L'allocation ministérielle dont bénéficient les clubs est de l'argent public. Y a-t-il des normes et des critères pour contrôler son usage une fois donné? Toute la nuance est là. Dans ce triste et éternel bras de fer entre le ministère des Sports et les clubs de la L1, se cachent beaucoup de conflits, de règlements de compte via personnes interposées de beaucoup de zones d'ombre. Et toujours cet éternel problème des subventions accordées, à chaque début de saison, par la tutelle en faveur des clubs de la L1. Des sommes qui ne représentent pas, même pour un club dit «petit», une énorme source de revenus, mais qui donne un coup de pouce quand même dans ces temps de crise. Les clubs, qui n'ont pas reçu, jusque-là, les montants alloués, menacent d'arrêter la compétition. Ils sont soutenus par la FTF qui les a réunis pour les entendre et les assurer de son appui. Le championnat arrêté? C'est un scénario plausible, mais qui peut être une simple menace et une éventualité peu probable. C'est une simple pression qui va renforcer la position des clubs dans la négociation. Mais il y a un malaise du côté des présidents de clubs qui se trouvent, en grande partie, empêtrés dans des charges élevées et des dettes cumulées. Joueurs et entraîneurs, impayés, où va-t-on pour ces clubs qui n'ont plus de quoi continuer jusqu'à novembre? Du côté du ministère des Sports, la version officielle admet le retard dans le versement, et l'impute au retard de la FTF dans l'envoi de la liste des clubs affiliés. Cela est indispensable pour justifier le déblocage des fonds publics pour ces clubs. Question de procédures, oui mais question aussi de «contradiction» et de «confusion» cumulées depuis des années. Ces subventions accordées ne sont pas les revenus issus du Promosport. C'est de l'argent public (du contribuable) qui va à des clubs omnisports qui le dépensent pour le football et pour les seniors seulement. Toute la nuance est là ! Sans contrôle, sans suivi Les présidents des clubs de la L1, dont une partie gère d'autres sports, comme le handball, le basket ou le volley, dépensent-ils les subventions accordées par l'Etat dans ces sections ? Non, c'est un argent qui va pour le football d'autant qu'il y a des clubs spécialisés en football. Poussons l'analyse. Cet argent pour le football va-t-il aux jeunes, à la formation et à l'amélioration des conditions d'entraînement pour les jeunes catégories ? Absolument pas. C'est ça le malheur. Ces présidents des clubs, qui crient au scandale et qui «jouent» les victimes (ils donnent de leur argent et de leur santé!), oublient ou ne veulent pas dire que les fonds énormes injectés dans leurs clubs, qu'ils soient les leurs ou des subventions, vont pour payer de gros salaires de joueurs et d'entraîneurs. Ils vont aussi pour des recrutements fous et des contrats de joueurs rédigés sur mesure et qui font le bonheur des agents de joueurs tunisiens et étrangers. Cela se transforme, un ou deux ans plus tard, en des litiges et des amendes qui enfoncent le club. Cela, les présidents des clubs ne le disent pas. La gestion financière dans les clubs, malgré les mesures prises (limitation du nombre des recrutements, plafonnement des salaires des entraîneurs par rapport au budget...), se fait au gré des présidents des clubs. Les normes comptables, les principes de la transparence et de l'équilibre budgétaire sont toujours contournés. Parce que la FTF n'exerce pas le contrôle adéquat pour voir où va l'argent, et comment il est dépensé. La FTF, avec un arsenal de fonctionnaires affectés aux départements administratif et financier, ne joue pas son rôle de contrôle et d'audit qu'il faut pour mettre fin aux folies financières des présidents des clubs. Est-ce que l'on a oublié que les clubs ont réclamé «une indépendance» par rapport à l'Etat au nom du faux principe de l'autonomie du sport par rapport à l'exécutif? Ce ne sont pas eux qui font ce qu'ils veulent (recrutements suspicieux pour favoriser certains agents, salaires décalés par rapport aux ressources)? A notre avis, le ministère des Sports est tenu d'aider les clubs de football, mais vu que c'est de l'argent public, il doit suivre, à travers la FTF (un minimum de collaboration est exigé), où va cet argent. Tant que l'argent et le concours public, pour un football mal structuré et mal géré, ne vont pas pour décharger le club des frais énormes ou pour encourager les jeunes du club, ou aussi les recrutements étudiés, il est donc un argent mal dépensé. C'est une forme de corruption et d'abus de confiance. Un joueur moyen dans un championnat moyen et où le public ne vient pas, qui touche plus de 6.000 ou 7.000 dinars par mois sans oublier les primes et les autres avantages, c'est insensé ! Un entraîneur qui signe un contrat de 20.000 dinars, voire plus, par mois dans un club qui a un budget de 2 millions de dinars (on ne va pas parler des entraîneurs et des joueurs étrangers payés, en bonne partie, en devises), c'est également fou ! Avant de demander le concours de l'Etat et de jouer aux victimes, les présidents des clubs ont intérêt, par pudeur, à changer leur façon d'agir et à regarder ce qui se passe dans leurs clubs.