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Dossier : Productivité
Publié dans L'expert le 25 - 03 - 2009

Il n'est pas nécessaire d'être un économiste chevronné, ou analyste qualifié, et apporter les équations économétriques les plus compliquées, pour prouver le lien très fort entre la Recherche et développement et la productivité au sein d'une entreprise. Tout investissement dans la recherche et développement, que ce soit dans l'entreprise ou par le gouvernement, a certainement un impact sur la productivité de l'entreprise et par conséquent sur sa compétitivité. En se focalisant sur la productivité en Tunisie, les responsables doivent se pencher sur ce thème et lui accorder l'intérêt qu'il faut. Les statistiques montrent que « R­ et D » et les entreprises tunisiennes font deux. Les investissements dans ce levier de productivité sont minimes. Une comparaison internationale entre la Tunisie et certains pays développés permet de déceler le gap qui fait la différence en terme de compétitivité. Sur le plan gouvernemental, la « R et D » est un enjeu stratégique, qu'on essaye de développer avec le peu de moyens qu'on possède. Or la conjoncture actuelle est très difficile et il est important de « mettre le paquet » dans certains secteurs pour assurer la pérennité de la croissance économique.

« R et D » et entreprise dans les pays développés :
Selon une analyse faite par l'OCDE sur un panel de 16 pays, la R et D a eu un impact important sur la productivité en entreprise. En effet, «
- Un supplément de 1% de R-D des entreprises engendre une croissance de 0.13% de la productivité. Cet effet est plus fort dans les pays où les entreprises ont une intensité R-D plus élevée, et dans les pays où la part des financements gouvernementaux liés à la défense est plus faible.
- Un supplément de 1% de R-D étrangère engendre une croissance de 0.46% de la productivité, cet effet est plus fort dans les pays où les entreprises réalisent plus de R-D.
- Un supplément de 1% de R-D publique engendre une croissance de 0.17% de la productivité. Cet effet est plus fort dans les pays où la part des universités (par opposition aux laboratoires gouvernementaux) est plus élevée, dans les pays où le poids de la R-D liée à la défense est plus faible, et dans les pays où les entreprises réalisent plus de R-D.

Les statistiques concernant l'investissement dans la recherche et développement dans les entreprises ou par les gouvernements dans les pays développés sont d'aucune comparaison avec ce qui se passe dans les pays en développement. Faut-il rappeler, qu'en période de crise économique et de manque de liquidité, la première mesure prise par l'actuel président américain OBAMA, fut de multiplier par 3 le budget R et D du gouvernement américain.
Le tableau suivant présente la croissance annuelle moyenne du stock de capital investi dans la R et D dans certains pays. ( en %)
Pays
Stock de capital R et D des entreprises
Stock de capital R et D du secteur public
Croissance de la Productivité Globale des facteurs
Autriche
7.5
3.69
0.84
Belgique
4.07
2.11
1.34
France
3.80
3.45
1.05
Irlande
10.76
3.35
3.39
Japon
6.31
3.71
0.94
Norvège
5.41
3.32
1.08
Espagne
4.40
1.95
1.38
Source : OCDE
Les entreprises dans les pays développés accordent un intérêt stratégique à l'investissement dans la R et D. C'est ce qui renforce leurs positions dans l'économie mondiale. Le tableau suivant, obtenu d'un rapport présenté au Senat français sur la productivité, démontre l'importance des sommes investies par les entreprises dans la R et D.Les entreprises suédoises ont dépensé l'équivalent de 3.42% du PIB de la Suède en 2003, tout en sachant que ce PIB est 13 fois supérieur au nôtre. Ceci explique l'importance des entreprises suédoises qui sont leaders dans domaines pointus. D'un autre côté, malgré l'importance de la R et D en France, les entreprises françaises ne dépensent que 1.36% du PIB.
DEPENSES INTERIEURES BRUTES DE R&D EN ENTREPRISES
(EN % DU PIB)

