Pour accéder à un niveau supérieur de compétitivité et, partant, de rentabilité, l'industrie pharmaceutique tunisienne doit changer en profondeur, recommande en résumé le rapport stratégique sur ce secteur commandité par le Programme de Modernisation Industrielle (PMI) et réalisé par trois experts. Et cette transformation est de la responsabilité à la fois des opérateurs et des pouvoirs publics. Parmi les opérateurs, les industriels occupent une place à part. Une grande partie du chantier de la transformation de leur secteur leur incombe de ce fait. Les auteurs du rapport leur proposent ainsi d'agir sur la production augmenter les activités de façonnage de produits pharmaceutiques, développe les bio-similaires et favoriser la création de sociétés de services sous contrat-, la recherche augmenter les investissements en R&D-, l'organisation du secteur favoriser les fusions-acquisitions et les partenariats avec les producteurs de matières premières et entre public et privé, et dynamiser la Chambre nationale des industries pharmaceutiques-, et le contrôle créer un centre de pharmacovigilance. Autre opérateur important, les grossistes répartiteurs, trop nombreux, sont invités à se regrouper. Beaucoup plus importante, la part des pouvoirs publics dans ce vaste chantier touche de nombreux aspects. Ces autorités sont invitées, d'abord, à améliorer le système d'enregistrement des Médicaments, afin de renforcer l'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) «en tant que décision scientifique et non lus d'achat». Pour ce faire, le rapport recommande en particulier de limiter le nombre d'AMM locale par molécule, de renforcer la confidentialité des dossiers, d'instaurer un délai maximal de réponse qui est jugé susceptible de favoriser les fabricants locaux- de définir plus précisément les notions d'exploitant et de titulaire de l'AMM; ce qui est de nature à aider au développement de la distribution et de la vente. D'après le rapport, les pouvoirs publics doivent également revoir et compléter le cadre juridique du secteur. Parmi les textes à réviser figurent la Loi 85 et textes d'application afférents et relatifs à la fabrication des médicaments et à leur enregistrement; ainsi que le décret d'application des BPF et le texte fixant les attributions du pharmacien responsable technique. Les vides juridiques à combler concernent la Direction de l'Industrie Pharmaceutique (DIP), dont il faut créer le statut juridique et définir les attributions; les bio-similaires qu'il faut doter d'une réglementation, un Programme National d'homologation des sites de production aux standards internationaux et une Charte des Bonnes pratiques de distribution. Le chantier de la réforme de l'industrie pharmaceutique implique aussi la mise en place de diverses structures et organismes : une Agence du Médicament, et une autre pour la Sécurité sanitaire des produits de santé, une Commission de transparence des prix des médicaments, etc. Les pouvoirs publics doivent enfin initier une série d'actions en vue de favoriser l'amélioration du niveau de formation dans le secteur des sciences pharmaceutiques, une meilleure garantie de la propriété industrielles, les joint-ventures entre l'Institut Pasteur de Tunis et les industriels, l'investissement étranger en Tunisie, et l'export. Un vaste chantier dont la nécessité ne fait pas de doute aux yeux de Maher Kamoun. «Les mutations enregistrées à l'échelle internationale, avec notamment la création de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), le développement technologique qui se traduit par la mise au point de nouvelles molécules, la restructuration des multinationales en vue de mieux protéger leurs brevets, etc., ont modifié l'environnement» de l'industrie pharmaceutique et il faut s'adapter à cette nouvelle situation. A bon entendu salut.