Les capitaines de l''industrie touristique de la Méditerranée devraient-ils être optimistes pour 2010 ? La réponse est 'oui'' si l'on suit le raisonnement du président-fondateur de la Mediterranean Travel Association (META), Etienne Pauchant, dans son éditorial qui paraît le 1er septembre 2009. Et ce pour deux raisons principales. Pour M. Pauchant, la première c'est que de nombreux experts (FED Philadelphie, Conference Board, OCDE CLI, ) estiment que la récession mondiale ne sera plus qu'un lointain souvenir dès le début septembre, et surtout 'le retour à une relative stabilité, avant une nouvelle croissance, attendue pour le quatrième trimestre''. D'autres ne sont pas en reste, car 'le FMI adoucit son diagnostic'', la Banque centrale européenne (BCE) voit plutôt gris, et les principales Bourses mondiales repartent à la hausse. Mais le président de la META ne confond bien évidemment pas fin de récession ou reprise de l'activité et création d'emplois nouveaux, 'bien que plusieurs indicateurs anticipent maintenant le début d'une baisse du taux de chômage, aux USA comme en Europe'', rappelle-t-il. Pour lui, une année sinon plus est nécessaire pour 'le retour à une croissance confirmée, avant qu'elle ne devienne significative et que l'on retrouve le taux de chômage de 2008 (7,5% dans la zone euro)''. Or c'est la crise sociale qui est à l'origine de la baisse importante du tourisme de loisirs en Méditerranée. De ce fait, M. Pauchant estime que ' la reprise économique devrait logiquement sonner celle du tourisme d'affaires, car il était vain d'imaginer que les réunions par internet suppléeraient longtemps à la rencontre directe entre des partenaires''. Par ailleurs, parlant des effets de la crise, le président de la META indique que plusieurs grands groupes touristiques ont été touchés annonçant 'des pertes très importantes au cours du premier semestre''. Et d'autres, petite taille ont tout simplement mis la clé sous le paillasson. Dans le même ordre d'idées, M. Pauchant lance des critiques à peine voilées à l'adresse du secteur bancaire : 'Des réseaux bancaires majeurs, qui s'étaient présentés jusqu'alors comme des spécialistes du tourisme, ont changé brutalement d'avis cet été, exigeant le remboursement à court terme des découverts et autres facilités préalablement acceptées, ce qui entraîne de grandes difficultés dans les petites et moyennes entreprises''. Et compte tenu du poids du secteur touristique dans leur économie, des pays comme 'l'Espagne, la Grèce et l'Italie'', (la Tunisie aussi, NDLR) n'ont pas hésité à mettre en place 'des fonds de soutien importants à disposition des hôteliers''. Cependant, là où l'analyse éditoriale du président de la META devient plus intéressante, c'est lorsqu'il parle des résultats des mois d'août et de juillet. D'abord, même si 'une baisse importante du volume d'activité 2009 se confirme'', par contre, 'le mois d'août aura été meilleur que le mois de juillet, en nombre d'arrivées, en Méditerranée''. Il reconnaît que la saison estivale a été, en partie, sauvée dans la rive nord de la Méditerranée grâce aux voyages domestiques qui ont compensé partiellement le manque de touristes internationaux. Quant aux marchés du sud et de l'est de la Mare Nostrum, ils ont profité des vacances «au pays» de leurs nationaux résidents à l'étranger, mais aussi d'un tourisme domestique qui est maintenant très visible en Turquie, en Tunisie et au Maroc, souligne M. Pauchant. Mais le fait saillant de la saison 'sera sans aucun doute la forte poussée d'un véritable tourisme international arabe en Méditerranée, qu'il soit d'origine moyen-oriental ou d'Afrique du Nord. Une dizaine de millions de touristes internationaux arabes ont préféré voyager cet été en Méditerranée, notamment en Turquie, au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Egypte, en Tunisie et au Maroc. C'est une excellente nouvelle pour 2010 et la Méditerranée toute entière'', conclut le président-fondateur de la Mediterranean Travel Association. Pour les autorités et professionnels du tourisme tunisien, il s'agit maintenant de faire une analyse approfondie de cette nouvelle tendance du tourisme dans la région de la Méditerranéenne, en tirer des conclusions qui s'imposent, mais surtout établir une nouvelle stratégie de l'offre touristique tunisienne. Ne surtout pas se tromper de cible.