ETATS-UNIS
SUÈDE
ALLEMAGNE
FRANCE
2001
2,00
3,32
1,75
1,41
2002
1,87
3,35
1,75
1,43
2003
1,79
3,42
1,73
1,36



La politique publique de recherche et développement :
Personne ne peut douter du sérieux du gouvernement pour la promotion de la recherche et développement, et les témoignages ne manquent pas à ce niveau.
Pour l'année en cours le gouvernement a prévu la dépense de 422 MD en faveur de la recherche scientifique contre 376 MD en 2008, et ceci permettre d'atteindre l'objectif présidentiel de consacrer 1.25% du PIB à la recherche en 2009. 9 MD ont été aussi alloués pour l'acquisition de matériel pour les centres de recherches surtout dans le domaine de la biotechnologie et l'énergie. La Tunisie compte aujourd'hui 638 unités de recherche et 146 laboratoires couvrant divers domaines. L'objectif pour 2009 étant d'atteindre 5 chercheurs pour 1000 actifs contre 4.7 en 2007.
Les principales incitations accordées à la recherche et l'innovation technologique sont principalement :
· La Prime d'Investissement en Recherche Développement «PIRD» (Financement de 50% des études et des investissements dans la R&D ).
· La valorisation des Résultats de Recherche «VRR »
· Programme National de Recherche et d'Innovation «PNRI» (Financement de la recherche appliquée).
La politique publique tunisienne de Recherche se confirme aussi au niveau de la qualité des ressources humaines avec une proportion plus importante des filières scientifiques et d'ingénieurs et la mise en place des établissements universitaires nécessaires.

La stratégie des Technopôles :
Depuis quelques années la Tunisie s'est engagée dans le projet des technopôles. L'objectif étant de promouvoir et dynamiser l'innovation en faisant le lien entre les entreprises, les universités et les centres de recherche. Chacun a sa spécialité, selon la région dans laquelle il est établi. Le technopôle de Borj Cédria, par exemple, se spécialise dans les énergies renouvelables et la biotechnologie végétale, celui de Sidi Thabet, dans la biotechnologie et les produits pharmaceutiques, celui de Sfax dans les systèmes informatiques et le multimédia, etc…Il existe aujourd'hui 9 technopôles couvrant divers domaines. L'une des réussites de cette expérience est sans doute, le technopôle d'El Ghazala, dédiée aux technologies de la communication. Une véritable synergie s'est créée au sein de cet espace, entre les entreprises et les autres composantes d'études et de recherche. En effet, selon une étude a été réalisée en 2005 par l'institut de la compétitivité et l'économie quantitative auprès des entreprises installées à la technopôle, 50% affirment enregistrer une augmentation de leurs activités exportatrices, 90% ont fait état d'une augmentation de leurs activités de recherche et développement – dont 30% en collaboration avec des universités locales – et 50% ont dit consacrer de 10 à 40% de leurs investissements à des actifs incorporels. L'implantation à El Ghazala avait conduit, pour plus de 40% de ces entreprises, à l'élaboration d'au moins deux nouveaux produits au cours des cinq années précédentes, et 46% avaient des demandes de brevet en instance. Enfin, 53% avaient attiré des capitaux étrangers. Ces chiffres attestent de l'importance d'une technopole dans le développement de la fonction R et D d'une entreprise qui y est implantée.

