Les héritiers de feu Ali Mheni n'ayant pas pu se mettre d'accord sur le partage de l'héritage, c'est la justice qui va le faire à leur place. Le long et douloureux feuilleton de la «guerre civile» au sein de la famille Ali Mheni va finalement prendre fin. En effet, la justice vient de se saisir de ce dossier pour faire ce que les héritiers ont jusqu'ici été incapables de faire : répartir l'héritage. Cette tâche délicate a été confiée à l'expert-comptable Salah Dhibi. L'héritage à répartir est colossal. Le groupe Mheni -qui ne s'est pratiquement plus développé depuis le décès du fondateur, il y a près de vingt ans- compte une bonne vingtaine d'entreprises opérant essentiellement dans les secteurs des matériaux de construction, du bâtiment et de l'hôtellerie. Le litige autour de la répartition de cet héritage a éclaté peu de temps après le décès de feu Ali Mheni. Depuis, l'histoire du groupe Mheni n'a été qu'une longue succession de procès et de renversement de conseils d'administrations entre les deux clans de la famille Mheni qui se disputent le contrôle de cet empire. En 2005 seulement, il y a eu au moins cinq procès et autant de jugements. Le dernier en date remonte à novembre 2005, et a vu le tribunal de 1ère instance de Sousse décider d'infirmer «la décision du juge du registre du commerce objet de l'opposition et d'ordonner de nouveau l'inscription du procès verbal de l'assemblée générale réunie le 4 septembre 2005, ainsi que le procès verbal du conseil d'administration qui a décidé la nomination de Mme Alia Mellouli née Mheni en qualité de président du conseil d'administration et Mme Faouzia Driss née Mheni en qualité de directeur général» de la Société Hôtelière et Touristique M'henni (SOHOTOMI). Deux mois plus tôt, ce même tandem, composé de Mesdames Alia Mellouli née Mheni et Faouzia Driss née Mheni, avait en effet tenu une assemblée générale de cette société et décidé «la révocation de l'ensemble du conseil d'administration composé de MM. Mohamed Raouf Mheni et Bouraoui Mheni, de Mme Zeineb Ghachem veuve Ali Mheni et de la société Entreprises Ali Mheni (EAM). Cette assemblée générale et le jugement qui l'a suivi venaient en réaction à un autre jugement en date du 2 juillet 2005 et dans lequel le même tribunal de 1ère instance de Sousse a rendu un jugement en référé dans lequel il stipule que «la défenderesse cesse de gérer les structures, l'administration et les biens de la Société Hôtelière et Touristique M'henni (SOHOTOMI)» et lui ordonne «de remettre tout ce qui concerne cette société, documents, services quels que soient leur nature et tout ce qui a un rapport avec sa gestion, au demandeur Mohamed Raouf Mheni en tant que représentant légal». En juin 2005, le clan de la famille dirigé par M. Mohamed Raouf Mheni avait porté plainte devant la chambre commerciale du tribunal de 1ère instance de Sousse qui, après avoir statué «sur les oppositions contre les décisions du juge commis à la surveillance du registre de commerce» a «déclaré recevable l'opposition en la forme et sur le fond infirme la décision attaquée dans son volet négatif et ordonne de mentionner que la composition du conseil d'administration de la Société Hôtelière et Touristique Mheni (SOHOTOMI) est redevenue, telle qu'elle était avant la réunion de l'assemblée du 21 avril 2001». A cette date-là, le conseil d'administration était constitué de MM. Mohamed Raouf Mheni et Bouraoui Mheni, de Mme Zeineb Ghachem veuve Ali Mheni et de la société Entreprises Ali Mheni (EAM). L'expert-comptable Salah Dhibi devrait rendre son rapport avant la fin de l'été. Les décisions qu'il prendra concernant la répartition de l'héritage de feu Ali Mheni seront définitives et incontestables par les héritiers.