Par Anis SOUADI Aujourd'hui, on clôture l'année 2015 avec un bilan plutôt décevant. On l'achève avec le même sentiment et les mêmes états d'âme que toutes les années post-révolution : pessimisme, incertitude, manque de visibilité et désolation. C'est que, encore une fois, on échoue à répondre, du moins progressivement, au moindre objectif fixé par le soulèvement du peuple tunisien. L'économie est toujours en récession technique, le climat social encore sous haute tension, le paysage politique continue de naviguer à vue, alors que l'insécurité est plus que jamais d'actualité. Et ce n'est pas tout : on achève cette année comme on l'a déjà commencée. C'est-à-dire avec une nouvelle grève, programmée aujourd'hui et demain, par les équipes du bac de Djerba en signe de protestation contre les agissements de la partie administrative qui n'a pas, selon un communiqué de la Fédération générale des travaux publics, honoré ses engagements à propos de l'application de l'accord signé depuis mars 2015. Sans parler, bien entendu, de la grève prévue le 21 janvier 2016 du secteur privé en cas de non-aboutissement des négociations entre l'Utica et l'Ugtt. Il est clair, donc, que le tableau actuel est totalement sombre et illisible, alors que les perspectives de la nouvelle année risquent d'être toujours tristes. Mais c'est surtout la question régionale qui désole le plus au niveau du bilan de l'année 2015. Les régions, malgré tous les engagements, continuent à s'enfoncer de plus en plus dans l'isolement et l'oubli. Justement, les promesses d'une égalité totale entre les régions, d'un partage équitable des richesses, d'un meilleur équilibre entre les différentes zones et de la dignité pour tous n'ont jamais été tenues, alors que ce sont ces mêmes valeurs nobles qui ont constitué les fondamentaux de la révolution tunisienne. Et même les quelques projets et autres programmes lancés ici et là se sont avérés insignifiants, car peu adaptés aux besoins réels de ces régions et de leurs spécificités. Des programmes élaborés surtout dans la précipitation. Justement, le souci de certains décideurs était tout simplement de «calmer» provisoirement ces régions et non pas d'engager des réalisations rentables et surtout durables. D'ailleurs, en mai 2011, Néjib Karafi, alors secrétaire d'Etat auprès du ministre du Développement régional et local, avait affirmé que «l'un des problèmes sérieux au niveau des régions est que l'élaboration des stratégies de développement se fait généralement à partir des orientations nationales sans tenir compte des spécificités des régions, ce qui explique l'inadaptation des actions et des projets identifiés». Ce qui fait qu'aujourd'hui, toute stratégie de développement régional, pour qu'elle soit fiable et efficace, suppose une meilleure planification.