L'expérience des pôles de compétitivité en France : à méditer
La Tunisie vient d'orienter sa réflexion vers l'expérience des pôles de compétitivité. Une piste importante à explorer pour assurer un bon mariage entre R et D et productivité. L'une des expériences les plus réussies en ce domaine est sans doute l'expérience française. Avant tout, qu'est-ce qu'un pôle de compétitivité ? Un pôle de compétitivité, c'est un consortium ou groupement qui rassemble sur un territoire donné, des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation pour développer des synergies et des coopérations.
Selon l'expérience française, la stratégie des pôles de compétitivité permet de :
· concrétiser des partenariats entre les différents acteurs ayant des compétences reconnues et complémentaires ;
· bâtir des projets collaboratifs stratégiques de R&D qui peuvent bénéficier d'aides publiques,
· promouvoir un environnement global favorable à l'innovation et aux acteurs du pôle en conduisant des actions d'animation, de mutualisation ou d'accompagnement des membres du pôle sur des thématiques telles que la formation et les ressources humaines, la propriété industrielle, le financement privé, le développement à l'international, etc.
Il existe aujourd'hui en France 71 pôles de compétitivité, couvrant 5000 entreprises dont 80% sont des PME. 544 projets de R et D ont bénéficié de financements publics depuis 2005, avec l'implication de 12000 chercheurs.
La stratégie industrielle nationale établie lors d'une étude présentée récemment, semble vouloir soutenir la création des pôles de compétitivité. Elle se base sur le déploiement de 4 pôles de compétitivité dans les secteurs clés et d'autres pôles sectoriels et régionaux visant à porter l'innovation au cœur des stratégies de développement des entreprises. L'objectif visé est de créer 1060 entreprises générant 41750 emplois et s'établissant sur 940 hectares. Les technopôles existants sont un environnement propice pour la création de ces pôles. Ces pôles peuvent couvrir les principaux domaines de l'industrie tunisienne tel que les textile et habillement, les IME, l'industrie aéronautique, la métallurgie, l'industrie agroalimentaire.

L'entreprise tunisienne et l'investissement en R et D :
Sans vouloir être très négatif, on peut affirmer que les entreprises tunisiennes, les petites comme les grandes, n'accordent pas un intérêt important à la R et D, tout en étant convaincu de son impact sur la productivité. Les causes sont multiples :
- Manque de moyens ou de financements,
- Certains chefs d'entreprises ne sont pas convaincus de l'importance de la R et D,
- Préférence pour la technologie importée, plutôt que d'investir,
Selon l'enquête sur la compétitivité, seulement 39% des entreprises questionnées en 2008 ont réalisé des investissements dans les ressources humaines, la recherche et les nouvelles technologies, contre 34% en 2007. On ne sait, tout de même pas le nombre des entreprises ayant investi dans la recherche tout court.
En analysant le contenu des exportations tunisiennes, seulement 4% sont des produits de haute technologie. Un taux qui reste faible en comparaison avec d'autres pays tel que l'Irlande (34%) et la Finlande (31%).

Pour pouvoir décrocher le défi de la productivité basée sur le R et D en Tunisie il est important d'assurer un véritable partenariat stratégique entre les entreprises et les universités tunisiennes. Malgré les conventions signées entre le Ministère de l'Enseignement supérieur et le Syndicat des patrons (UTICA), les choses ne sont pas encore sur les rails jusqu'à maintenant. Nous avons aussi besoin d'un « success Story » dans ce genre de partenariat pour encourager les entreprises à investir et nouer des partenariats.
La R et D dans les entreprises peut aussi être améliorée à travers l'amélioration de la capacité d'absorption de notre économie des nouvelles technologies, à travers l'organisation de séminaires, l'invitation de chercheurs internationaux, les partenariats stratégiques avec des sociétés internationales, des collaborations avec des centres de recherches, des publications scientifiques,…
Sur le plan statistique, le domaine de l'investissement des entreprises tunisiennes dans la R et D semble non couvert. Il est primordial d'intégrer le calcul de l'intensité de la R et D des entreprises qui est le ratio des dépenses R et D des entreprises au PIB, pour pouvoir suivre l'évolution de cet indicateur et orienter les interventions gouvernementales.
La Tunisie regorge de compétences humaines, dont plusieurs pays nous envient, et certains ont fait leurs preuves hors de notre territoire. Ce sont des ressources qu'il ne faut pas gaspiller. Arrêtons de recruter un ingénieur pour le poste d'un administrateur dans un bureau, ou un doctorant pour le poste de chef de magasin. « L'avion » de l'économie tunisienne est arrivé à un stade ou il doit décoller, et le R et D sont un de ces « réacteurs » qu'il doit utiliser.


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