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Comment soutenir Najla Bouden sans aider Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 15 - 12 - 2021

Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces. De même, ce n'est pas à Noureddine Taboubi qu'on apprend à faire de la politique. Surtout quand c'est Kaïs Saïed qui prétend lui donner la leçon.

Mardi 14 décembre, le secrétaire général de l'UGTT lance un missile à destination du locataire de Carthage. Un véritable missile, pas comme ceux dont parle tout le temps Kaïs Saïed. Il annonce, depuis la ville de Sfax que le gouvernement a proposé au syndicat un programme économique qui comprend une réduction de 10 % de la masse salariale de la fonction publique, le gel des augmentations salariales pour une période de cinq ans, la levée de la compensation et la cession de quelques entreprises publiques.

Cette proposition aurait été formulée samedi dernier, mais Noureddine Taboubi a attendu mardi pour la rendre publique. Pourquoi mardi ? Parce que la veille, Kaïs Saïed a taclé la centrale syndicale et son projet de troisième voie pour le dialogue national. « Ni quatrième, ni cinquième voie, notre seule voie, c'est le peuple », a déclaré Kaïs Saïed dans son long discours rébarbatif du lundi 13 décembre. Il n'en fallait pas plus pour que le secrétaire général dévoile le véritable projet de l'exécutif.
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Kaïs Saïed qui crie sur tous les toits qu'il est là pour défendre le peuple appauvri est en train, via sa cheffe du gouvernement, de chercher à appliquer l'exact contraire de ce qu'il dit.
On ne peut pas, d'un côté, aider le peuple à améliorer son pouvoir d'achat, alors que de l'autre, on parle de gel des salaires et réduction de la masse salariale.
Par sa déclaration de Sfax, Noureddine Taboubi a dénudé Kaïs Saïed. Le président de la République a toujours dénoncé cette politique droitière recommandée par le FMI et les partenaires de la Tunisie. La seule voie, d'après eux, pour équilibrer le budget et entamer les réformes structurelles d'une Tunisie dont les dépenses, depuis des années, sont bien au-delà des recettes.
Sauf que Saïed n'entendait pas la chose de cette oreille et continuait à vendre au « peuple » son illusion que le pays regorge d'argent, mais que celui-ci a été détourné par les escrocs et les voleurs qui l'ont gouverné. Jusqu'à lundi dernier, il a zappé d'un revers la question économique en réitérant sa promesse que l'argent spolié sera rendu au peuple à travers une loi de réconciliation où les plus grands escrocs développeront des projets dans les zones les plus défavorisées.

Pendant que le président de la République proposait du vent au « peuple » avec ses politiques novatrices, sa cheffe du gouvernement était à l'exact opposé, dans le concret, et cherchait des solutions réelles. Quitte à appliquer la même politique que ses prédécesseurs, celle-là même honnie par son président. De toute façon, elle n'a pas le choix et elle espère pouvoir convaincre Kaïs Saïed de la suivre dans sa démarche. Après tout, il a bien accepté, il y a quelques semaines, qu'elle entame les négociations avec le FMI, alors que quelques jours plus tôt le président moquait ouvertement les agences de notation et les politiques inhumaines des organismes financiers internationaux.

La solution du gouvernement, dévoilée en toute mauvaise foi, par l'UGTT est l'unique salut de la Tunisie. Moins de trois mois après sa nomination, Najla Bouden a réussi à faire le bon diagnostic.
Alléger de 10% la masse salariale de la fonction publique, privatiser quelques entreprises et réduire les charges de la caisse de compensation, sont des solutions sensées qui peuvent équilibrer le budget sur le court terme. C'est par là, en tout cas, que commence la résolution des problèmes structurels de la Tunisie.
Reste à savoir, maintenant, ce que Najla Bouden entend par la réduction de 10% de la masse salariale. S'agit-il de réduire de 10% les salaires des fonctionnaires, comme l'a annoncé l'agence officielle TAP, ou bien s'agit-il de licencier un certain nombre de telle sorte à ce que la masse salariale soit réduite de 10% ? L'annonce de Taboubi autorise les deux lectures.

Ce qu'il faut rappeler, c'est que le nombre de fonctionnaires publics était de 435 mille personnes en 2010 pour une masse salariale de 7,5 milliards de dinars. Cela sans compter les entreprises publiques.
En 2021, ce nombre a augmenté de plus de 50% avec 661 mille fonctionnaires pour une masse salariale qui a presque triplé, estimée à 20,3 milliards de dinars.
En termes plus accessibles, on avait en 2010 435 mille personnes qui touchaient un salaire brut annuel de 17.241 dinars, soit 1436 bruts/mois par fonctionnaires.
En 2021, on a 661 milles personnes qui touchent un salaire brut annuel de 30.711 dinars, soit 2259 bruts/mois par salarié.
Par ses 10% de réduction, Najla Bouden entend gagner quelque deux milliards de dinars. Insuffisants pour boucler le budget, mais inévitables.

Reste maintenant à faire passer la pilule, non seulement à l'UGTT, mais aussi au président de la République, si tant est qu'il soit conscient de ce genre de problématiques. La réalité des chiffres est à l'exact opposé des paroles et des actions présidentielles. Najla Bouden se trouve donc dans une position pour le moins inconfortable et il n'est pas du tout exclu que le président de la République se retourne contre elle si elle ose prendre des mesures impopulaires.
Par ailleurs, le calendrier annoncé par Kaïs Saïed implique une année au moins où le pays tournera à vide, avec une économie à l'arrêt et des perspectives sombres. Et puis, le FMI, unique planche de salut financier pour la Tunisie, exige la signature de l'UGTT sur n'importe quel programme de réformes, chose qui sera très difficile à obtenir si ledit plan comprend des réductions de salaire ou une remise en question de la compensation.
La cheffe du gouvernement Najla Bouden se trouve donc dans de beaux draps, entre l'obligation de gérer la situation difficile et un président qui ne cesse d'élever les espérances et d'entretenir l'illusion.

Raouf Ben Hédi


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