L'objectif est de doter l'économie du pays d'une nouvelle image-identité qui satisfait, en priorité la communauté nationale, et dans une seconde mesure les bailleurs de fonds et les partenaires commerciaux de la Tunisie. Le mot d'ordre, après 53 ans d'indépendance, est, désormais, de faire profiter les Tunisiens des richesses que leur économie crée. Pour mieux comprendre l'urgence d'une réflexion stratégique sur les moyens de consacrer cette mutation qualitative et immunisante, il n'est jamais inutile de rappeler les moments forts par lesquels est passée l'économie nationale. Une économie au bord de la banqueroute (1980-87) La période 1980-1987 s'est distinguée par l'absence de visibilité socioéconomique. L'Etat a accordé la priorité aux volets Education Culture. C'était le moins qu'on puisse dire, la décennie perdue. La consommation a cru artificiellement, l'épargne et l'investissement ont reculé. Le chômage a augmenté. Cette situation s'est encore aggravée avec la baisse du cours mondial du pétrole et la fluctuation du dollar, principale monnaie d'endettement et d'investissement à l'époque. La balance des paiements connaît son deuxième déficit le plus grave de son histoire (-10,2%), le premier remontant à 1965-66. L'Etat tunisien n'avait d'autre choix que de dévaluer le dinar. Les réserves en devises ont baissé et le pays a dû emprunter auprès, entre autres, de ses partenaires (Fmi, Banque mondiale...) pour subvenir aux besoins du pays augurant la période d'ajustement structurel. Une économie en transition (1986-1995) La Tunisie a vécu, depuis l'adoption en 1986, du Plan d'ajustement de tendance libérale, un mouvement de réformes globales fondées sur l'interdépendance de l'économique et du social. Au plan économique, les réformes engagées ont pour objectif majeur de convertir une économie régulée en une économie largement libéralisée, ouverte et crédible. Le Programme d'ajustement structurel a permis, depuis son adoption, la libéralisation de l'économie du pays et son ouverture sur la concurrence internationale. Les réformes engagées sont globales, puisque tout en mettant l'accent sur les ajustements requis en matière de libéralisation d'ouverture et de recherche d'une plus grande efficience de l'économie, un effort est, en même temps, déployé sur les plans culturel, éducationnel, environnemental et surtout social pour créer les conditions d'une croissance durable et viable tout en renforçant la stabilité de la société. Bien qu'elle implique, très souvent, des arbitrages difficiles entre des préoccupations à court terme, et les impératifs à long terme, cette démarche a permis, jusqu'ici, de concilier au moins trois préoccupations majeures : la compétitivité, l'équilibre financier, et la diffusion du progrès social. Les résultats globaux des réformes d'ajustement peuvent être perçus à travers une amélioration de la productivité (un taux moyen de 2,3% par an), un accroissement des exportations (+9% par an), soit pratiquement le double de la croissance du PIB, et une contribution accrue de produits élaborées dans les exportations de biens et services de l'ordre de 75% en 1994 contre moins de 50% en 1986. D'un autre côté, la situation financière s'est considérablement améliorée, à la faveur d'une politique budgétaire rigoureuse, avec notamment : - la réduction du service de la dette extérieure 17,7% des exportations en 1994 contre 28% pc en 1986 ; - la maîtrise du déficit budgétaire (2,6% du PIB en 1994 contre 5,5% en 1986) ; - l'amélioration continue de l'épargne nationale : 23% en 1994 contre 16% en 1986 avec une inflation relativement maîtrisée, estimée en 1994 à 4,7%. Au plan social, quelques indicateurs méritent d'être cités : - la réduction de la pauvreté en termes monétaires, d'abord. - la population vivant en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de deux dollars par jour) a été ramenée de 22% en 1975 à 7% en 1994 et à 3,8% actuellement. Une plus grande couverture sociale (70% en 1994 contre 55% en 1986) et une amélioration des conditions de vie de la population : 86% des ménages tunisiens sont reliés au réseau électrique en 1994 contre 63% en 1984, 70% au réseau de distribution d'eau potable contre 49% en 1984.