Le président de la République, Kaïs Saïed a été l'invité de Taoufik Mjaied sur la chaîne d'information France 24. Lors de cette interview diffusée, mercredi 19 mai 2021, il est revenu sur le regain d'hostilités dans la bande de Gaza pilonnée depuis lundi dernier par les forces de l'armée de l'occupation israélienne, ainsi que la situation économique de la Tunisie, entre autres. Notant qu'il avait arboré un pin's aux couleurs du drapeau palestinien – à l'occasion de sa visite en France pour participer au sommet sur le financement des économies africaines – en guise de message au monde entier, il a réitéré qu'il continuerait à œuvrer pour la cause palestinienne. « La Palestine est dans nos cœurs. L'humanité tout entière doit œuvrer pour mettre fin à cette injustice, à ce massacre… », a-t-il lancé. Interpellé sur le débat en Tunisie autour de la criminalisation de la normalisation avec l'Etat sioniste, le chef de l'Etat a soutenu que chaque pays était libre de ses choix soulignant, toutefois, qu'il n'est guère normal d'avoir des relations avec un état colonisateur et que tourner le dos aux droits des Palestiniens relève de la haute trahison. Il a laissé, également, entendre que la normalisation avec l'Etat sioniste était une reconnaissance de la défaite. « J'ai horreur de cette expression qu'est la criminalisation (…) La normalisation ne figurait, d'ailleurs, pas dans nos dictionnaires avant les Accords de Camp David (…) C'est le sionisme qui les a introduites », a-t-il indiqué avant d'ajouter : « Je parle ici uniquement du sionisme. Nous n'avons rien contre les juifs. Ils vivent en Tunisie et ils sont protégés en tant citoyens tunisiens jouissant des mêmes droits ». Interrogé sur le climat des affaires en Tunisie et les besoins du pays en aides financières – un des sujets de débat du sommet sur le financement des économies africaines -, Kaïs Saïed a signalé que la Tunisie avait certes besoin d'argent mais avait surtout besoin de justice sociale, d'un climat politique assaini et d'éradiquer la corruption. Il a, à l'occasion, rappelé qu'en tant que chef d'Etat, il souhaiterait, entre autres, passer de l'Etat de droit et des textes constitutionnels à la « société de droit ». « Quand la loi traduit la volonté du peuple, quand le responsable assume ses responsabilités devant ses électeurs et quand ceux-ci ont la capacité de résilier ce mandat (…) c'est alors que le pays aura la possibilité d'éradiquer la corruption. La Tunisie jouit de toutes les ressources. Mais malheureusement, plus on ajoute des textes (de loi, ndlr), plus de voleurs on aura », a-t-il martelé. Kaïs Saïed s'est rendu à Paris, lundi 17 mai 2021, à Paris sur invitation de son homologue français, Emmanuel Macron, pour participer au sommet euro-africain dont l'objectif est d'examiner de nouvelles structures de financement au profit des économies des pays du continent africain sinistrés par la pandémie Covid-19.