Le mouvement Ennahdha a rendu public un communiqué, ce jeudi 2 décembre 2021, à l'issue de la réunion périodique de son bureau exécutif présidée par Rached Ghannouchi, épinglant "le discours tendu du président de la République et les pressions qu'il exerce sur la justice depuis le coup d'Etat du 25-juillet". Le bureau exécutif d'Ennahdha a noté le discours tendu du président de la République, notamment lors de la dernière réunion du conseil supérieur des armées, estimant qu'il en avait profité pour régler ses comptes avec ses opposants et impliquant, ainsi, l'institution militaire dans la chose politique au lieu de respecter ses fonctions délimitées par la Constitution. Le mouvement dénonce cette démarche, appelant à la nécessité de respecter le rôle de l'armée nationale et de la tenir à l'écart des tiraillements politiques et des conflits partisans. Le mouvement assure que "le professeur Kaïs" n'a raté aucune occasion pour faire pression sur la justice, menaçant de promulguer des décrets, comme il l'avait fait depuis le putsch du 25-juillet. "Il a promulgué des décrets et des arrêtés pour mettre la main sur les rouages de l'Etat et se débarrasser de ses opposants, dans une contradiction flagrante avec les dispositions de la Constitution qu'il avait annulée et les lois qu'il avait dépassées. Et alors qu'il s'attaque à ses opposants, il n'évoque en aucun cas les dépassements le concernant évoqués dans le rapport de la Cour des comptes. Il tenterait même de se protéger à travers les décrets, comme il l'avait déjà fait en promulguant le décret 117. D'ailleurs s'il s'est engagé aux fondements de la loi, toute déclaration qu'il aurait faite à propos du rapport de la Cour des comptes serait considérée comme étant un conflit d'intérêts", lit-on dans le texte du communiqué. Dans ce contexte, le mouvement dénonce encore une fois cette démarche, mettant en garde contre son danger pour le présent, mais aussi l'avenir du pays. Ennahdha souligne d'ailleurs la nécessité de faire face à cette tyrannie mençant les droits et les libertés. Le mouvement de Rached Ghannouchi assure que les dernières nominations prouvent qu'elles sont basées uniquement sur les loyautés personnelles, et que les dernières mises à la retraite obligatoire ont révélé les véritables dessous politiques. "Les slogans du puritanisme et de la lutte contre la corruption sont aujourd'hui à l'examen et les prémices prévoient la gravité des conséquences". D'autre part le mouvement a dénoncé les menaces ayant visé le secrétaire général de l'UGTT ainsi que la tentative d'agression des agents du ministère de l'Intérieur, rappelant la nécessité de la vigilance sécuritaire face à la menace terroriste. Ennahdha a, également, considéré que "les politiques kaisiennes" avaient conduit à un isolement international de la Tunisie à cause du coup d'Etat, soulignant dans ce contexte, que la Tunisie avait été privée de participer au Sommet de la démocratie. "Nos pertes ne se situent pas uniquement sur le plan international et régional, mais les politiques internes ont démontré leur limite dans le traitement des affaires courantes, notamment la hausse des prix, les problèmes environnementaux, la loi 38, la mobilisation des ressources financières nécessaires et la maîtrise du chômage. Pourtant le président insiste à maintenir ces choix malgré tous les appels, nationaux et internationaux, l'invitant à une révision et à un dialogue avant qu'il ne soit trop tard", conclut le communiqué signé par Rached Ghannouchi.