L'ancien président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) Mustapha Ben Jaâfar, a estimé, lors de son intervention ce jeudi 26 août 2021, sur Mosaïque FM, que le président de la République, Kaïs Saïed, a été contraint d'activer l'article 80 de la constitution pour répondre à un contexte exceptionnel qui n'a que trop duré. « Cela fait des années que le pays est dans l'anarchie. Entre 2014 et 2019, tout était à l'arrêt, tout ! Les revendications populaires de la révolution ont été reléguées au second plan. Oui, depuis la révolution il y a eu des erreurs, la révolution tunisienne a cette particularité de ne pas avoir de leader, il fallait réagir avec la situation, prendre le relais du mouvement populaire et composer avec la scène de l'époque pour assurer la continuité des institutions » a commencé par expliquer Mustapha Ben Jaâfar.
Concernant la constitution de 2014, aujourd'hui au cœur des critiques, il a souligné que son élaboration, telle qu'elle s'est faite, était aussi une revendication populaire. « On avait, à un moment, proposé un comité d'experts pour amender la constitution de 1959 mais l'idée a été rejetée en faveur d'un processus participatif avec une Assemblée constituante. Le problème n'est pas réellement la constitution, c'est vrai qu'elle est une œuvre humaine perfectible mais il ne faut pas oublier qu'elle a été mise dans un tiroir et jamais ou presque respectée. Dire qu'il faut en améliorer certains textes est plausible mais tout jeter à la poubelle alors qu'on n'a fait que la violer, l'absence de la Cour constitutionnelle en est la preuve édifiante, cela serait injuste » a poursuivi M. Ben Jaâfar.
Il a ensuite réitéré son soutien aux décisions de Kaïs Saïed, confiant que depuis 2019, lorsque Kaïs Saïed a été élu, il a vu l'occasion de rattraper ce qui n'a pas été réalisé et de relancer le processus démocratique.
« Avec l'absence de Cour constitutionnelle toutes les interprétations sont possibles. Ce qui me dérange le plus aujourd'hui, c'est la polarisation et la diabolisation que l'on observe ci et là. Je ne comprends pas les conflits entre Ennahdha et Kaïs Saïed, alors qu'il caressait Béji Caïd Essebsi dans le sens du poil peu importe ce qu'il disait. Le président a répondu à un contexte, qui oui, était exceptionnel, il peut aussi avoir des données sur d'éventuels évènements et menaces qui l'ont poussé à prendre ces mesures nous n'en savons rien. Le Parlement tel qu'on le connait est fini, un nouveau système va émerger mais là aussi il faudrait que le chef de l'Etat adopte une approche participative, nous fasse part de sa vision afin que nous puissions réagir » a ajouté Mustapha Ben Jaâfar.
« Il s'agit d'une opportunité historique que nous devons saisir et faire tout ce qu'on peut pour la faire aboutir et pour que le train revienne sur les rails du processus démocratique » a-t-il conclu.