Le 22 mars 2021 marque la conquête de l'espace pour la Tunisie. En ce jour historique, le tout premier satellite tuniso-tunisien a rejoint les étoiles. Embarqué sur le lanceur spatial russe Soyouz 2 et lancé depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, Challenge One devrait aider la Tunisie à prendre un nouveau virage dans son chemin vers une transformation digitale tant espérée et une redynamisation de la machine économique essoufflée. Challenge One est, notons-le, un nano-satellite qui a été fabriqué par la société Telnet grâce aux efforts conjoints de jeunes ingénieurs tunisiens. Spécialisé dans l'Internet des objets (IoT), cette innovation locale permettra de booster plusieurs secteurs d'activité : de l'agriculture à l'énergie en passant par les télécommunications, l'ingénierie marine ou encore la météorologie. Les opportunités qui verront le jour grâce à la mise en orbite de Challenge One seront, en effet, aussi diverses que variées et ouvriront la porte à des investissements innombrables et sans précédent. Expliquons donc ce qu'est ce nano-satellite et à quoi est ce qu'il servirait. Dans sa définition la plus stricte, un nano-satellite est un satellite qui pèse, généralement, entre 1 et 10 Kg. Plébiscité car il coûte moins cher en termes de fabrication, il peut effectuer les mêmes taches qu'un satellite classique. Un nano-satellite est dédié le plus souvent à des missions d'observation de la Terre ou des expériences scientifiques dans l'espace. Doté d'un système dont chaque partie peut être programmée et contrôlée distinctement depuis les laboratoires de Telnet, Challenge One assurera, lui, cette mission d'observation et de collecte de données qui seront par la suite disponibles et accessibles pour un nombre d'utilisateurs illimités partout et en temps réel pour assurer, à titre d'exemple, le suivi des changements climatiques, la prévention des catastrophes naturelles, la connexion entre une multitudes d'objets et capteurs intelligents à l'aide du protocole de télécommunication LoRaWAN. Cette technologie de modulation permet, en effet, la communication de petits paquets de données entre plusieurs objets connectés à l'intérieur, à l'extérieur mais également en sous-sol. En d'autres termes, si l'on prend le cas d'un agriculteur dont les terres disposent d'un système d'irrigation intelligent, celui-ci peut voir son dispositif s'enclencher et arroser les récoltes suivant les données qui lui sont communiquées grâce au satellite, et ce sans intervention humaine ou programmation au préalable. Le dispositif fonctionnerait automatiquement en période de grande sécheresse, par exemple, après l'analyse des données météorologiques qui seront collectées par le satellite. Ceci constituerait, d'ailleurs, une véritable révolution pour un secteur qui demeure rudimentaire en dépit de son importance pour la balance économique. Dans le domaine maritime, ce satellite peut aussi aider à observer les courants marins ou mesurer la température des eaux et évaluer leur salinité ou niveau de pollution, pour ainsi développer le secteur de la pêche ou simplement les systèmes de navigation. Les secteurs du transport et de la logistique peuvent, aussi, bénéficier de cette réalisation technologique. Toujours grâce à des applications intelligentes, Challenge One pourrait transformer totalement la gestion aéroportuaire, un secteur actuellement aux abois et sans perspective de reprise. Le contrôle et le suivi en temps réel d'une marchandise deviendront, notamment, possible et plus fluide. En un mot, ce satellite nous permettra de rester informés et avec précision sur l'environnement dans lequel nous évoluons.
Nadya Jennene
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