Le professeur en droit public, Sadok Belaïd, a estimé qu'on ne peut pas qualifier l'annonce du 25 juillet 2021 de coup d'Etat. « Nous étions dans une impasse. Deux choix s'offraient à nous : faire une brèche dans le mur bâti par le système corrompu et qui nous bloque ou battre en retraite ! Or, Kaïs Saïed a détruit ce mur ! On ne pouvait pas dialoguer avec Ennahdha qui a corrompu et perverti le pays », a-t-il ajouté. Dans une interview accordée à au journal Acharaa Magharbi dans son édition du 28 septembre 2021, Sadok Belaïd a rappelé que le système en place n'œuvrait pas pour la consécration des dispositions de la Constitution relatives aux droits de la Femme et des enfants ainsi que la garantie des libertés. Il a considéré que le décret n°117 du 22 septembre 2021 vise à remédier au non-exercice de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) de ses prérogatives. Par la suite, Sadok Belaïd a affirmé que le préambule et l'article quatre du décret montre que le président de la République a mis en place des mécanismes de protections des acquis en matière de droits et libertés. « Le mouvement Ennahdha a-t-il respecté ces droits et libertés en ce qui concerne l'égalité dans l'héritage et en la considérant comme un être complémentaire ? », s'est-il interrogé. « Dire que le péril émane du palais de Carthage n'est que cris et lamentations exagérés puisque le président de la République n'a pas encore exercé ses nouvelles prérogatives. Ce vacarme n'est qu'un outil pour induire le peuple en erreur et obstruer la tentative de réforme décidée par le président. Les porteurs de ce discours n'ont qu'un seul objectif : le retour à la situation d'avant le 25 juillet 2021 », a-t-il ajouté. « Je ne pense pas que le Kaïs Saïed deviendra un dictateur ou cherchera à s'enrichir. Il tentera d'initier une relance économique », a-t-il affirmé. Sadok Belaïd a, aussi, critiqué l'absence de dispositions relatives à la situation socio-économique dans la Constitution de 2014. « Cette Constitution est le fruit d'une révolution contre la pauvreté et la marginalisation ! », s'est-il exclamé. Le professeur de droit a considéré que le mouvement Ennahdha ne peut pas changer son mode de fonctionnement car il s'appuiera toujours sur l'islam politique. De même pour Hamma Hammami qui ne pourra pas changer son idéologie communiste. « Le système corrompu n'a plus sa place dans l'avenir de la Tunisie car la corruption ne peut initier des réformes et des solutions. La possibilité d'un avenir prospère pour la Tunisie ne peut être envisagé à travers Ennahdha », a-t-il poursuivi. Sadok Belaïd a, également, rappelé qu'il avait critiqué l'absence d'un programme électoral lorsque Kaïs Saïed s'est présenté comme candidat aux présidentielles de 2019. « Il n'a toujours pas de programme. Néanmoins, il a sous-entendu, à travers le décret n°117, qu'il compte réviser la législation concernant les partis politiques, les associations et le système électoral », a-t-il dit. L'universitaire a estimé que le président de la République n'a pas vidé la constitution de son contenu. Selon lui, 49 articles sont encore applicables, soit près de la moitié du texte. Au sujet du président de l'ARP, Sadok Belaïd a considéré que Rached Ghannouchi est un voleur et un corrompu. « Nous savons tous qu'il n'était qu'un simple enseignant dans un lycée. Son salaire ne dépassait pas 250 dinars. Après sa fuite en Grande-Bretagne, il n'a pas occupé d'emploi. Par la suite, on découvre que sa fortune a atteint 2700 milliards ! Karim Abdessalem n'avait-il pas révélé que Rached Ghannouchi et le mouvement Ennahdha étaient derrière l'attentat de Bab Souika ? Hamadi Jebali n'était pas à l'origine des attentats de Sousse ? Rached Ghannouchi n'avait-il pas affirmé que ceux qui avaient assassiné nos soldats et policiers lui rappellent sa jeunesse ? », s'est-il interrogé. « En contrepartie, Kaïs Saïed est connu pour son intégrité et l'ensemble des Tunisiens attestent de son honnêteté », a-t-il affirmé. Sadok Belaïd a, aussi, révélé qu'après quelques jours de la fuite de Ben Ali, et alors qu'il était à la faculté en compagnie de ses collègues, seul Kaïs Saïed avait déclaré que les événements du 17 décembre/14 janvier représentaient une révolution. « Nous avons collaboré plusieurs fois et nous nous sommes rendus à plusieurs conférences dans l'ensemble du territoire… Ceci nous a permis de rencontrer la jeunesse qui avait participé à la révolution… je n'avais pas senti qu'il se préparait à entamer un parcours politique… Je ne comprends toujours pas comment il a été élu… Ce mystère doit être étudié », lit-on dans la même interview.