« Je considère que j'ai échoué. Je n'ai pas pu convaincre les gens de trouver une solution à la crise et à faire baisser les tensions à travers le dialogue. Lorsque j'ai rencontré le président de la République, on m'a qualifié de traître et d'homme de main de Kaïs Saïed. On m'a critiqué lorsque j'ai affirmé qu'il n'y a rien de glorieux à insulter le président de la République », a déclaré le député du mouvement Ennahdha, Samir Dilou. Invité de l'émission Politika sur les ondes de Jawhara FM, Samir Dilou a défini la politique comme étant l'amélioration du quotidien du peuple. « Il faut se focaliser que sur la réalité et comment la gérer. Le chef du gouvernement, principale partie concernée, a décidé de ne pas être un obstacle. Maintenant, il nous faut penser aux garanties des droits et libertés », a-t-il affirmé. « Je ne cherche pas à occuper un poste dans le futur. Le véritable patriote est celui qui se sacrifie et milite pour le bien de son pays. Celui qui cherche à être un martyr devrait le faire en luttant contre le Coronavirus et non pas dans le cadre d'une crise politique », a poursuivi l'élu. Par ailleurs, le député a révélé qu'une partie des agressions et événements survenus au sein de l'hémicycle étaient préméditées. D'autres députés qui n'ont pas su se contenir, selon lui. « Les politiciens, les footballeurs, les journalistes, les artistes et autres influenceurs doivent donner l'exemple. Il est tout à fait normal de voir une réaction pareille de la part des Tunisiens quand on voit ce qui s'est passé à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) », a estimé Samir Dilou.
Concernant la situation du mouvement Ennahdha en interne, Samir Dilou a expliqué qu'auparavant, il représentait une minorité au sein du parti. « Actuellement ma position ne représente pas celle des institutions officielles du parti. Le mouvement Ennahdha pourrait réviser ses positions dans le futur. Jai pensé à démissioner du parti, mais j'ai choisi de rester pour réformer de l'intérieur et ne pas fuir mes engagements envers ceux qui m'ont élu et qui m'ont fait confiance », a-t-il dit. « Maintenant, la tendance commence à s'inverser et nos partisans demandent une autocritique et une évaluation, en plus d'une meilleure gestion de la situation… Plusieurs membres tiennent des leaders pour responsables de la situation actuelle et demandent qu'ils répondent de leur échec », a-t-il précisé. Il a, également, souligné le fait que les jeunes ont choisi de brûler les locaux du mouvement Ennahdha et non pas ceux des municipalités ou des commissariats. « Il faut comprendre le message derrière cette réaction. Les partis qui ont gouverné, dont Ennahdha, doivent assumer leurs responsabilités », a-t-il continué. Selon lui, il faut comprendre la réaction du peuple et assumer la responsabilité en élaborant un diagnostic et en assumant les responsabilités et par la suite réformer et changer. « Soit nous allons nier la réalité et attendre que la situation se calme, soit nous allons étudier les faits tels qu'ils sont véritablement », a ajouté le leader du mouvement Ennahdha. « Je n'étais pas présent le soir du 25 juillet 2021 devant l'ARP car j'étais contre cette décision. Certains valorisent la symbolique de la chose. Elle peut exprimer une position politique. Les interprétations varient et j'avais considéré que se présenter devant l'ARP et l'armée n'aurait pas été efficace », a-t-il déclaré. Par ailleurs, Samir Dilou a appelé Rached Ghannouchi à voir les choses telles qu'elles sont et prendre des décisions efficaces et concrètes. Par la suite, s'adressant au président de la République, il a affirmé qu'il est confiant par rapport aux prochaines décisions possibles. « Je suis certain qu'il n'est pas un dictateur. Vos poches ne sont pas remplies d'argent mal-acquis, il est donc impossible que vos mains soient tachées de sang », a-t-il déclaré. Pour ce qui est des déclarations de Radhouane Masmoudi, Samir Dilou lui a demandé de publier des excuses. « Il aurait dû se taire », a-t-il conclu. Concernant la lutte contre la corruption, l'élu a affirmé qu'il faut des actions plus que des paroles. Il a, aussi, nié avoir connaissance d'une commission chargée de collecter et blanchir de l'argent et des dons au sein du mouvement Ennahdha. « Je n'ai jamais été concerné par les questions d'ordre financier au sein du parti », a-t-il précisé.