Bizerte jouera désormais dans la cour des grandes métropoles méditerranéennes en matière de plaisance. Cette grande ville du nord va être dotée d'un port de plaisance de 1.000 nuds, c'est-à-dire un port de la même dimension que ceux érigés sur la rive nord de la Méditerranée. Les travaux de réalisation de ce projet, selon la technique de concession, démarreront en septembre prochain. Un appel d'offres sera lancé incessamment pour sélectionner l'entrepreneur.
Baptisé "CAP 3000", ce projet, dont la réalisation durera deux années environ, mobilisera des investissements de l'ordre de 160,8 millions de dinars tunisiens.
Les travaux à accomplir consisteront à agrandir le bassin du port, à renforcer la capacité de raccordement pour atteindre un millier de nuds et à lifter les espaces limitrophes du port (vieux port et Médina...).
Il s'agit, surtout, de créer un hôtel de luxe de 7 étages et de créer un musée océanographique.
Ce port, composante d'une stratégie visant à développer, tout le long du littoral du pays, les activités de plaisance et de croisière.
Deux facteurs militent en faveur du développement de cette activité en Tunisie. Il y a d'abord le surbooking que connaissent les ports de plaisance au bassin nord de la Méditerranée. Les plaisanciers sont obligés de patienter des semaines et des mois pour avoir un anneau.
Vient ensuite l'expansion que connaît l'industrie navale, particulièrement, la filière de construction de bateaux de plaisance. Forts d'un pouvoir d'achat très élevé, les plaisanciers sont de plus en plus nombreux enclins à acquérir leurs propres yachts et voiliers, synonymes d'évasion et de liberté. Enfin, la disponibilité en Tunisie d'une infrastructure hôtelière de qualité et d'un patrimoine archéologique séculaire.
Une étude de marché, élaborée à cette fin, avec le concours de la Société de Services et de Conseil en environnement marin et océanographique, Créocéan et le Port Autonome de Marseille et la Société Tunisienne Somete (ingénierie bâtiment et génie civil), montre tout l'intérêt pour la Tunisie d'explorer et de valoriser cette niche porteuse. L'objectif est quadruple. Il s'agit de valoriser un littoral de 1.300 km, de diversifier le produit touristique national axé jusqu'ici sur le balnéaire, de renforcer la part de la Tunisie dans ce marché et d'attirer une clientèle «haut de gamme» réputée pour être dépensière.
Les enjeux économiques de cette activité sont énormes. L'étude chiffre à 16 millions de dinars par an les recettes que la Tunisie peut en tirer à travers l'accroissement du chiffre d'affaires des ports de plaisance tunisiens, les services générés par cette activité et les dépenses locales des plaisanciers étrangers.
Quant aux impacts financiers globaux, l'étude les chiffre à 200 millions de dinars qui pourraient être générés par la location, les acquisitions immobilières, la gestion des ports, les services nautiques.
Au plan social, le nombre d'emplois que l'activité de plaisance pourrait générer est estimé à environ 15.000 sur dix ans. Actuellement, l'activité de plaisance est très peu développée en Tunisie. Elle ne représente que 0,7% de la capacité d'accueil en Méditerranée. Sur un total de 270 mille bateaux de plaisance qui sillonnent les mers et océans, chaque année, à travers le monde, la Tunisie n'en accueille que 1%, l'équivalent de 2.500 bateaux par an.
Autre faiblesse relevée par l'étude : le ratio d'équipement est des plus faibles de la région (0,25 bateau pour 1.000 habitants). Le pays dispose, aujourd'hui, de huit ports de plaisance dont six opérationnels et deux en cours de réalisation. La capacité globale de ces ports est de 2.100 anneaux environ. Les principales stations touristiques, celles qui sont les plus huppées, ont au moins une marina. La Tunisie compte des ports de plaisance à El Kantaoui (300 anneaux), à Monastir (400 anneaux), à Sidi Bou Saïd (380), à Tabarka (100 anneaux), Bizerte (170 anneaux) et Yasmine Hammamet (750 anneaux).