Le député d'Attayar, Nabil Hajji, a affirmé que le véritable péril permanent avant le 25 juillet 2021 était la présence du mouvement Ennahdha au pouvoir. Invité, le 14 septembre 2021, par la radio Mosaïque FM, Nabil Hajji a estimé que ce péril était présent depuis 2012. « L'Assemblée des représentants (ARP) du peuple s'est transformée en porcherie ! », a-t-il ajouté. Suite à l'application de l'article 80 de la Constitution, il n'y a pas eu de réaction face à ce péril permanent, selon lui. Il a expliqué qu'il n'y a pas eu de poursuites judiciaires contre quiconque appartenant au mouvement Ennahdha. « S'il n'y a pas eu d'intervention de la justice, pourquoi avons-nous donc appliqué l'article 80 ? », s'est-il interrogé. Il a, également, critiqué la lenteur dans la désignation d'un nouveau chef de gouvernement. « 50 jours pour trouver un chef de gouvernement ! A ce rythme-là, nous aurons besoin de 150 jours pour le reste des problèmes. Nous faisons du sur place ! », a-t-il déploré. Par la suite, le député a estimé qu'il n'est pas possible de réviser la Constitution en cas de l'application de l'article 80 de celle-ci. Il a expliqué que l'article en question permet d'annoncer et d'appliquer des mesures exceptionnelles, or la constitution ne peut être considérée comme une mesure exceptionnelle. « La Constitution est permanente. Une révision du texte en temps de mesures exceptionnelles signifie-t-elle l'annulation de celle-ci lors du retour à la situation normale ? », s'est-il interrogé encore une fois. « Aller vers une révision de la Constitution en changeant le régime politique est un passage vers la troisième République… De plus, on ne peut réviser la Constitution en temps de tensions. Ceci doit avoir lieu dans le clame », a-t-il poursuivi.
Le président de la République, Kaïs Saïed, selon lui, ne peut modifier la Constitution en l'absence de cour constitutionnelle. Nabil Hajji s'est interrogé sur les demandes de révision de la Constitution. « Si Nabil Karoui était président, on ne ferait pas face à ce débat », a-t-il affirmé.
Il a estimé que le problème ne réside pas dans la nature du régime politique. « Nous avons un problème de corruption de la classe politique. Malheureusement, nous n'avons pas constaté d'initiatives concernant ce sujet. La solution ne peut résider en la Constitution. Un système parlementaire ou présidentiel ne peut réformer la société. Nous avons, aussi, été élus et nous détenons une légitimité. J'ai le droit de m'exprimer en tant que citoyen », a-t-il affirmé.
Il a rappelé que le peuple était mécontent quant à ce qui se passait à l'ARP. Le vote de lois était sujet de négociations et de marchandage, selon lui. Le peuple ne demandait pas la révision de la Constitution. Il n'y avait pas d'appel à un changement de régime politique. « Même si nous adoptons un système présidentiel, et que le président de la République ne bénéficie pas d'une majorité parlementaire, nous nous retrouverons dans une situation de blocage », a-t-il expliqué.
« L'existence du parti Attayar n'est pas liée à celle de Kaïs Saïed ou du mouvement Ennahdha ou autre. On ne peut pas imaginer une démocratie sans partis ou entités politiques. On ne peut pas imaginer une assemblée composée de 217 députés indépendants et sans blocs parlementaires. Ceci ne permettra pas de voter les lois. S'il n'y a pas de lutte contre la corruption, quelque soit la constitution et le système électoral adoptés, rien ne changera », a-t-il insisté. Nabil Hajji a expliqué qu'Attayar avait soutenu l'annonce des mesures exceptionnelles parce qu'il comprenait les raisons de celles-ci. Il a considéré que le président de la République se trouve devant une occasion historique pour réformer et améliorer le quotidien des Tunisiens.
Nabil Hajji a, par la suite, rappelé les incidents survenus à l'ARP sous la présidence de Rached Ghannouchi. Il a aussi évoqué la crise interne au sein du mouvement Ennahdha. « Malgré cela, il n'a pas accepté de démissionner », a-t-il dit. S'adressant au président de la République, Nabil Hajji a souligné l'importance de l'ouverture et de la communication. Il doit être conseillé, selon lui, par les gens qu'il considère honnêtes. « La fin de celui qui monopolise la décision ne peut être que triste », a-t-il signalé.