Webmanagercenter : Ces Journées de l'Entreprise vous paraissent-elles utiles ? Philipe de Fontaine Vive Curtaz : Absolument, il s'agit d'un moment rare et privilégié où les chefs d'Entreprise des différentes régions du Bassin méditerranéen peuvent se rencontrer, échanger des points de vue et s'exprimer librement sur leurs expériences entrepreneuriales respectives, au-delà des discours officiels et des contingences politiques. C'est aussi une occasion inespérée pour les décideurs économiques des deux rives de partager leur expertise, d'enclencher des processus intégrateurs, de saisir les opportunités de croissance, d'externalisation, en dépit de la crise financière, sujet actuellement à toutes les lectures et les pronostics. A mon avis, le pourtour méditerranéen est condamné à se développer dans la concertation ou à disparaître dans l'indifférence générale, d'où l'utilité de ce type de conclave, censé répondre à un enjeu de compétitivité planétaire. Quel sera le rôle de la BEI dans cette entreprise de réseautage des deux rives à travers l'UPM ? La Banque européenne d'investissement entend, bien entendu, appuyer à fond le projet d'Union Pour la Méditerranée en s'impliquant dans les grands chantiers, tel que la dépollution, les autoroutes de la mer, le développement durable, l'énergie solaire, décidés à l'issue de la dernière réunion à Marseille qui a aussi annoncé, à la fin de ses travaux, la mise en place d'un Secrétariat à Barcelone, chargé de suivre et de superviser les décisions prises lors de ce sommet. Pour nous, financiers occidentaux, cette mer historique est un levier de croissances potentielles, une nouvelle chance de redéploiement du tissu industriel du nord et un vivier de ressources humaines, susceptibles de revitaliser les échanges, de faire de la Méditerranée un nouveau dragon, une zone de flexibilité et de mobilité, à l'instar des jeunes loups de l'Asie. Comment comptez-vous concrétiser votre solidarité avec l'UPM ? La Banque européenne d'investissement a, d'ores et déjà, mis à la disposition des capitaines d'industrie de la région un plan de relance euro-méditerranéen à hauteur de 8,7 milliards d'euros afin d'inciter les différents agitateurs d'idées économiques de la zone de créer, en dépit des lenteurs des politiques étatiques, des additions de valeur ajoutée, des partenariats gagnant-gagnant, à l'image du couple franco-allemand dont les chefs d'entreprise se sont illustrés, à l'issue de la 2ème Guerre mondiale, dans l'élaboration d'une stratégie de convergence d'intérêts. Notre engagement est donc irréversible dans la logique «qualité-délai-prix-créativité», ce qui doit pousser les pays de la façade sud à cibler des créneaux précis, à consolider les positions acquises et à homogénéiser leur pouvoir de négociation, lors des tractations économiques régionales ou internationales.