Est-ce une rupture avec Ennahdha ou est-ce une stratégie pour brasser large au profit des Islamistes ? «L'Alliance démocratique des indépendants » telle qu'elle a été présentée dernièrement par Abdelfattah Mourou a tout autant éveillé des doutes qu'elle en a dissipé. Une conférence de presse a été tenue par l'Alliance en la présence de quelques uns de ses candidats aux élections de la Constituante. Le but étant de lever toute suspicion et de taire des rumeurs qui courent les rues ces derniers temps quant à la composition de cette alliance. L'humour, on n'en sera pas surpris, a tenu une place prépondérante dans les propos de Cheikh Mourou qui émaille son discours d'anecdotes. Histoire de couper court avec l'idée reçue qui a par ailleurs la vie dure quant à l'islamisme et son caractère sclérosé, inflexible et intransigeant. Mourou s'en rappelle une, lorsqu'un monsieur l'a croisé dans la rue en lui annonçant que «Toute la région de Menzel Témime soutient sa candidature». «Mais je ne suis pas présent sur cette région pour les élections de la Constituante lui aurais-je répondu.» dit Mourou. « Alors que vient faire tout ce beau monde qui a afflué sur Menzel Témime si ce n'est pour drainer plus de voix pour les élections ? » Abdelfattah Mourou invoque ce cas pour faire remarquer que toutes les cartes se brouillent aujourd'hui et que le citoyen ne comprend rien à ce jeu de la politique. « Ces gens qui se retrouvent propulsés au devant de la scène médiatique moyennant un argent fou auraient mieux fait de vulgariser des notions politiques aux citoyens pris au dépourvu dans un jeu politique qu'ils n'assimilent pas jusque-là. Nous n'avons pas les moyens financiers mais avons une volonté inébranlable et une pour changer les choses. » fait remarquer Mourou qui consacre un bon bout de temps pour s'attaquer aux vices et rebuts du monde de la politique. Et puisqu'on y est de mauvaises langues disent, en effet, que les membres de cette alliance sont des islamistes ou pour le moins des personnes ayant eu des accointances avec des Islamistes de par le passé. «Nous ne sommes pas un parti politique. Nous sommes une alliance de personnes qui croient que le pari à relever dans la Tunisie avenir est celui de l'identité arabo-musulmane. Et contrairement à ce que croient certains, nous faisons fi de toute appartenance idéologique. Nous avons, par contre, un ensemble de valeurs à défendre bec et ongles. » explique Slaheddine Jourchi, membre de l'alliance qui figure en tête de liste au district de l'Ariana. Les actes ne valent que par leurs intentions Il faut dire qu'en cette période transitoire le citoyen, est brouillé par un nombre de programmes qui s'assemblent et se ressemblent. Et dans cette ambiance de doute qui ébranle l'échiquier politique comment peut-on croire en cette alliance d'indépendants, même si ces derniers ont montré leurs bonnes intentions ? Et comme le dit le hadith, ‘'les actes ne valent que par leurs intentions'', est-ce que les actes de cette alliance seront à la mesure de la confiance qu'on pourrait faire en des personnes de la trempe de Slaheddine Jourchi, Abdelffattah Mourou, Mourad Rouissi, Mongi Kaabi, Radhouane Masmoudi, Khaled Traouli etc, dont la droiture et l'esprit de loyauté ne sont plus à démontrer. La question a été posée par le journal – Le temps qui s'est demandé au final à quelle liste peut se vouer le citoyen. «Le nombre des listes enregistrées a atteint 1500. C'est dire que le citoyen aura du mal à choisir les parties qui vont le présenter à la Constituante. Voilà pourquoi on a choisi de rester indépendants car dans cette période transitoire il n'y pas de partis dominants qui peuvent drainer des majorités de voix. On sait que dans les démocraties modernes les partis jouent un rôle prépondérant mais quand le citoyen a affaire à 105 partis et qu'il ressent une sorte de dégoût vis-à-vis de la chose politique, la dictature en profite pour reprendre sa place. Et c'est là que indépendants peuvent sauver la mise et rendre la confiance du peuple en la politique. » fait remarquer Jourchi. Dans la foulée Radhouane Masmoudi, avance que les candidats de l'alliance seront présents dans 24 circonscriptions et que toutes les personnes choisies en tête de listes sont des ressortissants de grandes écoles et des intellectuels émérites, y compris les femmes qui seront présentes sur les listes. «Najoua Ali sera à la tête de la liste du district de Zaghouan.» avance-t-il. Pour ou contre le référendum ? Et qu'en est-il de la position de l'alliance par rapport au choix du référendum auquel appellent certaines parties ? Slaheddine Jourchi considère que la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution a déjà tranché sur la question et qu'on ne peut opter pour le référendum tant que cette commission ne l'a pas approuvé. « Cela n'empêche, les motifs avancés par ceux qui soutiennent l'idée du référendum ne sont pas toutes à rejeter. Car il s'agit d'éviter les dissensions dans l'échiquier politique en précisant la mission de l'Assemblée constituante et les prérogatives qui lui sont dévolues. » dit-il. «Route de la sécurité» Et pour finir une information non moins importante a été communiquée par Mourad Rouissi secrétaire général de l'un des deux partis politiques membres de l'alliance, qui rappelle que « Tariq Assalama » est le vocable choisi pour présenter l'Alliance démocratique des indépendants le jour des élections. Il veut dire littéralement « route de la sécurité ». En espérant que ce sera le cas pour cette alliance et que le cheminement ne sera pas semé d'embûches pour le cheikh et ses compagnons de route. Et en ce sens, Cheikh Mourou se dit sceptique mais demeure, tout autant confiant.