Le leader d'Ennahdha et gendre de Rached Ghannouchi, Rafik Abdessalem, a réagi, ce mardi 22 juin 2021, aux propos tenus la veille par le président de la République Kaïs Saïed lorsqu'il a reçu l'ancien dirigeant d'Ennahdha Lotfi Zitoun.
Le chef de l'Etat avait affirmé qu'« auparavant, le problème résidait dans l'absence de pluralité politique et non dans la constitution » et que « la Constitution de 2014 a prouvé, par l'expérience, qu'elle n'était pas adaptée au contexte actuel. Il y a aujourd'hui des verrous sur chaque article de la Constitution ».
Ainsi et dans un post Facebook, M. Abdessalem a ainsi martelé en réponse : « Ce qui s'est passé le 14 janvier n'est pas une explosion révolutionnaire, n'étant ni un événement soudain ni un événement passager, tel qu'une explosion terroriste, etc. Ce qui s'est passé, c'est un mouvement populaire sérieux qui s'est élevé au niveau d'une révolution au sens plein du terme, une révolution plus grande que les personnes, les dirigeants et les partis. Une révolution qui s'est achevée par la Constitution de 2014, qui a établi les valeurs de liberté et a mis fin à jamais à la domination individuelle ». Et de soutenir : « Parler d'explosion révolutionnaire puis glorifier la Constitution de 1959, en recherchant des formules tordues et des justifications fragiles pour soutenir ces propos, cela représente une atteinte aux acquis de la révolution, un comportemetn hors de la légitimité et une action pour installer un régime présidentiel malade qui a étouffé les Tunisiens pendant des décennies successives ».
Le leader nahdhaoui a appelé le président de la République à cesser ces tergiversations stériles sur la Constitution, les prérogatives et la nature du régime politique, afin que tous les efforts soient dirigés pour contrer la pandémie qui menace la vie des Tunisiens à Kairouan, à Siliana et à Béja, etc. Il a estimé que ce qui se passe est de « l'absurde dans de l'absurde » et que ce qui est demandé au chef de l'Etat est de ratifier la loi sur la Cour constitutionnelle, mettre fin à la guerre des textes et des explications et se diriger vers le traitement des dossiers de la santé, de l'économie et du développement.
Rafik Abdessalem a souligné que les révolutions ont une voie tortueuse, mais leur destin est de triompher de leurs adversaires. Et de considérer que les Tunisiens ne sont pas satisfaits de leurs situations et leur classe politique mais que « cela ne veut pas dire qu'ils veulent revenir à la situation d'avant le 14-janvier, mais plutôt qu'ils veulent plus de progrès vers l'avenir et non une régression vers le passé, soit une consolidation de la liberté garantie par la constitution de la révolution, son renforcement avec le développement, la justice et l'amélioration des conditions de vie ».
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