Webmanagercenter : A l'occasion du Forum de l'ATUGE, qui se tient le 30 juin 2010 à Tunis, Elyès Jouini, qu'on ne présente plus, nous parle de cette association et du pourquoi du choix de thème de cette année. En tant que fondateur et premier président de l'Atuge, pourriez-vous nous éclairer quant au choix de ce thème pour le forum des 20 ans de l'Atuge ? Elyès Jouini : Il nous a semblé qu'en 20 ans, l'Atuge -qui a commencé par être une association d'étudiants et de jeunes anciens- est désormais un acteur clé de la vie économique, scientifique et intellectuelle de la Tunisie. Parce qu'elle regroupe des membres agissant dans des secteurs très divers mais qui ont en commun une formation de haut niveau et à forte valeur ajoutée en matière d'employabilité, parce que la plupart de ses membres ont bénéficié du soutien de l'Etat pour accomplir leur formation, il nous a semblé que le moment était venu pour nous de participer à la réflexion et d'apporter notre contribution sur le thème de la formation et de l'employabilité. En tant qu'économiste, on a envie de vous poser la question suivante : en dehors du fait qu'entreprises et demandeurs d'emploi se rencontrent -et c'est une bonne chose-, que doit faire l'Association tunisienne des Grandes écoles pour améliorer l'adéquation formation/emploi en Tunisie ? Le problème de l'adéquation formation-emploi passe par une plus grande ouverture des universités et écoles sur leur environnement économique, par des échanges plus intenses, par une participation plus grande des professionnels dans la formation mais également par une meilleure connaissance entre acteurs académiques et acteurs professionnels. Il faut notamment plus de stages en entreprises mais cela suppose également que le stage en entreprise soit un réel lieu d'apprentissage et non pas un job d'été. Les étudiants des Grandes écoles ont connu un tel système et sont capables d'aider à le transposer en contribuant à la réflexion et en agissant sur le terrain dans les diverses entreprises auxquelles ils apportent leur contribution. Toutes les études le démontrent, croissance et innovation sont fortement liées, et l'innovation ne peut naître que d'un mariage réussi entre université et entreprise. Vous êtes vice-président de l'Université Paris-Dauphine chargé de la recherche, appliquez-vous ces recettes dans votre propre université et quelle place pour la recherche dans tout cela? Oui, Dauphine est connue pour la dimension fortement professionnalisante de ses formations. Plus de 80 spécialités de master s'y côtoient et presque chacune d'entre elles a un ancrage réel et profond dans le monde professionnel: participation des professionnels à la formation, conseil de perfectionnement impliquant l'ensemble des stakeholders (étudiants, anciens, professeurs et employeurs), alternance,... Quant à la recherche, elle se décline du fortement théorique au très appliqué et c'est dans ce continuum que le chercheur trouve son épanouissement et c'est grâce à ce continuum que la science et l'industrie en sont toutes deux fortifiées. C'est par ce biais que les contacts entre professionnels et académiques peuvent être bénéfiques aux deux parties et à l'innovation et rejaillir alors sur les formations et l'employabilité.