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Rached Ghannouchi, le chef « irremplaçable » d'Ennahdha !
Publié dans Business News le 18 - 09 - 2020

Il règne en maître absolu sur le parti qu'il a fondé il y a de cela quarante ans. Rached Ghannouchi arrive au terme de son mandat, selon le règlement intérieur d'Ennahdha. Le chef du mouvement islamiste ne le voit toutefois pas de cet œil et prévoit de se porter candidat au 11ème congrès prévu dans quelques mois. Candidature qui risque de diviser le parti le plus soudé de la scène politique tunisienne pour le plus grand bonheur de ses détracteurs…

Le onzième congrès d'Ennahdha était prévu pour le mois de mai dernier. La pandémie du Covid-19 et la crise sanitaire mondiale qu'il a causée ont repoussé cet évènement très attendu. Depuis des mois, les conflits au sein du parti islamiste, d'habitude si bien gardés, ont commencé à sortir au grand public. Le malaise est, en effet, si grand qu'il a fini par déborder, et pour cause, le président du mouvement, qui n'a plus le droit de se présenter à sa propre succession après avoir écoulé ses deux mandats, veut se porter candidat pour en briguer un autre. Scandale à Ennahdha, parti qui a mis des années à lustrer son image de mouvement démocratique discipliné et antidictatorial jusqu'à la moelle.

Les voix se sont ainsi élevées contre l'intention du chef d'Ennahdha, tentant de le faire revenir à la raison. Oui, il est le chef mythique, symbole de la sagesse et fondateur du parti, mais les défis sont aujourd'hui tout autres et il commence sérieusement à nuire à Ennahdha en canalisant toute l'attention et aussi toutes les attaques de ses adversaires en enchainant les bourdes.

Visiblement peu enclin à respecter le règlement intérieur de son mouvement, Rached Ghannouchi décide au mois de mai de dissoudre le bureau exécutif du parti. Dans la soirée du lundi 11 mai 2020, l'unité de communication du mouvement Ennahdha s'est trouvée dans l'obligation de publier un communiqué sur le sujet pour donner plus de précisions à propos des informations concernant la décision prise par le chef du mouvement Rached Ghannouchi. « Lors de la réunion du bureau exécutif tenue mercredi dernier, le chef du mouvement Rached Ghannouchi a annoncé son intention d'apporter certaines modifications à sa composition pour répondre aux exigences de la période. Il a, également, annoncé que le bureau actuel passe, désormais, au statut de gestion des affaires courantes », explique le communiqué.
Par cette manœuvre, Rached Ghannouchi a visiblement voulu gagner du temps. Le temps nécessaire pour pousser à l'amendement du règlement intérieur qui lui permettra de briguer un autre mandat au prochain congrès électif du mouvement. Depuis, les appels à la succession de Ghannouchi se succèdent, poliment et doucement les dirigeants d'Ennahdha exhortent, expliquent et en appellent au bon sens de leur chef pour qu'il renonce à cette idée.

Avant-hier, cent membres d'Ennahdha ont adressé une correspondance au chef du mouvement, l'appelant à annoncer qu'il ne présentera pas sa candidature pour un nouveau mandat. Des membres du Conseil de la choura, du bloc parlementaire et des dirigeants régionaux, ont appelé au respect de l'article 31 du règlement intérieur du parti et au principe d'alternance démocratique.
Toujours avec la rigueur qu'on leur connait, les membres signataires ont étayé leur appel en mettant en valeur les nombreux mérites d'une alternance à la tête d'un parti et les dangers de la prorogation, sous quelque forme que ce soit, d'un mandat arrivé à son terme.
Les membres qui ont rédigé cette pétition ont souligné que ce congrès est un tournant décisif dans l'histoire du mouvement Ennahdha mais aussi dans celle du pays « car les affaires internes et les défis du parti seront mis côte à côte avec les défis nationaux ce qui confirme le lien étroit qui existe entre les deux ».
Ils ont expliqué que, plus le mouvement est uni et fort, plus il sera performant et efficace à l'échelle nationale. « L'unité au sein même du parti et la réussite de la succession du leadership sont nécessaires pour reconstruire le consensus national, apaiser le climat tendu qui règne dans le pays. L'expérience d'après la révolution a prouvé qu'Ennahdha a joué un rôle central dans la transition démocratique du pays, grâce aux efforts de ses militants et à la « sagesse » de ses dirigeants. Néanmoins, cela n'a pas suffi à cacher des lacunes qui sont devenues de plus en plus importantes lors des élections municipales et en particulier lors des élections législatives et présidentielle pour l'année 2019. Des lacunes qui ont eu pour résultat une menace sur la cohésion du parti et sur les principes de liberté et de démocratie, acquis essentiels de la révolution », ont-ils poursuivi.
Et d'ajouter : « La Tunisie a besoin d'Ennahdha uni et renouvelé dans les idées autant que dans le leadership, qui constitue un modèle réussi dans la pratique de la démocratie pour pouvoir gérer la situation du pays et résoudre ses problèmes structurels, et cela n'est possible que dans un climat sain et apaisé. La succession du leadership empêche l'accaparation du pouvoir et permet une diversité qui alimente l'innovation. Le passage d'un leadership historique à un leadership plus jeune, fondé sur le travail collectif, va donner une nouvelle âme au mouvement et ouvrira des perspectives à valeur ajoutée et concrètes pour assurer le virage stratégique énoncé lors du 10ème congrès ».

