Lassés de la division de leurs leaders autoproclamés rassembleurs de la grande famille plus que jamais éparpillée, les destouriens se rebiffent et annoncent la fondation, à la suite des législatives et de la présidentielle, du Parti destourien unifié. Objectif : préparer les municipales, les régionales et les locales L'apparition télévisée de Mohamed Ghariani, dernier secrétaire général du RCD sur la chaîne Hannibal et sa grande interview au quotidien «Achourouk» dans lesquelles il s'est autoproclamé l'unificateur et le rassembleur que les destouriens cherchent désespérément depuis le 14 janvier 2011 a-t-elle sonné le réveil des destouriens décidés plus que jamais à refuser les divisions qui traversent leurs rangs et à s'opposer fermement à ceux qui veulent les diriger contre leur gré et leur tracer la voie à suivre? L'interrogation s'est imposée sur la scène politique nationale ces deux derniers jours et la réunion tenue, mardi, par quelque 65 hauts dignitaires appartenant au RCD et au PSD aussi et clôturée par l'annonce de la fondation après les élections, quels que soient leurs résultats, du Parti destourien unifié ne pouvait qu'alimenter encore plus les débats, voire la polémique, qui traverse la famille destourienne. Tarek Ben M'Barek, porte-parole de la coordination destourienne unificatrice, ne mâche pas ses mots : «Il est inacceptable que l'on se trouve aujourd'hui face à 101 listes de candidats à la députation se proclamant du référentiel destourien. Malheureusement, nos efforts pour unir nos rangs n'ont pas abouti aux résultats que nous attendions. A quelque quatre jours des élections, nous ne pouvons demander à nos militants que de voter selon leur conscience le 26 octobre prochain. Idem pour l'élection présidentielle où pas moins de cinq destouriens sont en lice, y compris Béji Caïd Essebsi, qui se présente sous la casquette nidaiste alors que tout le monde sait qu'il compte avant tout sur l'électorat destourien». Et Ben M'barek de révéler à La Presse : «Mardi 21 octobre, 65 parmi les dignitaires du RCD et du PSD se sont rencontrés pour crier, haut et fort, basta à la division, à la guerre des leaders et aux tentatives de récupération des destouriens et de leur instrumentalisation comme si ces derniers étaient des moutons de Panurge que tout un chacun pouvait guider. Nous exigeons qu'il y ait désistement au profit d'un candidat unique destourien à la présidentielle, un candidat qui rassemble la famille destourienne, un candidat qui obéit à des critères objectifs (expérience, passé honorable, crédibilité et présence avérées, etc.) que nous dresserons ensemble pour départager nos candidats et choisir le plus apte, le plus méritant et le plus rayonnant. Une fois que les législatives et la présidentielle auront livré leur verdict et quels que soient leurs scores ou les sièges que nous réaliserons, nous sommes déterminés à tenir un congrès pour la fondation du parti destourien unifié. Nous avons perdu quatre ans (notre premier mouvement de retour sur la scène nationale date de mars 2011) en essayant de ramener les brebis galeuses à la bergerie, en tempérant les ambitions démesurées des uns et des autres et en cherchant à réunifier la famille destourienne. Nous avons reconnu nos erreurs Aujourd'hui, il est temps de nous unifier et de montrer aux Tunisiens une autre image que celle qu'ils nous connaissent depuis la révolution. Et pour être franc, nous sommes condamnés à nous unifier. Tout simplement parce que nous risquons de perdre les prochaines échéances : les élections municipales, régionales et locales qui pointent à l'horizon». Peut-on affirmer, comme certains n'ont pas hésité à le faire, que le mérite du réveil destourien revient à Mohamed Ghariani qui a décidé de rassembler les destouriens, une fois que Béji Caïd Essebsi a pris la décision de se passer de ses services en tant que conseiller spécial ? «Tout d'abord, réplique Tarak Ben M'barek, je dois rappeler à ceux qui font de telles analyses que la coordination pour l'unification destourienne a vu le jour en mars 2011 et qu'elle a tenu jusqu'à mardi 21 octobre 39 réunions qui ont rassemblé des centaines de militants destouriens et du RCD représentant toutes les régions. Malheureusement, les résultats n'ont pas suivi. Toutefois, nous pouvons affirmer que nous sommes revenus sur la scène et nous avons réussi à donner une image de destouriens patriotes, intègres et responsables. Nous avons reconnu nos erreurs et nous avons organisé une conférence nationale pour faire notre autocritique. Aujourd'hui, nous exigeons d'assumer notre part de responsabilité dans le processus d'édification de la Tunisie démocratique. Au cours de ce travail de longue haleine, beaucoup de personnes, comme Hamed Karoui, Omar S'habou et dernièrement Mohamed Ghariani, se sont proposées de rassembler les destouriens. On ne pouvait qu'applaudir de telles initiatives. Mais de là à récupérer la volonté des destouriens et à s'imposer leader de la 25e heure et héritier du grand Bourguiba, nous disons basta! Si on n'a pas encore saisi que seule la base destourienne a le droit exclusif de décider de notre avenir, c'est qu'on n'a rien compris».