Une lettre du député islamiste radical Seïf Eddine Makhlouf a été publiée par son parti Al Karama, jeudi 14 octobre 2021, dans laquelle il affirme qu'il entame une grève de la faim pour protester contre les abus judiciaires qu'il dit subir, et ce suite au refus de sa libération, mercredi, par la chambre des mises en accusation près de la Cour d'appel de Tunis. Seïf Eddine Makhlouf s'élève fortement dans la « soumission flagrante de la chambre des mises en accusation aux menaces proférées à de multiples reprises par Kaïs Saïed contre le pouvoir judiciaire ». Il manifeste son étonnement comment cette chambre a émis, la veille, une décision contradictoire avec celle émise, il y a quelques semaines, dans la même affaire lorsqu'elle a libéré l'avocat Mehdi Zagrouba.
Il s'étonne aussi comment cette chambre des mises en accusation d'accepter de violer les principes de neutralité et d'impartialité en acceptant la validation d'un mandat de dépôt émis par un juge qui a témoigné contre lui dans un PV officiel dans le même tribunal militaire et dans une affaire montée de toutes pièces, d'après lui. Il affirme qu'il ne va plus reconnaitre les étapes suivies par le tribunal militaire qui obéissent aux instructions du pouvoir putschiste et qu'il ne va plus s'opposer à ses décisions passées ou futures. Le député annonce qu'il entame une grève de la faim jusqu'à la fin de ces farces de la justice militaire. Appelle le pouvoir putschiste à avoir un peu de noblesse en libérant le député d'Al Karama, Nidhal Saoudi et le journaliste islamiste de Zitouna TV, Ameur Ayed, et de cesser les poursuites contre les autres députés d'Al Karama, pour concentrer ses efforts avec lui-même. « A vous les armes de la force de l'Etat, des tribunaux militaires et du soutien des forces colonialistes, ma seule arme, c'est mon corps et ma volonté que je puise dans le sang des martyrs de la révolution et de la libération nationale », écrit-il. Le septième et dernier point évoqué par Seïf Eddine Makhlouf est réservé aux partis, aux organisations et aux personnalités politiques, médiatiques et de droits humains, à qui il adresse tout son mépris. « Le peuple leur a offert la liberté, ils l'ont récompensé avec le soutien au coup d'Etat. Leur silence est honteux face aux violations des libertés, le racket de la magistrature, les procès devant les tribunaux militaires de députés élus, opposants civils révolutionnaires et journalistes libres », a affirmé Seïf Eddine Makhlouf.
On rappelle que le député islamiste radical est en prison suite à l'émission de deux mandats de dépôt émis par un juge du tribunal militaire dans deux affaires. La première celle de l'aéroport, quand le député a essayé en mars dernier de faire voyager de force une islamiste interdite de voyager pour suspicion de terrorisme et la seconde pour menaces et outrage à magistrat. Seïf Eddine Makhlouf devrait comparaitre devant le tribunal de première instance de Tunis, en décembre prochain, dans une affaire qui traine depuis des années après avoir injurié un procureur de la République. L'affaire est restée dans les tiroirs judiciaires pendant des années. Il doit également affronter des plaintes déposées par d'autres députés, notamment Abir Moussi qu'il a agressée physiquement, injuriée et insultée à de multiples reprises. Toutes les affaires étaient dans les tiroirs de la justice, sous prétexte d'immunité parlementaire.