A l'occasion de son entretien avec le président du Conseil du Marché Financier (CMF), Salah Sayel, jeudi 7 octobre 2021, le président de la République, Kaïs Saïed a appelé à la révision des critères de notation. Afin d'apporter les éclaircissements nécessaires, il est essentiel de rappeler le fonctionnement des agences de notation.
Il s'agit d'établissements privés et non pas étatiques ayant pour rôle d'évaluer la capacité d'une entité à honorer ses engagements financiers. Dans le cas de la Tunisie, les agences de notation étudient le risque de non-remboursement des emprunts du pays. Fitch Rating, Moody's et Standard & Poor's sont les plus connues de ces agences. Elles ont été baptisées ''The Big Three'' car elles réalisent 94% du chiffre d'affaires de ce secteur. L'entreprise chinoise ''Dagong Global Credit Rating'' est, aussi, une agence de notation financière chinoise. Elle est souvent considérée comme l'une des plus grandes agences de notation. A noter que les bailleurs de fonds et institutions financières internationales, tels que le FMI et la Banque Mondiale, s'appuient sur ces notations lors de l'élaboration d'accords de prêts et de projets avec les Etats. Les notations sont, donc, un passage obligatoire pour l'ensemble des nations du monde. La note déterminera le taux d'intérêt des prêts contractés par le pays. Plus la note baisse, plus le taux sera élevé.
Ceci nous mène, également, à nous interroger sur les échanges avec le président du CMF au sujet des notations. « Le CMF est chargé de veiller à la protection de l'épargne investie en valeurs mobilières, produits financiers négociables en bourse et tout autre placement donnant lieu à appel public à l'épargne. Il est également chargé d'organiser et de veiller au bon fonctionnement des marchés de valeurs mobilières et de produits financiers négociables en bourse », lit-on dans l'article 23 de la loi n°094-117 du 14 novembre 1994, portant réorganisation du marché financier.
Ceci démontre l'absence de rapport entre les agences de notation et le Conseil du Marché Financier. Les agences de notation travaillent en étroite collaboration avec les gouvernements et les banques centrales et non pas les autorités de régulation boursière. Les agences de notation sont principalement engagées et payées par émetteurs des produits, c'est-à-dire, par les pays soumis à notation. C'est comme si on visitait un psychologue afin de traiter un mal de dents ! Nous tenons à rappeler que Standard & Poor's ne notait plus la Tunisie suite à la demande du gouvernement de Ali Lâarayadh.
Pour rappel, la note actuelle de la Tunisie auprès de Fitch Rating est de ''B-'' et de '' B3'' auprès de Moody's. Même si les dénominations diffèrent, il s'agit de la même notation. Ceci signifie que la Tunisie a été classée pays « Hautement spéculatif ». Cette notation signifie que les engagements financiers ont été tenus mais que la capacité durable de paiement sera vulnérable à une dégradation de l'environnement commercial ou économique. Les notes de souveraineté sont classées selon une échelle allant de ''AAA'' (Première qualité) à ''C'' pour Moody's et ''D'' pour Fitch Rating et Standard & Poor's (en défaut de paiement). Du 14 janvier 2011 au 8 juillet 2021, la note de la Tunisie auprès de Fitch Rating est passée de BBB- à B- et de Baa3 à B3 pour Moody's. Ceci signifie qu'elle est passé de ''Qualité moyenne inférieure'' à ''Très spéculatif''. Selon les experts, la baisse de la note souveraine peut avoir lieu en l'espace de deux années, Or, la hausse d'un grade peut prendre jusqu'à dix ans.