Le député démissionnaire du mouvement Ennahdha, Samir Dilou a expliqué qu'il avait évité de qualifier les mesures annoncées le 25 juillet 2021 de coup d'Etat afin de ne pas fermer les portes au dialogue. « La chose est devenue plus claire après le 22 septembre … Un pays ne peut avoir une constitution dont les limites d'application sont inconnues », a-t-il déploré. Invité par la radio Express FM le 27 septembre 2021, Samir Dilou a réaffirmé son respect envers le président de la République. « Je crois encore qu'il n'a pas le profil d'un dictateur… Néanmoins, nous nous sommes, malheureusement, retrouvés dans un régime autocratique ! Même notre prophète avait moins de prérogatives que Kaïs Saïed ! Et s'il ne respectait pas les droits de l'Hommes et la loi ? Vers qui devons-nous nous tourner ? », s'est-il exclamé. Le député a appelé le président de la République à ne pas essayer d'appliquer son projet politique personnel. Il a considéré qu'il ne peut pas y avoir de relations directes entre un président et son peuple. Samir Dilou a souligné l'importance de la participation de structures intermédiaires telles que les partis et les syndicats. Il a, à ce sujet, insisté sur le poids politique de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). « Le président peut consulter d'autres experts en droit constitutionnel », a-t-il déclaré. Samir Dilou a, aussi, critiqué l'attitude du président en voulant exécuter un projet politique personnel sous prétexte que ce dernier traduit la volonté du peuple. « Il ne s'agit pas d'un problème de fond puisque le fond nous est inconnu ! Le décret 117 est un monstre juridique ! Certains individus que se disent experts en droit constitutionnel tentent d'effectuer un parachutage des approches juridiques ! Ayez le courage de dire que vous êtes contre la Constitution tunisienne ! Lamine Bey, Habib Bourguiba et Ben Ali n'avaient pas ces prérogatives ! », a-t-il critiqué. Le député a, également, affirmé que la situation d'avant 25 juillet 2021 avait conduit à cette autocratie. Il a estimé que l'absence d'une Cour Constitutionnelle en est l'une des principales causes. Samir Dilou a considéré que la dégradation de la scène politique avant le 25 juillet 2021 ne signifie pas que la période qui a suivi serait meilleure.
« La justification du non-respect de la Constitution par les dépassements ultérieurs n'a aucun sens ! De plus, notre pays n'appartient à personne, y compris le président de la République même s'il est élu par cinq millions d'individus ! », a-t-il insisté. Par la suite, revenant sur les raisons de la démission de plusieurs leaders du mouvement Ennahdha, Samir Dilou a exprimé sa réticence envers la loi sur la réconciliation et plusieurs autres lois douteuses. Il a cité à titre d'exemple la loi de finances et la loi de relance économique. « Il y a eu plusieurs erreurs. Ce qui devait arriver arriva. Nous avons échoué dans notre tentative de réforme. La joie du peuple envers l'annonce des mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021 était un choc. La scène politique, ce qui s'est passé au sein du parlement, certaines déclarations, l'absence de réformes socio-économiques, des politiciens très loin d'être irréprochables... Tout cela a conduit à une haine envers l'expérience démocratique en Tunisie », a-t-il déploré. Par ailleurs, Samir Dilou a nié la possibilité de former un nouveau parti similaire au mouvement Ennahdha. « Il n'y aura pas de parti "Ennahdha-bis". Les échanges et les débats autour des pensées politiques pourraient nous mener vers la création d'une nouvelle entité qui n'aura pas forcément la forme d'un parti politique. Il peut s'agir d'un forum, d'un mouvement ou d'une association », a-t-il expliqué. Le leader démissionnaire du mouvement Ennahdha a rappelé que la gestion des conflits internes au sein du parti a conduit aux démissions collectives. Il a, également, souligné l'impact de l'élection du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, à la tête de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP).