Diable ! Rien que ça ! Sur le moment, on penserait à une blague. L'illustre intervenant, porte-parole de la Centrale patronale, métamorphosé en plaideur de la cause des fonctionnaires ! Mais comme le 1er avril est passé depuis longtemps, forcément il faut chercher ailleurs les raisons qui ont amené le patron des patrons tunisiens à lancer, à l'occasion de la 24ème édition des Journées de l'Entreprise 2009, organisée les 11 et 12 décembre 2009, à Port El Kantaoui, à Sousse, un appel à l'administration pour l'amélioration des niveaux de salaires de ses cadres, la révision urgente du maquis des rémunérations, la promotion de l'effort, de la curiosité et de la concurrence au sein de ses ressources humaines et la mise en place d'un vaste plan visant à fidéliser les compétences, de plus en plus tentées de rejoindre les rétributions mirobolantes du secteur privé. «Les entrepreneurs tunisiens ont besoin de services publics novateurs, intelligents, puissants et forts, capables d'intégrer les mutations internationales, d'anticiper les stratégies de repositionnement des rapports de production, de charrier le progrès, de renverser la tendance à l'alourdissement du coût du travail, de déverrouiller le potentiel de croissance des forces vives de la nation, de résister aux sirènes du népotisme, du clientélisme et de la corruption, d'entraîner et non pas de traîner», déclare M. Hédi Djilani, dans son discours, à la fin du 5ème Panel des Journées de l'Entreprise 2009, pour qui, chacun, dans une société de consommation, voit l'actualité par le petit bout de son porte-monnaie ou le gros trou de son épargne, car en bas de l'échelle, dit-il, nécessité fait loi et l'homme impécunieux, pour attirer l'argent, devient ingénieux !! Au fait, pour notre interlocuteur, le capitalisme tunisien, débarrassé des stigmates de l'affairisme, de la cupidité et de la prédation, doit prospérer en protégeant des pans entiers de l'espace public des lois du marché. Ce point est d'autant plus important que, autant le libéralisme est créateur de richesses à court terme, autant il risque, insiste-t-il, de devenir destructeur des valeurs sociales à long terme s'il n'est pas suffisamment encadré par les pouvoirs publics dont le rôle stratégique de «lanceur d'alertes», de guetteur, est de favoriser l'économie des talents, d'éloigner le haut fonctionnaire de l'esprit du gain et de la recherche du grand gain, grâce au renforcement, dans les statuts de l'administration, des notions du mérite, de l'émulation et de la redevabilité. La panacée, le partenariat public-privé Grâce aux dernières mesures étatiques, prises à la suite de l'effondrement de toute l'infrastructure du crédit hypothécaire en Occident et du tassement de la consommation dans l'espace européen, les opérateurs économiques du pays ont réussi, précise M. Djilani, à préserver 70.000 emplois en dépit de la baisse des exportations de 20%, tout au long de l'année 2008, à l'ombre de la crise financière internationale. Loin de tout conflit, la relation entre le secteur privé et la puissance publique, trempée dans le partenariat et la complémentarité, a permis, estime notre vis-à-vis, d'illustrer les chantiers qui recèlent des promesses d'avenir, d'améliorer, de booster les comptes de production des capitaines d'industrie et de passer à un système collaboratif de gouvernance, conformément aux intérêts supérieurs de la nation. A la fin de son intervention, il a exhorté les entrepreneurs tunisiens, ces créateurs d'emploi, de croissance et de richesses, ces bailleurs de fonds de l'Etat, à prendre à bras le corps la situation des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur dont l'intégration dans le circuit économique du pays est désormais un impératif social et politique. D'ailleurs, le taux d'encadrement général des entreprises se situe, actuellement, autour de 10%, alors qu'il devrait être à hauteur de 30%, rappelle M. Hédi Djilani, pour qui le temps est venu d'ouvrir le dossier du système universitaire, incapable de coller aux besoins du marché avec des filières sans issue, des liaisons rigides entre les établissements du supérieur et des diplômés en lettres et sciences humaines, pratiquement exclus du monde du travail. D'après notre intervenant, l'économie s'est mondialisée, la concurrence s'est internationalisée et exacerbée, les conditions de production ont fortement évolué, certains métiers ont muté, d'autres ont disparu, de nouveaux sont apparus L'avenir de la région, proclame le patron de l'UTICA, est dans l'émergence d'une entité politique et économique de 150 millions de maghrébins, un bassin de croissance, d'expansion et de développement, interlocuteur incontournable des autres pôles régionaux de la planète.