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Entre haiku, haijin et satori
Publié dans Le Temps le 19 - 01 - 2019

Art à part entière, le haiku est un mode poétique qui parvient à "fixer le vertige", selon le voeu de Rimbaud. Quelle est la genèse de ce genre poétique qui, né au Japon, s'est ensuite répandu à travers le monde? Quelles sont ses modalités techniques et son actualité en Tunisie?
Dans la tradition japonaise, le "haijin" est le compositeur de haikus. Il est ainsi nommé par opposition au "shijin", poéte au profil plus classique. Ce genre poétique a connu une longue maturation. Il a évolué lentement depuis le lointain Bashô au dix-septième siècle pour se fixer sous l'ére du Meiji, au dix-neuvième siècle. C'est le poéte Masaoda Shiki qui est à l'origine de la dénomination du haiku. Toutefois, pour comprendre pleinement la nature de ces poèmes brefs, il faut aussi les replacer dans la dynamique plus vaste de la poésie japonaise classique.
Le rythme profond des saisons poétiques
Il faut ainsi se souvenir que c'est par la transmission orale que se sont conservés les poésies de l'époque lointaine, ceux-là même qui seront ensuite recueillis dans les premiers ouvrages composés au Japon, au huitième siècle, le "Kojiki" et le "Nihongi" qui conservent ces textes de haute mémoire. Plusieurs ères se succéderont ensuite (Nara, Heian, Kamakura, Muromachi) pour aboutir à celle des Tokugawa qui, d'ailleurs, est la dernière étape de la poésie classique japonaise. C'est en ce temps que le genre du "hokku" (qu'on appelle aussi haikai ou haiku) connut une grande vogue. Avec ses trois vers, le haiku s'avérait plus court que le tanka qui en comprend cinq. Tout le monde se mit à composer des poèmes dans ce genre et dès la fin du quinzième siècle, des poétes comme Sôkan et Morikate laissent un sillage dans ce genre qui culminera avec Bashô puis ses successeurs Issa ou Buson.
L'art du haikai est un mode poétique qui suit le rythme des saisons. Chaque saison est scrutée par les "haijin" qui installent leurs mots selon l'écoulement de chaque saison. En ce sens, les recueils de haikus se présentent selon une division en quatre saisons. Dans le haiku contemporain, on s'est quelque peu affranchi de ce caractère saisonnier. Parfois, ce sont des haikus hors-saison qui accompagnent la démarche de certains poètes modernes. Ces cycles des saisons observent un ordonnancement particulier. Chaque saison poétique égrène le passage de la saison, l'inventaire des cieux, la célébration du paysage, les hommes et les bêtes et le grand herbier de la nature. Tels sont les rythmes intimes de l'esprit de chaque saison.
Une quête d'unité et un regard sur la fugacité
Dans une "approche sensuelle" du monde, le haiku est comparé à une "éclosion spontanée d'une fleur de sens". C'est ce qui le relie à ce désir rimbaldien de "fixer les vertiges". C'est ce à quoi s'emploient de nombreux poètes tunisiens qui, depuis les essais de Béchir Kahwagi et ceux de Salem Labben, ont investi ce domaine poétique à l'instar de Amel Hamdi et d'autres qui s'inspirent des formes brèves pour faire vivre un courant tunisien du haiku. Avec mon recueil"Satori", j'essaie à mon tour de m'inscrire dans cette dynamique, en défricher les horizons et participer au mouvement général du haiku contemporain. Comme les "haijin" japonais s'intéressent à la poésie occidentale moderne, de nombreux auteurs comme Jack Kerouac ou Yves Bonnefoy se sont intéressés au haiku. C'est au tour des écrivains arabes de se confronter à ce genre ardu qui est d'abord et surtout un état d'esprit.
En effet, le haiku est une quête d'unité et un regard sur la fugacité. Il est à ce titre inséparable aussi bien de la perception bouddhiste du monde que du shintô aux racines japonaises profondes. La pratique du haiku peut en ce sens être assimilée à un exercice spirituel dans la mesure où elle consiste à voir partout le signe et le sens. C'est en cela que je lie ma propre pratique du haiku à ce que les Japonais nomment le "satori", ce surgissement soudain d'une évidence à la fois esthétique et mystique. En effet, ce "satori" que recherche le "haijin" est en même temps un éclair d'éternité et un éveil spirituel, une illumination brusque et une vision d'unité. Il est l'illimité, le suspens de l'esprit, le furtif du temps et une saisie de l'immédiat. Il est le lieu invisible où se fondent l'espace et l'esprit. Dès lors, cette quête éblouissante du "satori" devient le chemin du poète vers la lumière et surtout l'exercice qui consiste à patiemment susciter par le truchement des mots un mouvement de l'esprit vers la chose telle qu'elle est à l'instant même du poème. C'est pour toutes ces raisons que le haiku est bien plus qu'un simple poème.


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