En quelques points, comme on explique à un enfant pourquoi il ne devrait pas manger des bonbons avant de dormir, on a tenté d'expliquer à Rached Ghannouchi en quoi son caprice était néfaste pour le parti.
« Cette alternance va renforcer l'unité du mouvement et sa cohésion, raviver et rétablir la confiance de ses militants. Elle renforcera la crédibilité du président du mouvement et de son patrimoine historique confirmé par ses écrits sur les bienfaits du changement et du renouveau. Le renouveau est nécessaire dans toutes les structures et institutions du mouvement et ne concerne pas uniquement ses dirigeants », expliquent encore les dirigeants signataires du manifeste de la dernière chance.
Ils soulignent enfin que promulguer un article dans le règlement interne permettant de prolonger le mandat du président portera atteinte à la crédibilité du parti, qui s'est toujours prononcé contre la présidence à vie, ainsi qu'à son image à l'internationale. Cela créera une division au sein du mouvement, l'affaiblira et poussera inexorablement certains de ses dirigeants à claquer la porte, ont encore rappelé les signataires.

Pas de quoi perturber Rached Ghannouchi qui a répondu par une lettre à ses « frères » perturbateurs. Sur un ton très ironique, d'un sage qui remet à leur place les brebis égarées, Rached Ghannouchi a dit avoir apprécié cette lettre, remise en mains propres, « à l'excellent niveau linguistique et au contenu imprégné par les principes de la démocratie et de l'islam ».
Rached Ghannouchi a aussi usé de ses arguments pour justifier son intention de maintenir sa candidature à la tête de son parti. Il a estimé qu'il serait préjudiciable de changer de dirigeants selon des durées définies indépendamment du fait qu'ils aient réussi leur mission ou commis des erreurs. Il a précisé que les gens qui appellent à son « départ », confondent sciemment le parti et l'Etat. « Fixer des mandats est du fait de la présidence des Etats démocratiques. Quant à la démocratie partisane, l'alternance se réalise à travers des élections périodiques transparentes, basées sur l'évaluation du rendement. Certains dirigeants seront reconduits sans fixer de limites et de mandats et d'autres seront remerciés, si leurs actions n'ont pas été jugées satisfaisantes. Les partis investissent dans ses dirigeants ayant réussi et les soutiennent pour qu'ils assument des responsabilités au niveau national. Toute cette démarche passe par le processus d'évaluation et d'élection », a expliqué le « sage » d'Ennahdha, omettant de dire que c'est bien le règlement intérieur de son parti qui a fixé le nombre de mandats pour le président et qu'il n'y a aucune mention de résultat ou de bilan dans ces textes.
Rached Ghannouchi poursuit en précisant que l'alternance concerne les dirigeants régionaux, de la Choura ou les députés et que cela n'est pas le cas pour les leaders des partis démocratiques qui font l'exception : « Ils ont la peau dure. Ils endurent les chocs et les vicissitudes du temps car ils se renouvellent et constituent une force de conviction pour le peuple et leur parti. Alors pourquoi donc ces partis chercheraient à les changer alors que ces leaders ont un rayonnement national et international ? », ajoute le chef « suprême », rien que cela.
Citant plusieurs exemples de leaders qui avaient été à la tête de leur parti pendant plusieurs décennies, il conclut que cette confusion entre ce qui doit se passer au sein d'un parti et au sein de l'Etat n'a pas lieu d'être et que les leaders doivent être différemment traités des dirigeants « ordinaires ».

Si la première partie de la lettre était destinée à expliquer son point de vue à « ses frères » qui n'ont rien compris, le ton de Rached Ghannouchi est monté d'un cran dans la seconde partie de cette correspondance.
« Ceux qui se dissimulent derrière la démocratie pour imposer leur tutelle au onzième congrès avec des conditions préalables d'exclusion, peut-être que cela permettra d'atteindre ce qu'ils n'ont pas pu faire lors du dixième congrès et d'exclure le chef du mouvement, n'hésitant pas à commettre une autre confusion scandaleuse entre le principe de l'alternance par le renouvellement, des élections périodiques équitables, des évaluations des performances et une présidence, dictature constitutionnalisée à vie », a-t-il lancé.
« Ceux-là commettent des erreurs méthodologiques hideuses et trompeuses visant à transférer le différend de sa place d'origine à une autre arène trompeuse. Le désaccord originel ne concerne pas la démocratie, mais l'évaluation de l'intérêt du pays et de l'intérêt du mouvement et de la nation. Est-ce aujourd'hui en changeant le président du parti, le disant devenu un fardeau pour le mouvement et le pays et qu'il faut s'en débarrasser ! Est-ce que les conditions sont réunies pour cela ? Quel est l'impact de ce changement sur la stabilité du pays et de la région ? Et de quoi se soucie le peuple tunisien qui affronte une épidémie et la cherté de la vie ? Est-ce que le linge sale lavé publiquement d'Ennahdha l'intéresse ? », a écrit Rached Ghannouchi, ajoutant si l'on résume le reste, qu'Ennahdha a pu accéder à une position élevée grâce à lui et que le parti aurait tout à perdre s'il venait à l'évincer.

Ces derniers mots de Rached Ghannouchi résument tout. Sa lettre à elle seule représente un manifeste de la dictature. Quel président dictateur, à l'égo surdimensionné, n'a pas fait le lien entre son maintien au pouvoir et l'intérêt du pays (ici en l'occurrence d'un parti et d'un pays) ? Rached Ghannouchi n'invente rien, en se disant indispensable et irremplaçable il confirme ce que beaucoup savent déjà : que jamais la démocratie n'a été au centre des intérêts d'Ennahdha tel qu'il l'a conçu et que sous la façade polie et lustrée se cache une toute autre réalité, celle qui a déjà poussé de nombreux dirigeants du parti au départ…


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