Le membre du comité de défense de Noureddine Bhiri, député et ancien membre du mouvement Ennahdha, Samir Dilou, a affirmé qu'il faisait partie du mouvement « Tunisiens pour la démocratie ». « Ce mouvement ne regroupe pas uniquement les démissionnaires d'Ennahdha. Nous débattons actuellement de la situation et des formes possibles que pourrait prendre le mouvement. Ce qui nous a unis est la lutte pour la démocratie », a-t-il poursuivi. Invité le 26 janvier 2022 par Myriam Belkadhi sur les ondes de la radio Shems FM, Samir Dilou a affirmé avoir reçu une invitation à participer à la célébration de la promulgation de la Constitution de 2014. Il a reçu un sms précisant qu'un lien lui sera communiqué ultérieurement afin d'assister à une cérémonie en ligne. Il a, également, précisé qu'une équipe médicale s'était rendue à l'hôpital Habib Bougatfa à Bizerte afin de suivre de près la situation de Noureddine Bhiri. D'après lui, les médecins avaient conclu que Noureddien Bhiri se trouvait dans une situation critique. « On nous a interdit en tant que ses avocats de le voir. L'assignation à résidence n'interdit pas la visite d'un avocat. Je me suis entretenu avec Chawki Tabib et Anouar Maârouf alors qu'ils étaient tous deux assignés à résidence ! », a-t-il dit. Concernant la démission de Nadia Akacha, le député a considéré que l'existence de conflits au sommet du pouvoir était inquiétante. Il a évoqué les raisons de la démission citée dans une photo du document relayée par les internautes. Celle-ci comportait les expressions « divergence fondamentale » et « intérêt supérieur du pays ». « Il ne s'agit pas de divergence au sujet de la gestion du cabinet présidentiel ! Ceci suscite l'inquiétude, surtout en temps de monopolisation des pouvoirs par la présidence de la République. Kaïs Saïed est président de la République, chef du gouvernement puisque les prérogatives de Najla Bouden sont très limitées et président du parlement. Il cherche actuellement à mettre la main sur la justice. L'absence d'harmonie, de transparence et de communication au sein de la présidence combinée aux raisons évoquées par Nadia Akacha dans sa démission et aux démissions successives est inquiétante… Qui collabore encore avec le président ? Qui gouverne réellement ? Qui sont ses conseillers ? Le président s'isole de plus en plus ! », a-t-il affirmé. Revenant sur les déclarations de Abdellatif Mekki au sujet du rôle d'intermédiaire joué par Nadia Akacha entre la présidence et Ennahdha, Samir Dilou a nié avoir connaissance de la chose. « Je n'ai pas eu vent de cela et je n'ai jamais joué le rôle d'intermédiaire. Le seul entretien que j'ai eu avec Nadia Akacha était à l'occasion de ma rencontre avec le président de la République… Un conseiller de Rached Ghannouchi avait nié tout contact entre Nadia Akacha et ce dernier. L'évolution de la situation après le 25 juillet 2021 ne peut que confirmer cela », a-t-il estimé. Par la suite, Samir Dilou a critiqué l'attitude du ministre de l'Intérieur au sujet de l'affaire de Noureddine Bhiri. Il a considéré que ce dernier avait ordonné l'enlèvement d'un avocat. « Taoufik Charfeddine a enfreint la loi et continue à le faire… Il s'enfonce de plus en plus. Il a ordonné l'agression des manifestants du 14 janvier 2022… Il devrait prendre en considération la possibilité de son limogeage… Il s'agit de son deuxième mandat à la tête de ce ministère. Il devrait penser à son futur. Il pourrait faire l'objet de poursuites judiciaires », a-t-il déclaré. Le député a critiqué la politique de communication et les gaffes diplomatiques au sein de la présidence de la République. Il a évoqué le communiqué concernant l'entretien téléphonique entre le chef de l'Etat et son homologue français et a appelé au renvoi de son auteur. « Le président de la République, selon ce communiqué, se plaignait d'une partie de son peuple auprès d'Emmanuel Macron. Qui est Macron ? Nous ne sommes plus une colonie ! Nous avons obtenu notre indépendance ! », s'est-il écrié. Samir Dilou a, aussi, considéré que le président Kaïs Saïed allait démanteler l'ensemble des institutions de l'Etat. Il a estimé que le président avait contribué à la crise d'avant le 25 juillet 2021. Il a considéré que la scène politique reflétait la réalité tunisienne et que la suspension de l'activité parlementaire ne résoudra pas les défaillances et la crise politique. « Une procédure a été lancée dans l'urgence contre un journaliste ayant lu un poème que le président n'avait pas apprécié. Il a été arrêté au bout de six heures. D'un autre côté, aucune enquête n'a été ouverte au sujet des accusations de corruption lancées par le président de la République aux députés. Ces accusations représentent seulement un prétexte pour monopoliser les pouvoirs », a-t-il ajouté. « Kaïs Saïed aurait pu être un président respectable, mais n'a pas la carrure d'un grand leader… Ses analyses et propos n'ont rien à voir avec la Constitution et le droit constitutionnel… Il y a des mécanismes de réforme… Il n'a pas le droit de modifier les règles du jeu durant la partie ! », s'est-il exclamé. Samir Dilou a, aussi, considéré que Ridha Bouzaiene, décédé quelques jours après avoir participé aux manifestations du 14 janvier 2022, était mort en martyr quel qu'en soient les raisons.