Au moment où l'Arab Tunisian Bank avait annoncé l'organisation du concours ATB-Challenge visant à récompenser les jeunes talents porteurs de projets novateurs et originaux, on avait fortement applaudi. Une pareille initiative n'existait pas chez nous et aussi bien les jeunes que les entreprises (et par ricochet les banques) en avaient bien besoin. Seulement voilà, à l'annonce des résultats de ce concours (le 22 mars), force est pour nous de constater la déception des jeunes participants. Le concours devait récompenser les projets en rapport avec l'«art & culture numérique», «sciences & technologies», et le «management technologique & initiative entrepreunariale» Il se trouve que seule la première catégorie a été récompensée (avec deux lauréats qui se sont partagés le prix). Le président du jury a expliqué cette décision par «le souci du jury de veiller scrupuleusement au respect des clauses générales du concours et, d'autre part, aux exigences de qualité requises par ATB-Challenge. Un souci qui se justifie par le fait qu'il s'agit d'encourager les jeunes qui sont porteurs de projets véritablement crédibles et susceptibles de les valoriser voire de constituer des projets de vie professionnelle lorsqu'il s'agit d'un projet d'entreprise». Si on ne peut pas contester les décisions du jury de primer selon les critères qu'elle a jugé utile d'adopter, il est bon néanmoins de relever certaines interrogations ou constats qui nous semblent importants. 1- Le concours se voulait une opération d'encouragement pour les jeunes, or, il nous semble que c'est le résultat inverse qui a été observé lors de la cérémonie de remise des prix. 2- Les exigences du concours prenaient-elles en considération le fait que les participants ne sont que des étudiants qui n'ont pas encore démarré dans le milieu professionnel et que, dès lors, on ne peut leur demander d'être des pros de la créativité à l'instar des chefs d'entreprise ou des promoteurs de projets ? 3- Les membres du jury ont leur critère de sélection. Ces critères ont-ils été communiqués aux participants ? 4- A-t-on pensé au fait que les étudiants ont eu à peine quelques semaines pour préparer et boucler un projet qui, de par sa nature, exigeait nettement plus de temps ? 5- A-t-on pris en considération que ce manque de temps, causé par les délais très limites imposés par cette première édition, pouvait influencer la qualité des projets et que, de là, il fallait, peut-être, placer la barre à un niveau un peu moins élevée ? 6- Ces jeunes, déçus, vont-ils aller encore plus de l'avant ou bien vont-ils lâcher prise car ils vont considérer que l'organisateur ne met pas les moyens nécessaires (temporels au moins) pour la préparation de ce projet ? 7- On aurait aimé que les travaux primés dans la catégorie «art & culture numérique» soient présentés lors de la cérémonie. 8- A-t-on oublié que les jeunes, durant ces deux mois, ne pouvaient pas s'y consacrer totalement, puisqu'ils sont étudiants et que leurs engagements vis-à-vis de leurs études et de leurs professeurs priment? 9- On a admis que l'ATB Challenge n'a pas donné suffisamment de temps aux candidats pour préparer leurs projets. L'année prochaine, d'ailleurs, ce délai sera amené à 8 mois. Mais pourquoi cette contrainte, propre à cette première édition, doit-elle être payée par ces jeunes participants ? Autant de questions critiques (que l'on pense constructives) qui méritent des éclaircissements de la part d'ATB-Challenge, qui doit être félicitée pour l'initiative mais qui devrait cependant fournir des éclaircissements à ceux-là même qui l'ont félicitée et encouragée en croyant à cette initiative, en y participant ou en écrivant dessus. En clair, on ne conteste pas, mais on s'interroge et on aimerait obtenir davantage d'explications.
R.B.H. - Site web : www.atbchallenge.com
- Le jury de « ATB Challenge 2006 » est composé de : - Mr. Hachemi Alaya : Président - Mr. Mohamed Salah Ben Aissa: Professeur de Droit, Doyen de faculté. - Mme. Salwa Smaoui: PDG Microsoft Tunisie - Mme. Rym Fayez: Professeur d'informatique - Mme. Khédija Mhadhbi : Artiste photographe au Canada - Mr. Abdelhay Chouikha : Professeur de Finance - Mr. Ali Louati: Ecrivain - Mr. Nja Mahdaoui: Artiste peintre - Mr. Mohamed Ali Essâadi: Artiste photographe - Mr. Mongi Zidi: Informaticien, PDG Archimed-France - Mr. Nawfel Daghfous: Professeur à l'UQAM- Canada