Il a à peine trois mois et voilà qu'on parle déjà du début de sa fin. C'est exagéré ? Peut-être, mais Hichem Mechichi fait preuve d'une réelle incompétence et d'extraordinaires irrespect et arrogance si bien que l'on ne peut pas pronostiquer autrement son avenir à la présidence du gouvernement. Aujourd'hui, lundi 7 décembre, les magistrats entrent dans leur quatrième semaine de grève générale. Si certaines de leurs revendications semblent farfelues, il est indéniable que la majorité des revendications sont des plus légitimes. La faute de Mechichi ? Avoir laissé la situation empirer et ne pas avoir accordé suffisamment d'importance à un corps sans qui il ne saurait y avoir de démocratie, ni d'Etat tout court. Cela s'appelle de l'arrogance. Hichem Mechichi et son ministre de la Justice, doivent savoir qu'il existe quatre piliers dans une démocratie. Le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire et le quatrième pouvoir. Quand le ministre de la Justice sort pour dire que les juges qui réclament des augmentations ne sont pas conscients de la situation du pays, cela s'appelle de l'arrogance, de l'incompétence et de l'inconscience. Cela montre surtout que le ministre de la Justice n'est pas conscient de la situation des juges. Aujourd'hui, nos magistrats en début de carrière gagnent 1600 dinars pour passer en milieu de carrière à 2500 dinars et, en fin de carrière, à moins de 3500 dinars. C'est peu, trop peu. Cela les expose à la précarité et ouvre la porte à la corruption. Le quatrième pouvoir souffre et ce n'est pas nouveau. Des préavis de grève ont été lancés. Aujourd'hui, un journaliste en début de carrière touche autour de 400 dinars et 2000 dinars en fin de carrière. On ne compte plus les entreprises de presse qui ont mis la clé sous la porte ces dix dernières années. On ne compte plus les entreprises de presse qui ont des impayés avec le fisc et la CNSS. Hichem Mechichi a promis des mesures après avoir entendu les doléances des représentants de la profession, mais finalement ce sont des mesurettes qui ont été décrétées le 20 novembre. Des mesurettes qui ne bénéficient nullement aux entreprises qui sont le plus dans le besoin.
Dimanche 6 décembre, c'était la goutte qui a fait déborder le vase. Vers 17h30, un communiqué lapidaire du ministère de la Santé annonce la reconduction du couvre-feu et des mesures anti-Covid. Ce couvre-feu et ces mesures auraient dû prendre fin hier et ce gouvernement a attendu le dernier jour et la fin de l'après-midi pour annoncer la reconduction. Cela s'appelle de l'arrogance ! Quiconque avait fait des programmes pour le lendemain a vu son planning tomber à l'eau à cause de l'incorrection du gouvernement. Sur la forme toujours, depuis quand c'est au ministère de la Santé de décider du couvre-feu ? Sur la forme encore, partout dans le monde, les mesures anti-Covid sont annoncées par les présidents de la République ou les Premiers ministres. Chez nous, sous l'ère Mechichi, c'est via communiqué qu'on parle au peuple. Cela s'appelle de l'arrogance !
Venons-en au fond où il y a énormément à dire sur l'incompétence et l'incohérence du gouvernement. Partout dans le monde, les mesures anti-Covid sont suivies par des mesures d'accompagnement pour les entreprises et les personnes sinistrées. Il n'y a rien de tel sous l'ère Mechichi comme si les mesures n'avaient aucun impact économique sur nous. Partout dans le monde également, les mesures anti-covid obéissent à une logique. Il y a une corrélation directe entre la situation sanitaire dans le pays et les mesures drastiques. Chez nous, on ne sait plus quoi penser. D'un côté, le gouvernement ordonne à ses fonctionnaires de reprendre leur activité ordinaire avec les horaires de travail habituels et, de l'autre, il maintient le couvre-feu à 20 heures. Il autorise les bars et les restaurants à avoir une activité normale jusqu'à 19 heures, mais il ordonne aux cafés de lever les chaises et les tables à 16 heures. En résumé, notre cher gouvernement fait la chose et son contraire sans aucune cohérence. Et notre cher Hichem Mechichi ne prend même pas la peine de s'adresser à nous, citoyens, pour nous expliquer ce qu'il en est et les raisons de ses décisions !
L'incohérence et l'arrogance de Hichem Mechichi ont un prix et il finira par le payer s'il continue encore dans sa politique. A-t-on intérêt à voir la fin de Hichem Mechichi ? A le voir chassé par des « dégage » ? Non, loin de là. Le prix d'une nouvelle instabilité politique et d'un nouveau casting pour la Kasbah sera très élevé. Personne, aujourd'hui, n'a intérêt à avoir un Hichem Mechichi fragilisé et secoué. Personne ! Le souci est que par son comportement arrogant, Hichem Mechichi est en train de se fragiliser tout seul sans que personne ne l'y pousse. Il serait sorti hier pour un speech de 30 minutes pour nous expliquer sa politique et nous exposer ses solutions, nous n'en serions pas là. Aujourd'hui, il y a les magistrats, les journalistes, les ingénieurs et plusieurs régions qui grondent. Demain, c'est plusieurs autres pans de la société qui suivront. Nous sommes au mois de décembre et, avec janvier, c'est les mois de tous les dangers. Que Hichem Mechichi se rappelle des dates du 17-Décembre, du 3-Janvier, du 14-Janvier et du 26-Janvier. Par son arrogance, Hichem Mechichi suscite l'incompréhension, alimente la grogne et nourrit la colère. Il se doit de se rattraper et d'expliquer au peuple ce qu'il est en train de faire. Il se doit de dire ce qu'il fait et de faire ce qu'il dit. C'est impératif s'il veut continuer à gouverner tranquillement. Il n'a pas le droit d'être arrogant, il n'a pas le droit d'être incohérent.