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Où est l'UGTT ?
Publié dans Business News le 18 - 08 - 2021

Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'UGTT, multiplie les rencontres ces deux derniers jours avec des élus et des chefs de partis comme Mohsen Marzouk ou Ghazi Chaouachi. Pourtant, cette récente activité du patron de la centrale syndicale peine à cacher le fait que l'UGTT semble absente de la scène politique à une étape délicate de l'Histoire du pays.
L'organisation syndicale offrait un soutien indéfectible au président de la République. Noureddine Taboubi était de toutes les grandes décisions et était consulté à chaque virage important, à tel point qu'il faisait partie des présents quand Kaïs Saïed s'était résolu à demander la démission de Elyes Fakhfakh. Mais il semble que les choses aient changé, surtout depuis que le président de la République a déclaré que le dialogue (le dialogue national de 2013, ndlr) n'était pas « national ». Une déclaration qui avait déclenché l'ire de l'organisation et qui, aujourd'hui encore, reste dans toutes les têtes.
Mais de manière plus générale, l'UGTT semble s'être embarquée aux côtés d'un président atypique et imprévisible sans en mesurer toutes les conséquences. Après l'annonce du 25-juillet, la centrale syndicale avait publié un communiqué tiède disant en substance : on soutient le président mais nous souhaitons avoir des garanties constitutionnelles. L'organisation est tiraillée entre la volonté de voir les choses changer et accessoirement enlever le volant du pays aux islamistes, et entre des craintes sur des velléités totalitaires qui pourraient être alimentées par la prise de contrôle du pouvoir par le président. L'UGTT s'est enfermée dans cette dualité sans pouvoir influencer la donne, puisque la dernière rencontre en tête-à-tête entre le chef de l'Etat Kaïs Saïed et Noureddine Taboubi date du 11 juin 2021.

Autre accroc de taille dans la relation entre l'UGTT et le président : l'initiative de dialogue. Le chef de l'Etat a pris plusieurs mois pour daigner exprimer un avis sur une initiative de dialogue national proposée par l'organisation syndicale en novembre 2020. Une initiative qui aurait pu donner une bouffée d'oxygène au pays avant que les choses n'empirent sérieusement. Le président de la République refuse tout dialogue avec les représentants d'Ennahdha et de Qalb Tounes et ne cesse de répéter qu'il ne dialoguera pas avec « les corrompus » sans jamais préciser de qui il s'agit. Mais de l'autre côté, il ne peut pas, politiquement, opposer un « non » définitif et malvenu à une organisation comme l'UGTT, donc la présidence a jonglé. D'abord, c'est « oui, mais » très timide qui a été exprimé sans aucun sérieux de la part de Carthage. Ensuite, il fallait organiser des réunions de coordination entre les représentants de l'UGTT et ceux de la présidence, chose qui n'a jamais été faite. Puis, le président a exigé la participation des jeunes à ce dialogue, sans dire de quels jeunes il s'agit, ni de quelle manière ils pourront participer. Résultat des courses, l'initiative de dialogue de l'UGTT est restée lettre morte portant ainsi un coup douloureux à la crédibilité de l'organisation.
Depuis l'annonce des décisions présidentielles du 25-juillet, l'UGTT adopte une position attentiste et très prudente. Il est fort à parier que les dirigeants de la centrale ont entendu parler des décisions du président via la page Facebook, comme tout le monde. L'UGTT garde aussi le silence devant certains abus concernant les interdictions de voyage ou encore les placements en résidence surveillée malgré le fait qu'ils s'étaient dit « attachés aux garanties de protection des droits » dans le communiqué du 3 août. La position de l'UGTT est faible et le président de la République l'a mise hors-jeu depuis le début. Sous la houlette de Noureddine Taboubi, la centrale syndicale s'est acharnée à être dans les bonnes grâces présidentielles pour, au final, se retrouver en position de spectateur de ce qui se passe dans le pays. A une semaine de la fin du délai que le président s'est fixé, l'organisation nationale ne bronche pas et se mure dans le silence. Est-ce un silence tactique et calculé pour ensuite reprendre l'initiative ou est-ce un silence dû à l'incompréhension et au flou que le président a lui-même installé ?

Il faut aussi souligner que la situation interne de l'UGTT n'est pas confortable. Certains ne se remettent pas encore du fameux congrès exceptionnel non-électif tenu à Sousse en pleine pandémie et qui a permis d'amender le règlement intérieur de la centrale pour que Noureddine Taboubi, et d'autres, puissent prolonger leurs mandats à la tête de l'organisation. Une entorse au règlement et à la bienséance démocratique qui sera entérinée de façon définitive lors du congrès –électif cette fois- de l'UGTT qui se tiendra mi-février 2022 à Sfax. Plus la tension interne augmente au sein de l'UGTT, moins elle a de marge de manœuvre pour traiter des affaires nationales.
L'UGTT est le seul organisme qui a le poids et la crédibilité nécessaires pour s'opposer à toute dérive autoritaire de la part du président. C'est aussi l'une des parties avec lesquelles il faut composer pour trouver des solutions pour le pays. Le chef de l'Etat peut aujourd'hui s'offrir le luxe de faire cavalier seul et de joueur au sauveur de la nation. Mais quand il faudra avoir des réalisations et un bilan, quand il faudra passer à l'action et réformer réellement les choses, il sera obligé de composer avec la centrale syndicale. Pour l'instant, les relations entre les deux ne semblent pas être au beau fixe.


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