«Nos économies sont complémentaires et la région renferme près de 3% des réserves mondiales en pétrole, 4% des réserves en gaz naturel et 50% des réserves prouvées en phosphates». C'est notre ministre du Développement et de la Coopération internationale, M. Mohamed Nouri Jouini, qui l'a rappelé, au cours d'un colloque organisé le 17 février par l'Union maghrébine des agriculteurs (UMAGRI) et l'Union maghrébine des employeurs (UME), à l'occasion du 20ème anniversaire de la fondation de l'UMA. Et pourtant Les responsables réunis pour l'occasion ont remis sur le tapis la question lancinante de «la complémentarité économique maghrébine». Rappelant que pas moins de 37 accords et conventions ont été signés, sans pour autant faire avancer significativement le (vieux) projet d'intégration -ne fusse qu'économique- maghrébine. Unifié, le marché commun de la région pèserait pourtant 90 millions de consommateurs. Un poids qui aurait pu être déterminant dans des négociations avec le principal partenaire des pays du Maghreb, l'Union européenne (UE) en général, et la France en particulier. 80% des échanges commerciaux des Etats de la région continuent d'être effectués avec l'UE. A titre de comparaison, le commerce intermaghrébin ne dépasse pas la barre des 3%. Les importations de la Tunisie, en provenance du Maghreb, sont estimées à 1,1%. Quant à nos exportations destinées aux pays de l'UMA, elles ne représenteraient que 1,9%. Nos frères maghrébins ne feront pourtant pas mieux. 0,7% des exportations algériennes sont destinées au Maroc et la Tunisie, et 0,8% de ses importations en proviennent. Le Royaume chérifien n'importe que 1,4% de ses produits d'Algérie et de Tunisie et ses exportations en leur direction ne «pèsent» que 1%. Concernant la nature de ces échanges, l'Union tunisienne de l'agriculture de la pêche (UTAP) affirme que près de 11% du total du commerce intermaghrébin sont constitués de produits agricoles (fruits, légumes, huiles, produits de la mer, conserves). M. Mabrouk Bahri, président de l'Union maghrébine des agriculteurs, a averti les pays l'UMA «sur le risque d'affronter en ordre dispersé les défis de l'insécurité alimentaire, du changement climatique, la rareté des ressources halieutiques et le manque d'eau». En somme, les sempiternels deux points de croissance en moins pour les pays de la région que nous coûterait le non-Maghreb ne sont pas près d'être grappillés. Même si, en ce qui concerne notre pays, ces fameux deux points en moins représenteraient la bagatelle de 20 000 emplois perdus chaque année. Un chiffre particulièrement significatif alors que la crise économique internationale menace d'assombrir l'horizon. Les Etats de l'UMA continuent pourtant d'avancer en ordre dispersé. Ce qui a rendu les propos du président de l'UTICA (Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat) et patron des patrons maghrébins, M. Hédi Djilani, particulièrement amer (voir http://www.webmanagercenter.com.tn/management/article.php?id=70732). Or, selon lui, la conjoncture économique internationale fait de l'accélération du processus de l'intégration maghrébine une urgence.