Le président du mouvement démocratique, Ahmed Néjib Chebbi, a tiré à boulets rouges sur le président de la République, Kaïs Saïed, estimant qu'il est entrain de fomenter un coup d'Etat "soft" en entravant la formation du gouvernement et la création de la Cour constitutionnelle, puis en annonçant qu'il est le commandant suprême des forces armées, dans un post publié sur les réseaux sociaux lundi 19 avril 2021. « Depuis quelques jours, nous sommes témoins d'un coup d'Etat doux dirigé par le président de la République. Entraver la formation du gouvernement, opposer un véto à la création de la Cour constitutionnelle, et annoncer qu'il est le commandant des forces de sécurité intérieure à l'occasion de la commémoration de leur 65ème anniversaire constituent ses prémices », a-t-il avancé.
Et de poursuivre : « Le coup d'Etat n'est pas nécessairement militaire mais plutôt une action offensive illégitime visant à s'accaparer les bases du règlement des instances mises en place, leur travail et leurs prérogatives ».
Le politicien a souligné que le président de la République voulait profiter d'une faille constitutionnelle pour imposer son hégémonie et rester au pouvoir. A lire également Abdellatif Mekki : Les déclarations de Kaïs Saïed vont jeter de l'huile sur le feu
« Certes, il existe une faille dans la loi de 2015 car elle se limite aux fonctions militaires et diplomatiques du président sans évoquer les fonctions relatives à la sécurité nationale alors que celles-ci ont été attribuées au président de la République par la Constitution. Cette loi est devenue une loi d'Etat depuis six ans après son adoption par le parlement sans aucune objection. Elle ne peut être amendée qu'avec une initiative législative que le président peut soumettre au Parlement. En revanche, tirer profit des failles existantes dans la Constitution pour imposer son hégémonie et immiscer les institutions de l'Etat dans le conflit politique, n'est qu'une faute grave dont le président doit rendre compte. Cela peut même conduire à la destitution du président ».
Ahmed Néjib Chebbi a, dans ce sens, appelé à changer le régime politique qui est à l'origine du cafouillage au sommet de l'Etat. Il a également appelé à organiser un référendum concernant la modification du régime politique et l'organisation des élections anticipées, sans oublier le rôle imminent de la société civile. A lire également Rabeh Khraifi : Kaïs Saïed s'apprête à prendre de lourdes décisions !
« Le conflit tendu entre les trois présidences qui tétanise l'Etat, vient confirmer la nécessité de changer ce régime politique hybride qui a été créé sur mesure en 2014 par Ennahdha. S'orienter vers un nouveau régime politique permet de garantir l'union de l'exécutif et libérer le gouvernement de l'emprise des partis politiques mais cela ne peut avoir lieu qu'en tout respect des lois en vigueur et instances établies, sinon cela ne peut conduire qu'à la violence et aux confrontations », a-t-il conclu.
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