La demande d'électricité dans notre pays continuera à connaître une croissance soutenue de l'ordre de 5,5% au cours de la période 2010-2016, et du coup, assure Othman Ben Arfa, PDG de la STEG, "le Programme d'équipement en moyens de production évoluera en conséquence pour garantir la couverture de la pointe du réseau national et assurer la réserve nécessaire par l'ajout de 1342 MW supplémentaires entre 2010 et 2016». Pour ce faire, on devra recourir aux énergies renouvelables, à savoir l'énergie éolienne et solaire et aussi l'énergie photovoltaïque. Les professionnels ne semblent pas aussi rassurés que le premier dirigeant de la Société tunisienne d'électricité et de gaz, les panneaux photovoltaïques restent assez chers, ce qui entrave leur commercialisation. Ce n'est pas l'avis des pouvoirs publics qui estiment que la stratégie mise en place par l'Etat est de réaliser des programmes qui soient économiques en comparaison avec d'autres sources d'énergies. Le chauffe-eau solaire serait donc en train de se développer parce qu'il est économique pour l'Etat, la STEG et le consommateur et parce qu'aussi grâce aux mesures prises pour assurer son financement, on a pu réduire la barrière à l'entrée et qui est celle du coût de l'investissement initial. En attendant, les possibilités d'investissement dans ce secteur sont immenses dans un pays ensoleillé et où la production de l'électricité à partir du solaire s'affirme en tant qu'orientation stratégique pour l'Etat et pour le consommateur. Les efforts investis par l'Etat pour encourager l'usage au gaz naturel pourraient-ils ralentir le recours aux nouvelles énergies ? Le nombre des consommateurs de gaz naturel, rappelons-le, est passé de 190.000 en 2004 à 460.000 bénéficiaires en 2008. La climatisation au gaz naturel représente une orientation positive, a assuré, Abdelaziz Rassaa, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Industrie et de la Technologies à l'occasion d'une table ronde organisée par WMC sur les énergies renouvelables: «Le programme de maîtrise de l'énergie finance un certain nombre de secteurs qui rentrent dans le cadre de la maîtrise de l'énergie. La commission finance jusqu'à 20% du coût dans l'hôtellerie. Notre politique est de développer le marché du gaz dans le pays. Aujourd'hui, nous sommes à un peu plus de 40% d'utilisation de gaz au niveau de l'énergie primaire. Nous ambitionnons d'arriver à 60% en 2014. C'est grâce à ce développement du marché de gaz que nous avions pu développer la production d'hydrocarbures et essentiellement celle du gaz. Aujourd'hui, nous avons de nouveaux gisements gaziers off shore et on shore qui permettront d'approvisionner le pays sans difficultés». «On parle toujours d'une dualité énergies renouvelables, énergies solaires, gaz naturel. Le gaz est le principal concurrent du chauffe-eau solaire, le Prosol a été mis en place en 2005 lorsque le thermomètre a chauffé et le baril est monté à 35 dollars, on s'est dit qu'il faut s'orienter vers le prosol qui fonctionne heureusement», indique Omar Ettaieb, PDG de SOFTEN qui ajoute qu'il faudrait «mettre une stratégie globale réfléchie et à long terme dans une perspective qui ne tienne pas seulement compte des contraintes budgétaires». Pour M. Ettaieb, la consommation domestique devrait à l'horizon 2020 provenir en majorité des énergies renouvelables, une approche beaucoup plus étudiée et réfléchie devrait, par conséquent, être lancée en direction des promoteurs immobiliers pour les amener à investir plus dans l'énergie solaire en répercutant le coût sur les prix des logements. «Il n'y a pas de problématique énergie renouvelables gaz, le gaz est une énergie et un vecteur de développement de notre politique énergétique nationale. Une politique qui a des retombées sur toute la filière depuis le producteur jusqu'au consommateur, aujourd'hui plus de 40% de notre énergie primaire provient du gaz, donc il est incontournable», répond, pour sa part, M. Rassaa, qui cite à l'occasion le gisement de Miskar découvert en 1978 et abandonné parce qu'il n'y avait pas de marché... Sans parler des gisements du sud du pays, ce qui a permis de redonner à la production nationale un élan énorme ainsi qu'un retour très important au niveau des recettes fiscales. La stratégie du gouvernement tunisien est d'accorder de la place à toutes les formes d'énergie, de celles fossiles aux renouvelables, à condition de ne pas pénaliser le consommateur en lui permettant d'accéder à l'énergie à des prix raisonnables.