Durant sa rencontre du 27 janvier 2022 avec le ministre du Transport, Rabii Majidi, le président de la République, Kaïs Saïed, a donné l'ordre d'entamer une étude relative à un projet de train à grande vitesse (TGV) reliant le Sud au Nord du pays. Une étude qui devrait relever, normalement, du département de l'Equipement et non du Transport. Nous voici encore une fois en train d'évoquer la question du TGV tunisien, des études, des groupes de travail, des commissions et des centaines de dossiers. Nous avions déjà eu droit à des annonces similaires durant les dernières années sans qu'aucun chiffre approximatif ne soit communiqué sur le coût de construction d'une ligne pour un tel engin. Néanmoins, un simple individu muni d'un ordinateur et d'une connexion à Internet pourrait avoir une idée sur le minimum de moyens financiers à déployer, tout cela sans passer par des commissions et autres paysages folkloriques de notre bonne et vieille bureaucratie tunisienne.
D'après les données publiées sur les réseaux et les différentes revues de presse, en 2014, un kilomètre de chemin de fer dédié au TGV coûtait, en France, plus de 5,5 millions d'euros. Une ligne de TGV de 600 kilomètres reliant Bizerte à Tataouine et dont le coût des stations et des travaux connexes coûterait près de 10,890 milliards de dinars, soit 20% du budget de l'Etat de l'année 2022. Le site web Statista avait même estimé le coût de construction du kilomètre à 19,7 millions d'euros pour les lignes à grande vitesse en Méditerranée. A ce prix-là, la même ligne coûterait 39 milliards de dinars, soit 68% du budget de l'Etat actuel. Du côté marocain, la ligne de TGV Tanger-Kénitra avait coûté près de neuf millions d'euros par kilomètre, avait estimé BFM TV en début de l'année. Une ligne de 600 kilomètres, en Tunisie, coûterait, donc, près de 17,820 milliards de dinars, soit 31% du budget de l'Etat de 2022. A noter qu'un train TGV à lui seul coûterait près de trente millions d'euros (99 millions de dinars). Le même projet conduira à des dizaines de milliards de dinars de dépenses afin de procéder à des expropriations de terrain, construction de stations et adaptation des réseaux d'eau et d'électricité. Bien évidemment, nous ne manquerons pas de souligner l'absence de représentants des ministères de l'Infrastructure, des Domaines de l'Etat, des Finances et de l'Investissement à de telles réunions.