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La Tunisie : et s'il suffisait juste de relire son histoire ?
Publié dans Business News le 10 - 06 - 2021


Mots de départ d'un passionné du pays du jasmin
Mon mandat en tant que Représentant Résident de la Banque mondiale en Tunisie touche à sa fin. Pendant quatre ans, j'ai travaillé au service de la Tunisie en me consacrant à ses problèmes et en essayant de l'aider à trouver son chemin vers la reprise. Quatre années d'efforts au service d'un pays fascinant, au terme desquelles j'essaie aujourd'hui de prendre un peu de recul pour écrire un dernier blog et partager un peu de mon expérience.
En Tunisie, tirer les leçons de l'Histoire avec un grand H, est un argument devenu un peu dépassé, mais qui mériterait d'être examiné pour tirer les leçons apprises et permettre au pays de renaître de ses cendres, tel que l'avaient fait les Carthaginois à moult reprises au cours de l'histoire. Dans son histoire plus récente, la Tunisie s'est établie comme une source d'inspiration et d'espoir pour toute une région, avec sa résilience et son avancée sur le chemin vers la démocratisation.
Le déclic d'écrire ces lignes s'est fait en moi lorsque ma fille, travaillant sur ses cours de latin, m'a évoqué la fameuse phrase de Caton : 'Carthago Delenda Est'. J'ai fait une plongée de 40 ans en arrière, lorsque moi-même, en tant que 'latiniste' à l'école, j'ai découvert les fameux textes romains, d'Enée à Didon, jusqu'à l'histoire passionnante, mais tragique, des guerres entre Rome et Carthage.
Après avoir visité à multiples reprises les principaux sites archéologiques de la Tunisie, et en admirant sans me lasser les ports puniques depuis chez nous, je suis encore et toujours frappé par l'ampleur de l'importance historique de ce pays. Et si les évènements politiques récents ne sont pas suffisamment porteurs d'espoir quant à l'avenir du pays, c'est peut-être dans le passé qu'on pourrait puiser de l'inspiration.
Tout d'abord, en ce qui concerne le rôle de la femme tunisienne (le sujet de mon billet de blog de décembre). Les compétences en négociations de Didon, d'abord pour fonder Carthage, ensuite pour convaincre Enée (ou presque) de rester à Carthage au lieu de retourner chez lui, ainsi que le courage des femmes carthaginoises dans les guerres avec Rome, sont assez légendaires. Aussi n'y-a-t-il rien de surprenant, peut-être, au rôle historique des femmes dans la société, la politique, l'administration et la vie culturelle en Tunisie.
Malheureusement, les données statistiques actuelles reflètent une image bien différente – à savoir, une participation de plus en plus réduite des femmes dans la vie économique. Les derniers chiffres sur le chômage montrent encore une baisse considérable en matière d'emploi féminin. Force est de constater que la Tunisie ne tire pas parti de ses plus grands atouts, que sont le savoir-faire, le courage et l'intelligence des femmes.
Lors d'une visite récente à l'Institut Supérieur de Biologie Appliquée de Médenine (ISBAM), j'ai été frappé par la qualité des interactions avec les étudiants en sciences, particulièrement les jeunes femmes, qui représentaient 80 % des étudiants de la section, encore une fois, en sciences. Même constat lors de notre visite à l'Institut Supérieur des Etudes Technologiques (ISET) de Tataouine, comme par le passé à l'ISET de Sidi Bouzid.
Une question s'impose alors : où disparaît tout ce talent féminin dans lequel le pays investit considérablement ? La question reste sans réponse. Selon moi, cette 'disparation' du talent féminin, qui domine les centres universitaires mais qu'on ne retrouve pas sur le marché de travail, est l'une des questions fondamentales pour le futur économique de la Tunisie, un sujet qui ne se discute malheureusement pas de nos jours ­dans les débats politiques.
Vient ensuite la capacité du pays à se réinventer. Lorsque l'on visite la colline de Byrsa, pas loin de chez nous, l'on peut encore observer, même après plus de 2 000 ans, les traces des incendies qu'avaient allumés les Romains après leur victoire finale dans les guerres puniques. Cette destruction des plus vicieuses aurait pu mettre fin à tout espoir de développement ; et pourtant… Les terres tunisiennes se sont réinventées en utilisant le savoir-faire du pays dans le commerce et en développant leurs richesses : huiles d'olives de qualité, produits de la mer, et, grenier de l'Empire romain, les marbres de Chemtou, que l'on retrouve un peu partout en Europe, pour n'en citer que certaines.
