Le président de la République, Kaïs Saïed, a changé de ton dans son dernier discours. Un revirement de 180 degrés a été constaté entre son discours lors de sa rencontre, jeudi, avec les doyens Sadok Belaid, Mohamed Salah Ben Aissa, et Amine Mahfoudh, et celui prononcé plus tard dans la soirée lors de sa réunion avec les membres du Conseil national de sécurité. Commentant ce changement soudain, le député Sahbi Ben Fraj a écrit sur sa page Facebook : « Quelques heures seulement séparent la vidéo du discours du Président sur la Constitution de celle de sa rencontre avec le Conseil de sécurité… Toutefois, il y a un revirement de 180 degrés du ton de Saïed ».
L'avocate Dalila Msaddek a, elle aussi, dénoncé « une schizophrénie » flagrante en partageant le communiqué de la présidence de la République au sujet de la réunion de Kaïs Saïed avec les membres du Conseil national de sécurité.
Le chef de l'Etat a explicitement exprimé son rejet de la Constitution de 2014 notant que celle-ci avait été élaborée pour « frapper l'Etat de l'intérieur ». Il a appelé, également, à la nécessité de parvenir à des solutions juridiques afin de rétablir la souveraineté du peuple dans le cadre de la loi avant de souligner que si cela ne peut se concrétiser à travers les outils disponibles, il faudrait se tourner un référendum pour ainsi donner au peuple la possibilité d'un choix libre et direct.
Jusque là Kaïs Saïed a été fidèle à lui-même et à son discours à tendance séparatiste. Plus tard face au Conseil de sécurité – réuni pour discuter de l'incendie qui a ravagé le siège du mouvement islamiste Ennahdha à Montplaisir – , le locataire de Carthage s'est voulu rassurant et fédérateur. Il a affirmé que la Tunisie avait besoin d'un projet économique et social pouvant répondre aux aspirations du peuple notant qu'aller de l'avant implique une acceptation de l'autre et l'adoption d'une concurrence loyale.