« La LTDH considère que le dialogue national n'a pas encore commencé », a déclaré l'avocat et vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), Bassem Trifi, vendredi 6 mai 2022 sur les ondes de Shems FM. Précisant que le président de l'organisation a bien été convié par le chef de l'Etat, il a signalé qu'il n'y a pas de dialogue tant que les parties concernées ne sont pas encore réunies autour d'une table pour débattre des modalités, participants et finalités de ce dialogue.
Il a noté que la LTDH ne pourrait prendre part à un dialogue dont les aboutissements sont prédéfinis expliquant que le programme du prochain gouvernement, les solutions à la crise socio-économique, et le projet du président de la République sur les prochaines années, devraient être discutés.
Si les conditions d'un dialogue ne sont pas réunies, la ligue tunisienne des droits de l'homme pourra ne pas participer au dialogue national, a-t-il laissé entendre au micro de Myriam Belkadhi dans la Matinale de Shems FM.
Samedi dernier, le chef de l'Etat a annoncé la création d'une commission pour préparer l'installation de la nouvelle République en quelques jours. Cette commission sera composée de deux instances dont l'une sera chargée de l'organisation du dialogue avec les organisations nationales. La synthèse des travaux de la commission sera soumise au référendum à la date fixée au 25 juillet. Bassem Trifi a ajouté que ce dialogue national devrait inclure « tout le monde » sauf « les forces obscures » et « ceux qui ne veulent pas de bien pour la Tunisie » notant que « certains de ceux qui s'opposent au 25-Juillet et qui sont tout de même des patriotes » devraient prendre part au dialogue.
Soulignant que le 25-Juillet était un tournant décisif nécessaire pour rompre avec le système en place de la dernière décennie, il a critiqué la démarche du président de la République ; l'autocratie qu'il a installée, notamment. Il a mis en garde, dans ce sens, contre l'exclusion des partis de la vie politique. « Cela est extrêmement dangereux », a-t-il affirmé.
Kaïs Saïed a, rappelons-le, exclu les partis politiques, entre autres, du dialogue qu'il souhaite initier. Jeudi, le front du salut national a annoncé que le président de la République envisageait même la dissolution des partis politiques. Pour le moment, aucune décision présidentielle n'a, cependant, été prise dans ce sens.