Jusqu'à très récemment, les terres et villes tunisiennes comptaient encore parmi les plus riches et les plus fertiles au monde. Aujourd'hui, la Tunisie est obligée encore une fois de se réinventer, et puiser dans son histoire devrait lui apporter une certaine dose d'espoir. Mais à ce jour, le pays est verrouillé dans un modèle économique dépassé, qui ne génère pas d'emplois pour la jeunesse (une jeunesse qui, pourtant, renferme un talent immense) et qui ne tire pas parti de ses atouts. Il lui faut impérativement utiliser les compétences bien connues de ses régions, enrichir son expérience dans le commerce, développer l'innovation, et mettre l'accent sur la qualité et la concurrence pour développer une nouvelle approche économique.
Malheureusement, l'année écoulée marque clairement un retour aux pratiques dépassées du protectionnisme, avec un manque de progrès en matière de libéralisation de l'initiative économique et entrepreneuriale. Conjuguée avec la préférence des institutions financières d'accorder des prêts aux entreprises publiques ou à l'Etat, au lieu de soutenir l'entrepreneuriat, cette tendance n'aidera pas le pays à surmonter la crise actuelle. Les décideurs pourraient trouver utile d'entreprendre une étude historique des épisodes de réinvention qui ont marqué le pays. Aujourd'hui plus que jamais, une révision des étapes historiques de la transformation économique du pays s'impose encore davantage.
Nous avons publié plusieurs blogs sur le tourisme alternatif et les produits régionaux. Si l'on visite les sites de Dougga, Sbeïtla et autres, on peut encore voir les images en mosaïque des produits régionaux prisés à travers l'Empire romain. Ces terroirs, que sont aujourd'hui les régions de Béja, Kasserine et Jendouba, étaient des régions prospères, notamment grâce à la qualité de leurs produits. La question se pose alors : comment expliquer qu'aujourd'hui ces mêmes zones comptent parmi les plus sinistrées et les plus pauvres ? L'une des raisons est certainement la 'fuite des cerveaux' susmentionnée, cette même jeunesse qui regorge de talents, mais qui souffre cruellement d'un manque d'opportunités. Une autre explication est un niveau de vie dégradé, résultant d'un manque d'investissement dans le cadre de vie, ou même dans les infrastructures de base, des centres urbains. Délaissés, ces centres urbains n'attirent pas les investisseurs ni les enseignants, les spécialistes de la santé ou toutes autres personnes capables de fournir des services publics adéquats.
Carthage a été développée à un niveau qui était devenu presque obsessionnel pour les dirigeants romains ; même après avoir été détruite par la guerre, elle est réapparue par la suite dans toute sa gloire. La juxtaposition de ce passé marqué par l'excellence, la résilience, l'existence d'opportunités pour tous et toutes, et du manque d'espoir qui règne à l'heure actuelle, est des plus douloureuses à observer.
Il est décevant de constater que la majorité des sites historiques en Tunisie, tous plus magnifiques les uns que les autres, sont aujourd'hui délabrés. Pour le moment, le pays ne semble tirer parti ni de ses leçons historiques, ni de ses multiples atouts, qui pourraient l'aider à surmonter la situation économique dans laquelle il se trouve aujourd'hui. Pire encore, et c'est un autre facteur bien connu qui avait contribué à la défaite de Carthage et qui est aujourd'hui au centre des débats dans les médias et entre décideurs : la corruption.
En définitive, pour moi, la capacité du pays à pouvoir surmonter ses défis ne fait aucun doute. Mais pour ce faire, une prise de conscience par toutes les parties prenantes de la Tunisie de tout ce qui a fait de ce pays un centre d'excellence dans le monde ancien, même quand les conditions semblaient insurmontables, est indispensable.
Il me reste à remercier nos partenaires tunisiens et internationaux pour quatre années de coopération soutenue et constructive, et bien évidemment mon équipe de la Banque mondiale, ici à Tunis et ailleurs, pour son dévouement et son engagement continus à apporter leur soutien à la Tunisie , notamment lors de la difficile période de crise de COVID-19 qui nous a tous et toutes affectés ces derniers 16 mois.


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