Les Journées d'Economie Financière de l'ATUGE Tunisie sur le thème on ne peut plus d'actualité de ' La crédibilité : performance financière Politique monétaire'', auront lieu les 28 et 29 avril 2006 à Mahdia, auxquelles prendront part de chercheurs et de professionnels venus de Tunisie, d'Algérie, d'Arabie Saoudite, d'Espagne, du Canada et de France. La tenue de ces journées fait suite aux recommandations de la table ronde organisée lors du forum ATUGE 2005 portant sur la dynamisation du marché financier, notamment celle concernant l'assouplissement des conditions d'investissement des étrangers en portefeuille'', rappelle M. Hassan Zargouni, le président de l'ATUGE Tunisie. Tout en rappelant que 'la place de Tunis attire actuellement de plus en plus d'investisseurs étrangers notamment moyen-orientaux'', il considère cependant que 'la globalisation des marchés de capitaux pourrait bouleverser les équilibres traditionnels entre entreprises, auditeurs, investisseurs et autorités monétaires'', et ce à quatre niveaux. Primo, 'au niveau de l'entreprise, une grande partie de l'activité des marchés de capitaux repose sur la fiabilité des données financières, donc du financement de l'économie'', rappelle-t-il. Secundo, 'sur le plan national, la déréglementation financière et la globalisation des mouvements de capitaux pourrait exercer une influence importante sur la conduite des politiques économiques. Elles modifient sensiblement le comportement des autorités monétaires, en les poussant vers plus de crédibilité. Face à des marchés de plus en plus exigeants en matière de rigueur monétaire, la crédibilité des autorités monétaires s'impose comme une condition primordiale de stabilité macroéconomique. L'absence d'intervention préventive peut crée des phénomènes d'aléa moral et contribuer à faciliter la formation des bulles''. De là, M. Zargouni estime que 'l'enjeu de l'information monétaire et financière sort ainsi du cercle étroit des spécialistes pour devenir d'intérêt public ''. Ce qui veut dire que lors de ces journées, nombre d'interrogations seront posées à ce sujet, notamment le débat public/privé. Tertio, au niveau microéconomique. Sur cet aspect, le président de l'ATUGE pose une série de questions à la fois pertinentes et cruciales qui devraient faire réfléchir plus d'un : Avec la globalisation des marchés, allonsnous vers la standardisation des modes d'évaluation, normalisation qui risque de n'être bénéfique que pour les grandes entreprises ? Les informations que les entreprises divulguent aux acteurs extérieurs sont-elles suffisamment précises et transparentes ? La situation d'oligopole dans laquelle se trouvent à la fois les cabinets d'audit (seulement quatre grands mondiaux) et les agences de rating (deux, voire trois, seulement dans le monde) est-elle judicieuse et soutenable ? Sera-t-il possible de continuer la mise en valeur des performances financières et boursières de l'entreprise tout en éludant la dimension éthique ? Ne faut-il pas intégrer dans cette valorisation les données justifiant l'utilité sociale et économique de l'entreprise ? Quarto, au niveau macroéconomique, M. Zargouni n'en fait pas moins, puisque là aussi il continue sa série d'interrogations :
- Comment peut-on mesurer la crédibilité d'une autorité monétaire dans un environnement de plus en plus stochastique ? - Quelle est la crédibilité des politiques monétaires pratiquées dans les pays en développement ? - Peut-on continuer à parler de crédibilité monétaire lorsque la stabilité des prix rime avec l'instabilité financière ? - L'indépendance des Banques centrales a-t-elle un sens lorsque l'autorité monétaire se démarque du pouvoir politique et marginalise les objectifs de croissance et d'emploi, alors qu'elle concentre l'essentiel de sa stratégie monétaire pour satisfaire les marchés de capitaux étrangers ? - Quel bilan en terme de crédibilité monétaire peut-on tirer de l'expérience de la BCE dans un espace européen fragmenté par la diversité des situations conjoncturelles, la disparité des débats nationaux et surtout la diversité des canaux de transmission de sa politique ?
Par ailleurs, toujours au programme de ces journées, l'ATUGE nous propose, en guise de clôture, une conférence en session plénière qui sera donnée par M. Michel AGLIETTA (Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales, Paris) et une séance de grand débat sur la performance bancaire à l'heure du ratio prudentiel Mc Donough : 'Entre impératifs du marché et exigences prudentielles de Bâle II". Belles empoignades en perspective.