Philippe de Veulle, avocat des victimes françaises de l'attentat du Bardo, est revenu, vendredi 16 juillet 2021, sur les développements relatifs au dossier du juge Béchir Akremi. « J'alerte depuis six ans sur l'éventualité de la complicité du juge d'instruction qui a libéré des présumés complices de l'attentat pour motif de torture non avérée. Il était pourtant établi que ces personnes ont eu un lien direct avec les terroristes abattus au Bardo. L'enquête a été entachée d'irrégularités et tous les éléments corroboraient les liens présumés qu'avait le juge avec les islamistes et Ennahdha », a rappelé l'avocat, dans une déclaration accordée à Business News.
Philippe de Veulle s'est dit victime de menaces de mort et de harcèlement ajoutant que l'affaire Akremi est un scandale d'Etat majeur et très grave, une affaire de terrorisme « rocambolesque », dans lequel un juge est, de surcroît, mis en cause par la défense française et le comité tunisien de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. « Ce qui se passe en ce moment n'est que le début du commencement et quand la pelote va être démêlée des éléments plus graves vont être révélés. S'il a été suspendu par le Conseil de l'ordre judiciaire, c'est que le rapport à son encontre est accablant et le fait que toute la faune islamiste le soutient n'est qu'une preuve supplémentaire des liens qu'il entretient avec eux », a-t-il souligné. Me de Veulle a enfin affirmé qu'à la lumière de l'avancement du dossier il allait demander la réouverture d'une enquête sous couverture internationale. « Tous les pays touchés par l'attentat du Bardo devraient demander des comptes à l'Etat tunisien » a-t-il conclu.
Rappelons que Béchir Akremi a été épinglé par le Comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi pour son traitement du dossier des assassinats politiques, allant même jusqu'à l'accuser de complicité, et d'être proche du mouvement Ennahdha. Les avocats du Comité de défense, ont annoncé au public lors d'une conférence de presse que l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi, aurait étouffé quelque 6268 dossiers terroristes. Le 12 juillet, le Conseil de discipline relevant du Conseil supérieur de la Magistrature s'est réuni, pour poursuivre l'examen son dossier disciplinaire. L'ancien procureur est intervenu après les plaidoyers de ses avocats pour demander aux membres du conseil de se contenter de ses argumentations juridiques à propos du rapport de l'inspection générale du ministère de la Justice et de ne plus attendre la réponse de l'inspecteur général à la correspondance qui lui a été adressée par le conseil lors de l'audience précédente. Béchir Akremi a finalement été suspendu et son dossier transféré au parquet.