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Conflit ouvert entre Kaïs Saïed et Hichem Mechichi : qui a tort, qui a raison ?
Publié dans Business News le 25 - 01 - 2021

La date de ce lundi 25 janvier 2021 restera dans les annales. Jamais on n'a observé un tel conflit entre la présidence de la République et la présidence du gouvernement. Un conflit désormais public après la diffusion de la vidéo où l'on voit et l'on entend Kaïs Saïed sermonner Hichem Mechichi. Quelle est l'origine de ce conflit, qui a raison, qui a tort, Business News tente d'apporter les éclairages nécessaires.

La lune de miel entre Kaïs Saïed et Hichem Mechichi n'a duré que quelques jours. Le chef du gouvernement n'avait plus la confiance du président de la République avant même qu'il n'obtienne la confiance du Parlement le 1er septembre dernier. Dans les milieux politiques, c'était un secret de Polichinelle qui a fait les choux gras de tous les médias.

Ce qui s'est passé ce lundi 25 janvier 2021 est un épisode de plus dans ce conflit, mais il a le double mérite d'être spectaculaire et public. En effet, la présidence de la République n'a pas hésité à diffuser un communiqué et une vidéo de la réunion du conseil de sécurité et où l'on voit le président de la République sermonner le chef du gouvernement et toutes ces parties occultes, malades, insoignables, etc.
Le président a rappelé au chef du gouvernement qu'il a choisi de passer par le Parlement pour obtenir un vote de confiance, alors qu'il n'y a aucune loi qui l'y oblige. Cette question de passage par le Parlement est une habitude inscrite dans le règlement intérieur de l'ARP. « Le règlement de l'ARP se limite aux murs de l'ARP, a déclaré le président, mais comme vous avez choisi de respecter les habitudes, respectez la constitution ». Et le président de la République de rappeler que le chef du gouvernement n'a pas respecté l'article 92 de la Constitution en procédant à des restructurations de ministères sans passer par le conseil des ministres.
Le président de la République a également rappelé que le chef du gouvernement ne pouvait, en aucun cas, s'attribuer tout seul le portefeuille du ministère de l'Intérieur. « C'est du jamais vu dans l'Histoire. On ne peut pas se nommer soi-même par un décret », a crié le président.
Kaïs Saïed a indiqué ensuite que le chef du gouvernement a choisi un ministre (dans le futur gouvernement) qui a une affaire de corruption pendante devant la justice et trois autres ministres ayant des conflits d'intérêts. « J'ai juré de respecter la constitution, or la constitution est en train d'être piétinée devant moi », a indiqué le président en élevant la voix.

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Il a enfin soulevé la question de l'absence de la gente féminine dans la nouvelle composition gouvernementale.

C'était là les principaux extraits des remontrances du président qui a conclu par un « ça suffit, ça suffit, ça suffit ! (…) J'ai juré de défendre ce pays, ce peuple et cette révolution, mais je ne vous vois prendre la même direction. Dans ce cas, il y a la loi entre nous !».
La présidence n'a pas eu l'honnêteté intellectuelle de diffuser la réponse du chef du gouvernement (ce qui n'est pas une première) et les interventions des autres participants au conseil de sécurité. La seule réaction publique qu'on a vue est celle de l'après-midi quand Hichem Mechichi organisa un conseil des ministres virtuel pour contrer le président de la République qui lui a reproché de ne pas respecter l'article 92 de la constitution. Avec ce conseil des ministres improvisé, cet article est désormais respecté.

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Pourquoi en est-on arrivé là ?
L'origine du conflit remonte au mois d'août 2020 quand Kaïs Saïed apprit que la personne qu'il a nommée à la tête du gouvernement s'apprêtait à lui tourner le dos et le trahir. Comment cela ?
Kaïs Saïed a convenu avec Hichem Mechichi de nommer un gouvernement apolitique et de technocrates sans concertation avec les partis. Il a également convenu que le gouvernement ne devait en aucun cas remanié durant quelques mois. Sauf que Hichem Mechichi ne l'a pas entendu de cette oreille. Il a négocié en secret avec quelques partis, notamment Ennahdha, pour quelques portefeuilles et il a promis à ces partis que le gouvernement qu'il s'apprêtait à nommer ne va pas durer longtemps. Ayant eu vent de ces tractations, Kaïs Saïed a cherché à barrer la route à Hichem Mechichi et ce en demandant aux partis, la veille du vote de confiance, de ne pas accorder la confiance au gouvernement. En contrepartie, il leur a promis un nouveau chef du gouvernement qui prendra en considération leurs doléances et leur accordera des portefeuilles ministériels. Les partis, et à leur tête Ennahdha, n'ont pas joué le jeu. D'où la colère de Kaïs Saïed qu'il a bien exprimée le jour de la prestation de serment.
En nommant Hichem Mechichi, Kaïs Saïed a beaucoup parié sur sa fidélité. Il pensait avoir sous la main un Premier ministre exécutant ses ordres et sa politique, lui qui a remporté les élections avec 72%. Il avait la légitimité populaire et c'était suffisant à ses yeux pour pouvoir gouverner.
Hichem Mechichi a cependant un autre point de vue et il colle davantage à la constitution et ses principes.
Bien qu'élu au suffrage universel, le président de la République a des prérogatives limitées. Très limitées.
A contrario, le chef du gouvernement, non élu, a des prérogatives mille fois plus larges que celles du président de la République.

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Cet état de fait et ce dispatching des prérogatives est le choix des pères de la constitution de 2014 et principalement de l'ancien président Moncef Marzouki qui a pesé, à l'époque, de tout son poids pour imposer ce régime où aucun des trois présidents n'a les pleins pouvoirs. Dans sa tête, il fallait parer à toute volonté hégémonique. Sauf que ce régime a montré ses limites. Personne n'a les pleins pouvoirs, mais personne ne peut gouverner tranquillement. Le président ne peut pas faire grand-chose et le chef du gouvernement ne peut rien faire s'il n'a pas d'appui au Parlement. Quant à ce dernier, il est morcelé à souhait et il est le plus souvent difficile d'obtenir une majorité satisfaisant tout le monde. Point, parmi des centaines d'autres, la Tunisie n'a toujours pas de Cour constitutionnelle vu que l'échec de deux parlements pour en nommer une.

Ce qui s'est passé ce lundi 25 janvier 2021 est le fruit de cette constitution … malsaine. Le président de la République, très populaire, ne supporte pas d'être mis à l'écart par un chef du gouvernement qu'il a nommé lui-même. Le chef du gouvernement voudrait bien gouverner et jouir pleinement de ses prérogatives, mais il se doit pour cela de trouver des compromis avec le Parlement et notamment le parti majoritaire Ennahdha. Le compromis s'est transformé en compromissions…
Vu les erreurs de forme commises, le président de la République était là au tournant pour lui barrer la route et lui intimer l'ordre de respecter la constitution dans ses moindres détails.
Est-on dans une cour de récré ? Presque ! Quelle est la suite de cette querelle publique au sommet de l'Etat ? Quelle qu'elle soit, cette suite ne sera pas bonne. Dans une guerre, on laisse toujours des plumes et les plumes dont il s'agit sont les nôtres, nous autres tunisiens.

Nizar Bahloul


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