Le député et ancien membre du parti Ennahdha, Samir Dilou a considéré que la suspension de l'activité parlementaire durant jusqu'à octobre 2024 était scandaleuse et pouvait être qualifié de crime. Invité le 28 octobre 2021 par la Radio Nationale, Samir Dilou a estimé que le président de la République devait avoir le courage de dissoudre le parlement s'il le voulait. « L'image de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) était catastrophique, mais nous devons observer les chiffres », a-t-il dit.
Pour ce qui est du projet politique évoqué par la campagne explicative, le député a estimé que ceci signifiait la création d'une « Jamahiriya populaire sans pétrole ». « Ceci nous rappelle les anarchistes de l'URSS et lors de la Révolution culturelle. Ceci n'a aucun sens ! Que veut dire campagne explicative ? Que va-t-on nous expliquer ? Qui procédera à cela ? La présidence de la République n'a pas soutenu publiquement cette campagne… Kaïs Karoui n'est pas le porte-parole de la présidence de la République… C'est à l'Etat de statuer sur certaines affaires…», s'est-il exclamé. Samir Dilou a, également, considéré que le président de la République faisait un monologue durant ses rencontres avec les ministres et hauts responsables. « Le président est même allé jusqu'à lancer des accusations durant ses rencontres », a-t-il critiqué.
Au sujet de la démission du mouvement Ennahdha, le député a expliqué que celle-ci résultait des choix politiques du parti ainsi que de sa gestion interne. Le président d'Ennahdha et son entourage doivent assumer leur responsabilité dans la dégradation de la situation et l'aggravation de la crise politique, selon lui. « Le président de la République avait fait un premier pas dans la résolution de la situation de blocage politique. Il n'y a pas eu de réaction de la part de la ceinture politique soutenant le gouvernement Mechichi », a-t-il précisé. « Lors d'une réunion, après le 25 juillet 2021, avec le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi, Abdellatif Mekki et moi avions présenté plusieurs propositions mais il n'y a pas eu de réaction. Nous avons décidé de démissionner après avoir constaté l'échec dans la tentative de réforme », a-t-il poursuivi. « Actuellement, il y a des échanges autour de la formation d'un nouveau parti. Il ne s'agit pas d'une tentative de recyclage du mouvement Ennahdha ou d'un projet au service de ce qu'on a appelé islam politique », a déclaré Samir Dilou.
« Pour la première fois de l'histoire de la République, une seule personne monopolise les pouvoirs et rien n'a été accompli… Nous avons attendu deux mois et demi pour la désignation de la cheffe du gouvernement… Nous attendons encore la loi de finances complémentaire de 2021 et la loi de finances de 2022 », a-t-il critiqué. Samir Dilou a, aussi, évoqué la situation dans laquelle se trouvent certains députés tels que Hajer Bouhlel et Mustapha Ben Ahmed qui avaient été privés de leur droit aux soins.
Au sujet des contrats de lobbying, Samir Dilou a assuré qu'il n'avait pas connaissance de ces dossiers. « J'en ai entendu parler dans les médias… J'ai posé plusieurs questions mais je n'ai pas eu droit à toutes les réponses… En plus de la responsabilité juridique des personnes au courant de cela, il y a la responsabilité éthique envers les membres d'Ennahdha », a-t-il affirmé. Quant à la saisie du serveur se trouvant au local du mouvement Ennahdha, le député a expliqué qu'il n'avait pas connaissance de ce qui se trouvait dans les locaux du parti. « Je ne fais plus partie de la direction du parti depuis 2016. Néanmoins, je reste inquiet par rapport aux éléments qui seront découverts car la responsabilité est collective », a-t-il dit. Samir Dilou a, par la suite, estimé que malgré le manque de légitimité du gouvernement, il lui souhaité le succès. « Je reste convaincu que les mesures annoncées par le décret n°117 s'inscrivent dans le cadre d'un coup d'Etat », a-t-il considéré. Le député a affirmé qu'il n'y a pas lieu de parler de processus de réforme. Il a estimé que les sondages reflétaient une image à un moment donné. Le soutien populaire peut disparaître à n'importe quel moment. D'après la même déclaration, aucun chef du gouvernement ne peut élaborer des projets et des stratégies en l'absence de clarté sur la durée de son mandat.