Le bureau exécutif de l'Association des Magistrats Tunisiens (AMT) a rendu public un communiqué, ce lundi 15 mars 2021, pour revenir sur le développement de l'affaire du premier président de la Cour de Cassation Taïeb Rached et l'ancien procureur de la République, Béchir Akermi. L'AMT a rappelé son attachement au principe d'équité entre les magistrats et la nécessité de les juger en cas de dépassements. Dans ce contexte, l'association a appelé toutes les parties concernées à assumer leurs responsabilités dans l'affaire de Taïeb Rached et Béchir Akermi avec beaucoup de sérieux afin de révéler la vérité et appliquer les mesures nécessaires. Selon l'AMT, cette démarche permettra de rétablir la confiance générale dans la justice, tout en la tenant à l'écart des tiraillements politiques.
Toutefois, l'association a fait part de son étonnement de la demande de la ministre de la Justice par intérim pour récupérer le rapport soumis au CSM pour rectification sur la forme, alors que l'inspection relavant du ministère a bénéficié de tout le temps nécessaire lui permettant de traiter le dossier en bonne et due forme.
L'AMT a estimé que cette demande n'est, en réalité, qu'une tentative d'avoir la mainmise sur l'affaire et une manœuvre pour annuler tous le processus disciplinaire, considérant qu'il s'agit d'une ingérence politique préméditée pour entraver ce processus. Ainsi, l'AMT a exprimé ses craintes quant à une exploitation politique de ce dossier appelant la ministre « à lever la main » sur les travaux du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et le Conseil de l'Ordre judiciaire.
Par ailleurs, l'AMT a indiqué que le CSM n'a pas cédé à la pression de la ministre de la Justice par intérim, sauf que le sérieux de la décision sera évalué sur la base du traitement du dossier, notamment, en terme de rapidité, de transparence et d'objectivité.
Il est à noter que le premier président de la Cour de Cassation est accusé de blanchiment d'argent et de falsification, alors que l'ancien procureur de la République est accusé d'abus de pouvoir et d'ingérence dans des affaires juridiques, notamment, celles en rapport avec les assassinats politiques. Les deux hauts magistrats font l'objet d'une enquête par l'inspection générale relevant du ministère de la Justice. Son rapport a été soumis au Conseil de l'ordre judiciaire qui a décidé de les traduire devant le conseil de discipline. A la suite de cette décision, le ministère a demandé la récupération du rapport d'inspection afin d'y apporter des rectifications sur le plan de la forme.