Les industries chimiques tunisiennes connaissent, ces derniers temps, une forte dynamique. Deux indices révélateurs : des sociétés locales entament avec succès un déploiement à l'extérieur tandis que des entreprises étrangères commencent à s'intéresser au secteur et à s'implanter dans le pays. Voici la saga d'une dynamique qui, peut-être, ne fait que commencer. La palme d'or revient incontestablement à la société «Alkimia». Cette société spécialisée dans la production et la commercialisation du Tripolyphosphate de sodium (STTP), ingrédient clé utilisé dans la fabrication des produits d'entretien, s'est particulièrement distinguée, en 2006, par deux délocalisations. La première a consisté en le rachat de 51% du capital de l'usine de STTP algérienne, kimial, localisée à Annaba. Alkimia avait proposé, alors, un plan d'investissement réalisable en trois ans. Le montant de l'investissement s'élève à 12 millions de dollars destinés en partie à mettre à niveau Kimial et à renouveler son équipement obsolète. En 2007, Alkimia récidive. Elle a conclu un contrat avec le groupe saoudien d'investissement «Al Zamel Group». En vertu de cet accord, une usine de STTP, d'une capacité de 50 mille tonnes, sera construite en Arabie Saoudite. La société des Industries Chimiques du fluor (ICF) s'est distinguée à son tour par un ambitieux plan de déploiement à l'extérieur. Elle a conclu un contrat avec le groupe saoudien Al Zamel Group pour la construction d'une usine de fluoride en Arabie Saoudite. De plus, la société se propose de poursuivre ce déploiement à l'extérieur avec une éventuelle prise de participation dans une société de production du «Spat Fluor» implantée en Afrique du Sud. Alkimia et les ICF ne comptent pas s'arrêter là. Leur internationalisation est confortée par l'accroissement des besoins en STTP et de fluorure dans le monde. Les deux sociétés prévoient d'importantes augmentations de leur capacité de production et l'exploration de nouveaux gisements de production. Alkimia compte prospecter le gisement "Sabkhet om lakhyalet" (Tataouine) pour la production de sulfate de sodium, produit de substitution utilisé également dans la fabrication de détergents. Quant à la société des ICF, elle peaufine son dossier de valorisation de l'anhydrite (déchet solide) avec l'anged et les cimenteries de la région de Gabès. Par delà ces performances et stratégies de développement d'entreprises locales, des sociétés étrangères commencent à manifester de l'intérêt pour l'industrie chimique tunisienne. Des groupes chimiques indiens s'apprêtent à créer deux usines. Les travaux de réalisation d'une première usine sont déjà engagés. Les sociétés indiennes Gfcl et Gsfc se sont associées avec le groupe chimique tunisien et la compagnie des phosphates de Gafsa (Tunisie) pour créer à Skhira (Sud de Sfax), une usine d'acide phosphorique. D'une capacité de production de 360.000 tonnes d'acide phosphorique, la nouvelle joint-venture sera réalisée avec des investissements de 250 millions de dinars et sera dotée d'un capital social de 90 millions de dinars détenu à hauteur de 70% par la partie tunisienne et le reste par les sociétés indiennes. La deuxième usine, qui sera spécialisée dans la fabrication de polyéthylène fait l'objet d'ultimes négociations entre le groupe d'investissement indien Alliance et des partenaires tunisiens. Pour mémoire, le groupe français Roullier, spécialisé dans l'agrochimie (fertilisation, fabrication et commercialisation d'engrais) dispose, depuis 2003, d'un site à Gabès. Dédiée à la production de phosphates monocalciques, cette première usine du Groupe sur le continent africain a permis au groupe Roullier d'être plus présent sur les marchés du Bassin méditerranéen. L'usine a une capacité de production annuelle supérieure à 120.000 tonnes. Bien avant le groupe français, les Chinois s'étaient intéressés aux industries chimiques tunisiennes. Depuis les années 80 déjà, une usine mixte tunsio-chinoise a été créée, en Chine, avec des capitaux koweitiens. Cette usine est spécialisée dans la production d'engrais et est approvisionnée par la Tunisie en acide phosphorique. Mieux, la Chine participe actuellement à la réalisation d'une autre grande usine à Gabès.