Le directeur exécutif du parti Amal, Ridha Belhaj, a affirmé que le gel du parlement représente un coup d'Etat et que le prolongement des mesures exceptionnelles signifie une rupture avec l'application de la Constitution. Lors de son passage à la radio Shems FM le 25 août 2021, Ridha Belhaj a déclaré : « Nous sommes dans une situation de fait où le président de la République jouit, en dehors de la Constitution, des pleins pouvoirs exécutifs et législatifs ». « Je considére que l'analyse la plus adéquate est celle opérée par de véritables experts en droit constitutionnel tels que Slim Laghmani, Sana Ben Achour et Yadh Ben Achour. Sghaier Zakraoui fait de la politique et il n'est pas spécialisé en droit constitutionnel », a-t-il ajouté. « Le président de la République a monopolisé le pouvoir. Il y a application de procédures illégales. Les assignations à résidence et les interdictions de voyage ont lieu sans jugement ou sentence… Après 10 ans de transition démocratique, nous nous sommes retrouvés dans une situation de non-respect de la Constitution », a critiqué Ridha Belhaj. Ridha Belhaj a,également, considéré que le président de la République essaie d'interférer avec le fonctionnement de la justice tunisienne en critiquant la non-arrestation de certains. Il a, également, déploré l'absence de dialogue et d'accord entre les acteurs politiques, ainsi que la prise de décision de façon unilatérale de la part de Kaïs Saïed. Il a rappelé que, lors des crises précédentes, la solution a résulté du dialogue national et que le prix Nobel de la paix a été décerné au quartet du dialogue national (UGTT, UTICA, LTDH et ONAT). « L'UGTT est une organisation nationale. Elle a eu un grand rôle dans la sortie des crises précédentes et c'est pour cela que nous nous sommes entretenus avec son secrétaire général. Nous avons exprimé notre inquiétude quant au prolongement sans délais des mesures exceptionnelles… Plusieurs personnes ne sont pas conscientes que les européens ne sont pas favorables à la situation actuelle. Ils veulent maintenir un processus démocratique en Tunisie », a-t-il poursuivi
Ridha Belhaj a, également, affirmé que les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite et autres pays ne peuvent pas sauver la Tunisie. Il a considéré que la seule solution est la mise en place d'un programme de réforme aligné aux attentes des institutions financières internationales et élaboré par un gouvernement soutenu par les organisations nationales et les partenaires sociaux. « Aujourd'hui, le président de la République traite un sujet qu'il ne connaît pas : l'économie tunisienne. Il s'agit d'un sujet technique. Les décisions parachutées ne permettent pas de baisser les prix. Forcer les serrures d'entrepôts avait lieu durant le quatrième ou le cinquième siècle et non-pas dans un Etat moderne ! Les discours et monologues ne conduiront pas à la mise en place de réformes ! », a-t-il insisté. Par la suite, Ridha Belhaj a affirmé que le prolongement des mesures exceptionnelles sans feuille de route, programme et limite mène la Tunisie vers l'inconnu. De plus, le président de la République ne bénéficie pas de soutien à l'international. Par ailleurs, Ridha Belahaj a considéré que la déclaration du ministre algérien des Affaires étrangères, qui avait affirmé que son pays s'opposerait à toute ingérence étrangère en Tunisie, visait les individus voulant maintenir l'instabilité politique en Tunisie. Enfin, Ridha Belhaj a souligné l'importance d'un dialogue national avec l'ensemble des acteurs politiques (PDL, Ennahdha et autres). Il a insisté sur l'impact du dialogue sans exclusion dans l'amélioration de la situation en Tunisie. « Le président de la République a visité des chambres frigorifiques afin de baisser les prix. Ces derniers ont, par la suite, augmenté. Dire que l'origine du problème est la démocratie et qu'il faut monopoliser les pouvoirs est dangereux. S'il y a quelques députés qui ont enfreint la loi, ceci ne signifie pas que nous devons détruire ce qui a été accompli durant ces dix dernières années », a-t-il dit.