Le coup opéré le 25 juillet par le président de la République, Kaïs Saïed, aurait bien été cautionné par les Etats-Unis. C'est ce que son frère, Naoufel Saïed, a laissé entendre, lundi 16 août 2021, dans un statut publié sur Facebook au sujet du retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan. Présentant sa propre lecture de la situation et ce que le retour des Talibans apporterait aux Etats-Unis, Naoufel Saïed a souligné : « les Américains n'aiment pas trop les changements non programmés qu'ils ne cautionnent pas au préalable… mais…je ne vous en dis pas plus…. vous aurez certainement compris tout le reste.... ».
Pour arriver à cette conclusion, M. Saïed a avancé ce qui suit : « Les USA et Afghanistan : Très pragmatiquement, pour les Américains un accord programmé – j'insiste bien sur le qualificatif « programmé » ( depuis les Accords de Doha de Février 2020) avec leur allié d'avant-hier , leur ennemi d'hier et une nouvelle fois leur allié d'aujourd'hui , une fois « apprivoisé » et « modérés» avec des ongles bien limées (regardez un peu les déclarations des « nouveaux Talibans » sur l'éducation des filles et le travail des femmes ) est salutaire à plus d'un titre.
En effet, ces Talibans « New Look » ( est-ce vraiment le cas?!) sont voués ( ont – ils réellement le choix ?!) et programmés pour devenir des alliés aux Occidentaux dans la région ( comme c'était le cas auparavant suite à l'invasion soviétique de l'Afghanistan en décembre 1979 ) – pour contrer « by proxy », Al Qaida et groupes similaires – objectif déclaré- mais sur le flanc ouest de l'Iran , aussi bien et surtout ce dernier, que , dans un moindre degré, la Russie ( stratégie d'encerclement) – objectif non déclaré- . En effet , un new deal avec des Talibans new look vaut stratégiquement dans la région beaucoup mieux et est de loin moins coûteux et plus « rentable » pour le Américains qu'un soutien inefficace à un pouvoir « anti –taliban » corrompu , faible et inefficace et qui, de toute façon, n'a pas pu contrôler son territoire après 20 années de soutien occidental ininterrompu.
Pour résumer, les Américains atteindront au travers de cette nouvelle donne au moins et de manière simultanée quatre objectifs aussi importants les uns que les autres:
1- Ils s'enlèvent une épine du pied en faisant l'économie d'une implication militaire directe fort coûteuse en hommes et en matériels en Afghanistan.
2- Ils s'octroient un allié dans la région pour lutter contre Al-Qaïda et groupes similaires.
3- Ils se débarrassent d'un allié qui manifestement n'a pas pu faire le poids dans la région pendant 20 ans .
4- Stratégiquement, au vu de la nouvelle donne iranienne dans la région , ils vont pouvoir se redéployer avec leurs nouveaux alliés dans un Afghanistan stabilisé pour conter sur le flanc ouest de l'Iran aussi bien ce dernier que la Russie ».
Vendredi dernier, une délégation américaine de haut rang est arrivée en Tunisie pour rencontrer le chef de l'Etat. Conduite par le secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis pour le Proche-Orient, Joey Hood, cette délégation a transmis au locataire de Carthage un message écrit de son homologue américain Joe Biden et a assuré, lors de son entretien avec Kaïs Saïed, que les Etats-Unis d'Amérique restaient attachés à l'amitié stratégique avec la Tunisie, et soutenaient le processus démocratique.