car, jusqu'au 28 février dernier, les réalisations d'enda sont les suivantes : - 121.000 prêts accordés, - 40.000 micro-entrepreneurs (dont 86% de femmes) ont obtenu au moins 1 prêt, - la valeur cumulée des prêts s'élève à près de 51 millions de dinars, - le taux de remboursement dépasse les 99%, - 26.000 micro-entrepreneurs ont un prêt en cours avec enda. Même si l'ONG se défend d'être concurrente du système bancaire et financier classique, ces chiffres soulignent de façon évidente que le système bancaire classique a laissé beaucoup de monde au bord de la route. Toutefois, les critiques ne manquent pas à l'égard d'enda en Tunisie et ailleurs. En effet, le patronat tunisien reprocherait à cette ONG de financer l'économie parallèle en accordant des crédits non destinés à la production de biens qui inonderaient le marché. Cela est-il vrai ? C'est fort possible, puisque le représentant d'enda n'a pas complètement nié cette affirmation. Mais pour les bénéficiaires, il ne fait aucun doute que l'action de l'ONG constitue une véritable bouffée d'oxygène.