Le président du conseil de la Choura, Abdelkarim Harouni, a été l'invité de la Matinale de Shems FM, vendredi 4 septembre 2020. Il est, entre autres, revenu sur la mise en place du nouveau gouvernement formé par Hichem Mechichi. Il a d'abord affirmé que le gouvernement Mechichi n'était pas celui d'Ennahdha. “C'est le gouvernement de la Tunisie. Il a été créé conformément à la Constitution à travers le Parlement et par l'initiative du président de la République. Ce n'est ni le gouvernement des partis car ceux-ci ont été exclus lors de sa composition et ce n'est pas non plus un gouvernement d'indépendants qui auront la liberté de faire ce que bon leur semble”, a-t-il avancé avant d'ajouter : “Il est dans notre intérêt maintenant d'appuyer ce gouvernement et l'aider à concrétiser les attentes des Tunisiens”. Après avoir dénoncé et condamné à plusieurs reprises le déroulement des concertations pour la formation du gouvernement, les députés du mouvement Ennahdha ont, majoritairement, accordé leur confiance au gouvernement Mechichi. Le 1er septembre, le nouveau gouvernement a, rappelons-le, obtenu 134 voix pour au Parlement et a officiellement pris ses fonctions après la cérémonie de passation des pouvoirs organisée le 3 septembre à Dar Dhiafa. Abdelkarim Harouni a indiqué, d'ailleurs, que le vote pour le gouvernement Mechichi était “une victoire de la démocratie”. “Les partis, le Parlement et Hichem Mechichi ont, tous, gagné”. Il a évoqué, dans ce sens, les tentatives de certaines parties pour conserver le gouvernement d'Elyes Fakhfakh et d'autres qui ont souhaité d'un côté envoyer Elyes Fakhfakh en prison et de l'autre faire barrage au gouvernement Mechichi. “Certains ont pensé à l'activation de l'article 100 de la Constitution et se sont déjà préparés à l'après Elyes Fakhfakh et l'après Mechichi”, a-t-il expliqué. L'article 100 de la Consitution tunisienne stipule : “En cas de vacance définitive au poste de Chef du Gouvernement, pour quelque motif que ce soit, excepté les deux cas de démission et du retrait de confiance, le Président de la République charge le candidat du parti ou de la coalition au pouvoir de former un Gouvernement dans un délai d'un mois. Si le Gouvernement n'est pas formé à l'expiration de ce délai ou qu'il n'a pas obtenu la confiance, le Président de la République charge la personnalité la mieux à même d'y parvenir de former un Gouvernement. Cette personnalité se présente devant l'Assemblée des représentants du peuple, afin d'obtenir la confiance conformément aux dispositions de l'article 89. Le Gouvernement, dont les fonctions ont pris fin, continue à gérer les affaires sous la direction de l'un de ses membres, choisi par le Conseil des ministres et nommé par le Président de la République, jusqu'à la prise de fonction du nouveau Gouvernement”. Abdelkarim Harouni a ajouté qu'avec l'obtention de la confiance du Parlement, le gouvernement Mechichi s'est assuré une ceinture parlementaire qui pourrait d'ailleurs s'élargir puisque d'autres partis - en plus d'Ennahdha et Qalb Tounes - ont appuyé la composition de Mechichi. Il a, cependant, noté que la confiance accordée par le Parlement n'était pas une carte blanche car les députés joueront leur rôle d'observateurs et contrôleront le travail du gouvernement Mechichi. Au sujet du discours du président de la République, Kaïs Saïed, prononcé lors de la cérémonie de prestation de serment par les membres du nouveau gouvernement, Abdelkarim Harouni a soutenu qu'Ennahdha n'était pas concerné par les accusations du locataire de Carthage pointant du doigt le flou qui a régné durant la formation du gouvernement. En réaction aux critiques qui lui ont été adressées par certains députés au Parlement, Kaïs Saïed a signalé :” Je ne pardonnerai jamais à ceux qui ont menti et émis des Fatwa pour interpréter la Constitution et parler de la composition du gouvernement. Pour ceux qui pensent connaître les coulisses et les détails du palais de Carthage, je suis au courant de tout cela. Mais, je ne leur réponds pas en usant de leurs méthodes qui ne m'inspirent que mépris ".