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L'UGTT face au piège de Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 17 - 01 - 2022

Il faut laisser le temps au temps. Et voilà, on y est ! Kaïs Saïed a fini par admettre qu'il ne peut pas avancer sans l'appui de la puissante centrale syndicale UGTT. Donnons-lui encore quelques années pour qu'il comprenne qu'il ne peut pas avancer sans les médias, sans les partis, sans la société civile, sans les magistrats et sans les chefs d'entreprise. Mais n'anticipons pas les événements et savourons cet instant où le président de la République tout puissant a fini par tendre la main à la centrale syndicale.
Qu'est-ce qui a poussé Kaïs Saïed à mettre de l'eau dans son vin et à se réunir pendant plus de trois heures samedi dernier avec Noureddine Taboubi, celui-là même à qui il envoyait des piques il y a quelques semaines ? Trois lettres ont été suffisantes pour convaincre le président de l'évidence : F, M, I. Sans la pression du Fonds monétaire international (FMI), jamais le président Saïed n'aurait accepté de tendre la main à M. Taboubi.
Jeudi dernier, au micro de Wassim Ben Larbi sur Express FM, Jérôme Vacher, représentant permanent du FMI en Tunisie, a rappelé une nouvelle fois la nécessité qu'il y ait un consensus autour des réformes structurelles que le gouvernement s'apprête à mettre en route.
L'histoire est simple, pour sauver le pays il faut des réformes, pour lancer les réformes, il faut l'appui de toutes les composantes de la société. L'UGTT étant une partie incontournable et de poids parmi ces composantes, Kaïs Saïed ne peut plus continuer à l'occulter et la tacler. En recevant son secrétaire général samedi dernier, le président de la République a fait preuve de bon sens.
L'étape suivante, Najla Bouden va supprimer sa circulaire 20 et expliquer aux syndicats comment elle doit réduire de 10% la masse salariale de la fonction publique, geler les salaires, vendre quelques entreprises publiques et réduire la compensation. Sans l'aval des syndicats à cet ambitieux programme, le gouvernement ne peut espérer une aide du FMI et sans l'aide du FMI, il ne peut boucler son budget.

L'UGTT est incontournable et c'est ce qu'on répète ici-même, depuis des mois.
Bien que tardivement, que Kaïs Saïed s'aperçoive enfin de cette évidence reste une bonne chose. Sauf que le président n'a pas tendu la main à l'UGTT par conviction, mais par obligation. Il n'accepte pas de dialoguer avec les syndicats parce qu'il est convaincu que le sort du pays les regarde aussi, mais parce que le FMI l'oblige à cela. Il a fini par comprendre que les réformes ne peuvent pas se faire sans la participation de l'UGTT. Il a fallu qu'un étranger le lui dise pour qu'il le comprenne.
C'est donc un Kaïs Saïed acculé qui a reçu samedi un Noureddine Taboubi pas insatisfait d'être considéré à sa juste valeur, après des semaines de mépris.
Que va faire M. Taboubi maintenant ? Accepter le plan de réformes fortement impopulaire ou bien s'opposer en poussant le gouvernement à adopter une autre démarche pour sauver le pays ?
L'UGTT est à la croisée des chemins. Accepter le plan tel quel signifie qu'elle devient complice d'un gouvernement aux ordres d'un président despotique qui a pris tous les pouvoirs par la force. S'y opposer, c'est prendre le risque d'être celle qui a empêché ce pouvoir de sauver le pays. Dans un cas comme dans l'autre, l'UGTT va être redevable devant l'Histoire. Dans un cas comme dans l'autre, on va lui demander des comptes demain. Dans un cas comme dans l'autre, on va lui reprocher sa position.
En mettant de l'eau dans son vin et en le recevant au palais de Carthage, Kaïs Saïed tend un piège à Noureddine Taboubi.

Comment le secrétaire général de l'UGTT va échapper à ce piège, à la veille du congrès électif de sa centrale où il compte un bon nombre d'adversaires qui l'attendent au tournant ?
Concrètement, Noureddine Taboubi est appelé à valider le plan de réformes sans rechigner. Autrement dit, il va devoir absorber la colère de ses affiliés, les empêcher de descendre dans la rue et d'observer des grèves bloquant la machine du pays.
Pourquoi ferait-il cela ? Pour les intérêts supérieurs de l'Etat, comme le lui a dit Kaïs Saïed et comme le pense le gouvernement ? Il n'est pas dit que l'intérêt de la Tunisie passe par un nouveau crédit du FMI. A Business News, nous pensons tout le contraire et la solution à la crise du pays est en Tunisie, pas au FMI.
Le sujet mérite débat et ce débat doit avoir lieu entre toutes les composantes de la société et non uniquement entre le pouvoir et l'UGTT.
Kaïs Saïed tend un piège à Noureddine Taboubi et celui-ci gagnerait à ne pas tomber dedans. Il gagnerait à ne pas être complice d'un pouvoir despotique à la limite de l'autisme. Un pouvoir qui ne comprend rien aux affaires de l'Etat, de l'Etat de droit, de la question économique.
La décision d'aller voir le FMI et d'engager un plan de réformes douloureux ne doit pas être prise par le seul gouvernement et assumée, ensuite, par l'UGTT.
L'UGTT n'a pas à assumer les décisions unilatérales d'un pouvoir despotique.

Pour échapper au piège tendu de Kaïs Saïed et pour rester fidèle à son prix Nobel de la Paix, l'UGTT doit renvoyer la patate chaude à son expéditeur en l'invitant à revoir sa copie et à associer les autres composantes de la société pour que la décision (et la responsabilité) soit collective.
Si le gouvernement veut engager des réformes et aller souscrire un énième crédit au FMI, il doit sortir dans les médias et expliquer son programme au peuple. Il doit accepter des débats contradictoires dans les plateaux médiatiques, à défaut d'en avoir un à l'assemblée, comme les règles démocratiques l'exigent. Il doit associer les partis, les avocats, la société civile et, surtout, les patrons.
Sans les patrons, il n'y a point de salut, car c'est eux qui créent l'emploi et ramènent la croissance.
Pour le moment, Kaïs Saïed et son gouvernement-toutou agissent seuls comme si le pays leur appartenait et comme si son sort ne nous regardait pas. Après la pression du FMI, et après avoir trainé les pieds pendant des mois, ils ont enfin accepté de parler avec l'UGTT, mais c'est insuffisant.
L'UGTT ne représente pas la société civile du pays et n'est pas le peuple. Kaïs Saïed et le gouvernement ne sont pas le peuple, non plus. Le peuple, démocratiquement parlant, c'est l'assemblée. Puisqu'on doit subir cette période transitoire despotique, faisons avec ce qu'on a comme alternatives et l'UGTT n'est pas la seule alternative.
Si tu veux engager des réformes, si tu veux endetter les générations futures, tu dois avoir un consensus et ce consensus ne signifie pas un accord de la seule UGTT, il signifie toutes les composantes de la société, c'est-à-dire tous ses corps intermédiaires.


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