Positivons ! Essayons tout du moins. L'austérité n'a rien d'une fatalité ou d'une quelconque malédiction des dieux. Elle ne nous a pas non plus été imposée par le FMI. L'austérité frappe aujourd'hui à nos portes parce que nous avons tout fait pour ne pas l'éviter. Ce n'est en l'occurrence pas le FMI qui était venu vers nous mais bien nous qui sommes allés (plus d'une fois) vers le FMI. Le fait est là. Inutile d'épiloguer et de tenter d'en chercher les responsables, de dresser des échafauds aux coupables. L'entreprise risque d'être longue et périlleuse. Contre-productive et stérile comme le sont souvent les commissions d'enquête. La liste des responsables- coupables est longue, très longue, son éventail est large, l'éventail complet à vrai dire : les éternels sceptiques passés maîtres dans la diabolisation du FMI et les discours populistes, les gouvernements qui se sont succédés depuis dix ans et qui par grande myopie avaient pris le FMI pour la mère Theresa, les médias, tout du moins certains, bien plus prompts à verser dans le sensationnel et le populisme que d'éclairer l'opinion publique sur les grands choix qui engagent l'avenir, avec lucidité et en toute indépendance et sérénité. Dans ce large spectre, il ne faut pas bien sûr oublier d'inclure la société civile, surtout qu'elle n'a jamais été aussi active et influente qu'au cours de ces années au point qu'il n'était pas rare d'en arriver à confondre une association avec un parti politique, tellement les accointances, l'instrumentalisation et la récupération partisanes et politiques étaient devenues courantes. Dans ce grand marécage, des voix élevaient ici et là pour dire basta, pour alerter à la fois l'opinion et les décideurs sur le risque que nous courons à continuer à naviguer à vue, sans cap ni vision. Ces voix, rares il est vrai, étaient devenues la mauvaise conscience et du peuple et des gouvernants. Des brebis galeuses, politiquement incorrects dont certains paient aujourd'hui très cher le prix de l'audace et de la sincérité dans l'engagement. Positivons donc et regardons vers l'avenir. Au lieu de nous épuiser à chercher des coupables et à se jeter la pierre par acquis de conscience, ayons la lucidité et le courage de reconnaître nos erreurs et œuvrons, au moins pour une fois, à retenir, ensemble, les leçons de nos erreurs. Le FMI et la Banque mondiale nous préconisent entre autres mesures, le « ciblage » de la compensation. Nous n'avons guère d'autre choix, soutenir le contraire revient à verser de nouveau dans la démagogie et dans le populisme. Ce que nous pourrions tout au plus faire et devrions faire est de « négocier » une variante light de ce ciblage afin d'espérer pouvoir désamorcer à temps la bombe sociale qu'une variante hard et rigoriste ne manquera inéluctablement pas de faire exploser.